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Luttes sociales

« On veut pas une plus grosse part du gâteau, on veut toute la putain de boulangerie »

La colère sociale gronde et dépasse la question de la réforme de la SNCF. Paroles de manifestants, dans le cortège du 22 mars.
Photos : Hugo Protat / VICE

Ce jeudi 22 mars, 47 800 personnes ont défilé à Paris. Parmi eux, beaucoup de jeunes. Entre une distribution de « sérum phy » (très utile contre les lacrymos) et deux slogans hostiles à Macron, on leur a demandé pourquoi ils étaient venus manifester. Si la réforme de la SNCF – mot d’ordre originel de la manif - était évidemment dans toutes les têtes, chacun avait des raisons personnelles (et parfois très différentes) de battre le pavé.

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Paul L., 18 ans, étudiant en Sciences Politiques

Je suis juste venu avec mes potes, pour dénoncer le projet de réforme de la sélection à l’université. Et surtout le dispositif de « compensation interlicence ». Je trouve cela scandaleux. Et injuste puisque l’université fait déjà une sélection « naturelle », on sait tous que les étudiants qui travaillent ont deux fois moins de chance de passer en deuxième année que les autres… Si cette réforme est mise en place, cela accroîtra les inégalités : les mieux lotis (ceux qui n’ont pas besoin de travailler à côté de leurs études ou qui peuvent s’offrir des cours particuliers) seront mieux préparés que les autres à passer cette étape de la sélection à l’entrée de la fac. Bref, cette réforme va pénaliser les étudiants les plus pauvres alors que l’on a plus que jamais besoin de d’équité.

Certains manifestants sur le boulevard Magenta, en direction de la place de la Bastille. Photo H.P.

Camille B., 28 ans, cheminote, Angers

On a pris le train ce matin, avec les collègues. Ironie du sort, on avait peur de ne pas pouvoir monter dedans mais, finalement, nous voilà ! On est évidemment venus défendre notre statut de cheminot mais, aussi, pour défendre le bien des usagers. Parce qu’eux aussi seront perdants ! Tous ne comprennent pas forcément en quoi l’ouverture à la concurrence peut leur être préjudiciable. Je pense, notamment, à l’explosion du prix du billet. Moi, je suis aiguilleuse et en réalité, je ne sais pas si mon corps de métier sera impacté par la réforme, mais je tenais à manifester avec mes collègues.

Camille D., 20 ans, étudiant en Histoire et futur prof, Paris

Moi, je suis venu pour lutter contre l'ubérisation de notre société. Et notamment celle du service public. La manifestation dépasse largement la seule question des cheminots. Regardez le cortège, il y a aussi des salariés des hôpitaux ou des écoles… À titre personnel, je suis favorable à une meilleure protection des travailleurs. Je suis pour la solidarité et contre la libéralisation sauvage à l’anglo-saxonne. J’ai choisi de marcher aux côtés des représentants de la fonction publique car je me destine, comme pas mal de mes potes de la fac d’Histoire de Nanterre, à l’enseignement.

Boulevard Baumarchais. Photo H. P.

Victor, 20 ans, militant PCF

Je manifeste aujourd'hui pour les cheminots, comme je l’ai fait hier pour les sans-papiers, et que je le ferai demain pour les femmes. Car toutes les luttes sont liées entre elles. On le voit d’ailleurs dans la diversité du cortège d’aujourd’hui. Je suis convaincu que des jonctions doivent se faire entre tous ceux qui sont agressés par le pouvoir et le capital. Les médias nous font croire que les cheminots sont des « privilégiés », le gouvernement cherche à nous diviser. Alors rassemblons-nous ! Car nous sommes tous dans le même bateau.