Au XXIe siècle, alors que les criminels rivalisent d’ingéniosité pour faire passer en scred des marchandises illégales à travers nos frontières poreuses, les chiens sont en première ligne, toujours vigilants, aux côtés de la police, des douaniers et de ces bâtons noirs qu’on fait passer pour des scanners. Si les plus « Rex » d’entre eux parviennent à détecter drogues et engins explosifs, sauvant des vies en héros partout dans le monde, il semblerait que les clebs de l’aéroport de Manchester vivent leur vie pépère et préfèrent dégoter les fromages et la charcuterie que trimballent les voyageurs.
C’est l’alarmant constat dressé par un rapport de l’Inspection Générale des Frontières et de l’Immigration. Même si l’héroïne et la C sont « la grande priorité » des institutions, les chiens policiers mancuniens ont autant de flair qu’Aloisio et n’ont détecté absolument aucune drogue dure entre novembre 2014 et juin 2015 devenant de fait la risée des chiens flics. Les narines de ces six chiens étaient apparemment trop obnubilées par les effluves alléchants s’échappant des bagages des voyageurs gourmands.
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L’ironie c’est que ces chiens morfales coûtent bonbon à élever et entretenir. Le gouvernement britannique a dépensé plus de 1,5 million d’euros pour de nouvelles cages destinées aux sept chiens de l’aéroport de Manchester – l’un des agents canins est encore en période de dressage, mais il pourrait filer un mauvais coton s’il se laisse influencer par les autres chiens amateurs de casse-dalle. Les chenils pouvant accueillir jusqu’à 12 clébards, il finira bien par rejoindre ses congénères dans leur quête infinie de bouffe.
Repérer les touristes transportant de la nourriture fait apparemment partie du job de la brigade canine. Le rapport sauve les apparences et souligne que les chiens mandatés pour détecter les produits d’origine animale « ont débusqué avec succès de nombreux cas, mais il est vrai qu’il s’agissait le plus souvent de petits morceaux de fromage ou de saucisson que des vacanciers britanniques rapportaient chez eux après un séjour à l’étranger et qui ne causaient pas de risque sanitaire pour le Royaume-Uni. » Pas de viande de brousse faisandée, donc.
Dans une courte vidéo, on peut voir deux gentils cockers gambader autour de valises sur un tapis roulant et inspecter les caisses d’un entrepôt. Vu leur excitation, ils ont déjà dû repérer du brie ou du salami.
Pour les criminels, on peut penser que la simple vue de ces chiens remuant joyeusement la queue est décourageante ou provoque une forte sudation. Mais le rapport note qu’il est difficile de mesurer l’effet dissuasif de la présence des canidés parce que leur emploi est tellement connu qu’il est très facile de les éviter. Ça n’a pas vraiment d’importance puisqu’on sait qu’il n’ont rien à carrer des substances illégales.
Par contre, les chiens de Manchester la jouent Hercule & Sherlock quand il s’agit de renifler du cash. En tout, ils ont flairé près de 35 000 € de billets, 60 kg de tabac et 181 kg de viande importée illégalement.
Le rapport recommande qu’à l’avenir, les chiens soient déployés différemment pour rendre leur présence moins prévisible. Les agents devront également viser certains vols en particulier, jugés plus à risques d’être utilisés pour de la contrebande.
Par contre, on n’y trouve aucune mention de papouilles pour récompenser les chiens les plus méritants.