La cigarette électronique inciterait les jeunes à fumer des vraies topes

Vapoter pourrait initier les jeunes au monde infernal de la cigarette ou faciliter la transition vers celle-ci, selon les conclusions d’une équipe de chercheurs à partir des résultats d’un sondage auprès d’adolescents de quatre écoles secondaires écossaises.

Ils se sont intéressés au cas des jeunes non-fumeurs. Sur un échantillon de 2125 ados qui n’avaient jamais fumé de cigarette de leur vie, peu d’entre eux (9 %) avaient déjà essayé la cigarette électronique.

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Un an plus tard, les chercheurs ont constaté que 40 % des jeunes non-fumeurs qui avaient déjà posé leurs lèvres sur une vapoteuse s’étaient aventurés plus loin sur le chemin du cancer du poumon, et avaient expérimenté la bonne vieille cigarette.

À l’inverse, ceux qui n’avaient jamais fumé ni touché à la vapoteuse étaient trois fois moins nombreux (13 %) à avoir essayé la cigarette un an plus tard.

Chose plus surprenante encore : l’étude a démontré que l’impact de la cigarette électronique était encore plus marqué chez les jeunes non-fumeurs qui n’étaient pas considérés comme « à risque » de fumer, « c’est-à-dire ceux qui avaient la ferme intention de ne jamais fumer, ainsi que ceux dont les amis ne fument pas », détaille l’étude.

Les résultats de la recherche publiée dans le British Medical Journal abondent dans le même sens que huit autres études réalisées auparavant aux États-Unis.

En quoi la cigarette électronique pousserait-elle les jeunes à fumer?

Les chercheurs n’ont pas de réponse concrète à offrir à cette question, mais ont tout de même avancé quelques pistes tirées de la littérature scientifique.

Une étude de 2016 avance que les jeunes qui vont d’abord tester la cigarette électronique sont différents de ceux qui commencent directement avec les clopes; ils sont notamment « moins rebelles et plus susceptibles de recevoir du soutien social de leurs parents ».

Les jeunes qui ont vapoté sont moins susceptibles de voir la cigarette comme un risque élevé pour la santé dans l’année suivant le vapotage, indique une autre étude menée cette année.

Des chercheurs ont aussi démontré que les ados ayant vapoté étaient plus susceptibles d’espérer tirer certains bénéfices de la cigarette électronique : ils s’attendaient par exemple à être plus confiants, à mieux se relaxer et à s’emmerder un peu moins. Ils étaient également plus enclins à devenir amis avec des fumeurs et à commencer à fumer par la suite.

« Toutefois, avec un suivi d’un an seulement, ces études n’ont pas été en mesure de déterminer si les changements dans les attentes ou les affiliations ont précédé le tabagisme. D’autres recherches sur le sujet sont nécessaires, avec des périodes de suivi plus étendues », notent les auteurs de la présente étude.

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Ils avancent qu’il faudrait pousser leurs propres travaux plus loin, pour savoir combien d’ados non-fumeurs sont devenus des fumeurs réguliers au contact de la cigarette électronique.

Pour l’instant, une puff ou deux de Marlboro seraient suffisantes pour entrer dans la catégorie des non-fumeurs convertis au mal. Un suivi plus long permettrait de voir si, après avoir vapoté, ces jeunes se claqueront régulièrement des cartons pour se donner ce qu’ils imaginent être des airs de James Dean.