En plus de sa bibliothèque de livres anglophones qui traitaient de thèmes aussi variés que le droit international, les irrégularités électorales ou encore les Illuminatis, la maison d’Oussama Ben Laden renfermait aussi une collection de porno conséquente.
Mais, contrairement à la liste de livres consultés par Ben Laden, la CIA ne compte pas rendre public le contenu de la collection de porno que les Navy SEALs ont saisi à Abbottabad au Pakistan, il y a 4 ans, lors du raid sur la maison de l’ancien chef d’Al Qaïda. L’inventaire des contenus pour adultes qui se trouvait sous le toit de Ben Laden est classé dans un « dossier opérationnel. » Ce type de dossier ne peut pas être déclassifié comme le prévoit le Freedom of Information Act (FOIA).
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Les « dossiers opérationnels » sont définis comme :
(1)des dossiers du National Clandestine Service [un service de renseignement spécialisé dans les opérations clandestines], qui documentent la conduite de missions de renseignements extérieurs, d’opérations de contre-espionnage et d’espionnage, ou des dispositifs de sécurité et de liaison ou d’échanges d’informations avec des gouvernements étrangers ou leurs services de renseignements ou leurs services de sécurité;
(2) des dossiers du Directorate for Science and Technology, qui documentent les moyens par lesquels les services renseignements extérieurs ou de contre-espionnage collectent des données via des systèmes scientifiques et techniques; et
(3) des dossiers de l’Office of Personnel Security, qui documentent des enquêtes conduites pour déterminer l’aptitude de potentielles sources utilisées par les services de renseignements extérieurs et de contre-espionnage.
« Ça me paraît un peu tiré par les cheveux de dire que ces informations [pornographiques] relèvent d’un dossier opérationnel , » explique Steven Aftergood, le directeur du Project on Government Secrecy. « Si ces dossiers ont bien été obtenus au cours d’une opération, ils n’ont rien à voir avec la planification et la conduite de cette opération. Donc [les dossiers pornographiques de Ben Laden] ne correspondent pas vraiment à la définition du dossier opérationnel donnée par le CIA Information Act. »
Quand bien même la collection d’images sexuelles n’était pas classée dans un dossier opérationnel, la CIA a fait savoir qu’elle ne pourrait pas en publier le contenu puisque la loi américaine empêche l’agence de renseignements d’envoyer des « contenus obscènes ou incitant à la haine. »
La CIA a délivré son argumentaire — un peu léger — la semaine passée, en réponse à une requête déposée devant la FOIA, le 26 mai, par David Covucci. Il est journaliste à BroBrible, un site Internet qui se décrit comme « la destination ultime pour les Bros ».
La demande de Covucci tient en deux paragraphes, dans lesquels il explique pourquoi BroBible doit connaître le contenu de la cachette de films pornographiques trouvée chez Ben Landen. Autant dire que la requête ne répond pas exactement aux standards lexicaux des demandes adressées en vertu du FOIA.
Nous, chez BroBible point com (un des sites américains les plus visités par les hommes), nous agissons dans l’intérêt général de la population masculine. Nous voudrions connaître quels contenus pornographiques Oussama Ben Laden avait en sa possession au moment de sa mort.
Nous sommes adultes. Cette révélation ne va pas nous choquer. Nous voulons simplement savoir sur quels types de porno, l’homme le plus recherché du monde, aimait-il se branler. Est-ce-que le fait, d’être tout le temps sous la menace de se faire capturer, requiert un niveau de stimulation supplémentaire ? J’imagine que, pour lui, cela ne devait pas être simple de se concentrer sur sa bite, donc par conséquent, il devait probablement regarder des trucs bien cochons.
VICE News a aussi envoyé une requête en vertu du FOIA, mais nous l’avons adressée à l’Office of Director of National Intelligence (ODNI). Cette demande a été adressée après que le directeur du renseignement américain, James Clapper, a donné la confirmation que « du matériel pornographique » avait été saisi durant le raid des SEALs. Nous n’avons pas encore reçu de réponse à notre requête.
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ODNI a déclassifié le mois dernier les titres des livres que Ben Laden possédait, accompagné d’une sélection d’autres documents saisis. La diffusion de l’ODNI était une réponse au reportage explosif du journaliste Seymour Hersh qui remettait en cause la version officielle de l’opération ayant mené à l’élimination de Ben Laden. Selon Hersh, les documents que le gouvernement dit avoir récupérés après avoir tué Ben Laden sont une ruse.
Jeffrey Anchukaitis, un porte-parole d’ODNI, a confié au Guardian que l’inventaire de la collection de porno trouvée chez Ben Laden ne serait pas diffusé « à cause de la nature de leurs contenus. »
Reuters avait révélé en 2011 que des contenus pornographiques avaient été trouvés dans la maison de Ben Laden, après son élimination.
« Les contenus pornographiques retrouvés dans le complexe qu’occupait Ben Laden à Abbottabad au Pakistan, consistent en des enregistrements électroniques de vidéos. La collection est relativement vaste et variée, » selon Reuters, qui cite un officiel ayant choisi de rester anonyme. « Les officiels ont déclaré qu’ils n’étaient pas encore sûrs de l’endroit où avait été trouvé le matériel pornographique. Ils ne savent pas non plus qui le regardait. Ils ont spécifié qu’ils ne savaient pas si Ben Laden avait acheté — ou même s’il avait regardé — ces vidéos. »
Une rumeur court depuis des années, selon laquelle Al Qaïda cacherait des messages secrets dans ses pornos pour ses partisans d’après une enquête du Telegraph, publiée en mars.
Covucci a expliqué à VICE News dans un email qu’il est déterminé à mettre la main sur le porno de Ben Laden. Il compte faire appel de la décision de la CIA et a adressé une requête à l’ODNI.
« Ils se cachent derrière un putain d’obscurantisme kafkaïen, » a conclu Covucci.
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