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Culture

Le party n’est pas terminé pour The Menzingers

Le groupe nous explique comment survivre au passage de la vingtaine à la trentaine.

La ville de Scranton, en Pennsylvanie, est tellement plate que c'est là que les producteurs du remake américain de The Office ont décidé d'installer le siège social de la fausse compagnie de l'émission. C'est une petite ville de l'Amérique moyenne où les habitants se réunissent pour des barbecues d'église l'été, et où les jeunes vont boire et fumer des joints près de la carrière locale.

C'est dans ce paysage qui se démarque par sa banalité que sont nés les Menzingers, un des groupes phares du renouveau punk. Et plutôt que de vendre aux kids un rêve, le groupe a décidé à travers ses paroles de célébrer la platitude de la vie de ville ennuyeuse. Leur plus récent album, After the Party, traite du passage de la vingtaine à la trentaine. Le groupe se questionne sur ce qui arrive quand le party est terminé.

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Je me suis entretenu avec Greg Barnett, chanteur et guitariste du groupe, juste avant qu'ils ouvrent pour leur groupe préféré, The Descendents.

VICE : Vous aimez beaucoup inclure des reprises de vos chansons favorites dans vos spectacles. D'ailleurs, votre chanson Sun Hotel, à l'origine, était en quelque sorte une reprise d'une chanson du légendaire Leonard Cohen. Peux-tu m'expliquer l'histoire derrière ça?
Greg : Ce n'est pas tant une reprise, mais surtout une réinterprétation. J'ai toujours été un très grand fan de Leonard Cohen, et Chelsea Hotel No. 2 est une de mes chansons préférées. Je me suis donc dit qu'il serait intéressant de la retravailler, de l'actualiser à ma façon. J'ai enregistré une démo acoustique, et je l'ai fait écouter au reste du groupe, et on a tous convenu que c'est un morceau qui passe mieux en acoustique. Je l'ai donc retravaillée une fois de plus pour en faire une chanson de rock plus punché.

Votre nouvel album traite du passage vers la trentaine. Pour moi qui atteindrai bientôt la mi-vingtaine, est-ce que c'est normal que la trentaine m'effraie autant?
Tu sais, la vingtaine, c'est de la merde. La trentaine, c'est vraiment le meilleur moment de ta vie. T'es plus en train de faire un million d'erreurs, tu sais qui sont tes amis. Dans la début vingtaine, tu cherches à trouver quel genre de personne tu veux être. Tu en as une idée beaucoup plus claire quand tu atteins 30 ans.

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Je suis définitivement plus optimiste maintenant que je l'étais dans ma vingtaine. Surtout en tant que musicien, dans une industrie qui t'avale et te recrache. C'est de là que vient l'album. Nous sommes si fiers de tout ce que nous avons accompli depuis le début du groupe, mais il y a toujours dans le fond de notre pensée cette idée qu'on a encore tout à perdre. C'est très effrayant, cette notion que ça ne prend qu'un seul mauvais album pour que les fans ne reviennent plus te voir en spectacle. Pour célébrer le fait que nous avons encore la chance de faire ce que nous faisons, nous avons décidé d'écrire un album super amusant, que tu peux faire jouer dans un party et que tout le monde peut apprécier.

After the Party parle aussi de s'améliorer. J'ai l'impression qu'avec chaque album, vous vous améliorez, non seulement en tant que musiciens, mais en tant qu'individus. Attribuerais-tu cela au fait de vieillir?
Oui, très certainement. Je pense qu'avec tout ce qu'on a vécu en tant que groupe, et le fait qu'on puisse atteindre nos objectifs et réaliser nos rêves, a beaucoup à voir là-dedans et nous rend plus contents que nous l'étions à la base. Nous étions très inconfortables avec nous-mêmes. Sur Chamberlain Waits et On the Impossible Past, nous étions des catastrophes. On était déprimés, constamment en train d'essayer de nous réinventer. Je crois que cet album est vraiment celui où on montre qui nous sommes réellement, donc c'est très libérateur. Nous avons une confiance que nous n'avions pas.

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Évidemment, le titre de l'album renvoie aussi à l'idée que le party doit éventuellement se terminer…
Tu sais, je crois que d'être dans ce groupe est un party en soi. Je me rappelle d'une soirée ici avec les gars de Street Kids on Acid, tu étais là, si je me souviens bien. On a dormi dans un entrepôt désaffecté où ces gars-là faisaient des fêtes énormes. Tout le monde essayait de dormir et la machine à fumée s'est déclenchée en plein milieu de la nuit. On s'est donc tous réveillés, on a allumé des strobes et on a continué à faire la fête jusqu'au matin.

Je me rappelle aussi de toutes nos soirées sans sommeil à Montréal aux Foufounes Électriques, sur Sainte-Catherine, où je passais devant le Métropolis, incapable de m'imaginer un jour jouer là. On ne peut peut-être plus faire les fous comme avant, mais au moins on a encore le groupe et ça nous suffit largement.

C'est vrai que vos fans sont parmi les plus dévoués de la scène, même à l'international. Qu'est-ce qui fait que des jeunes de l'autre côté du monde apprécient autant la musique d'un groupe qui porte le flambeau du mythe de l'americana ?
Nous venons d'une toute petite ville que personne ne connaît sauf les fans de The Office. Personne ne vient visiter, il n'y a pas de monuments qui valent particulièrement la peine d'être vus. Nous sommes une ville plate comme il y en a des milliers aux États-Unis et partout dans le monde.

Il n'y a rien d'étrange ou de spectaculaire chez nous. Nous avons eu une vie très typiquement américaine, et je crois que c'est ce qui attire les gens vers nous : il est facile de s'identifier à notre musique. On est très moyens, nous sommes des gens normaux qui discutent de problèmes moyens et normaux. De nos jours, tout le monde dans la musique a une histoire, que ce soit une épreuve insurmontable qu'ils ont réussi à surmonter ou une enfance difficile, ou peu importe.

On est plates, comme le sont la plupart des gens, et ça devient en quelque sorte ce qui nous rend uniques : le fait de ne rien avoir de particulièrement unique.

Billy Eff est sur internet ici et .