C’est en se présentant par la formule, « je suis le dernier », que l’otage Serge Lazarevic s’adressait à la mi-novembre au président français François Hollande. Dans cette dernière preuve de vie vidéo publiée le lundi 17 novembre via un canal de communication habituel d’Al-Quaida au Maghreb islamique, le dernier otage français priait le président de la France de favoriser le dialogue et l’échange de prisonniers, en citant l’exemple de Barack Obama dont l’administration avait échangé le sergent Bowe Bergdahl, otage en Afghanistan, contre des détenus talibans.
C’est en reprenant la même formule, à trois reprises, que François Hollande a annoncé ce mardi à la mi-journée la libération de Serge Lazarevic : « Notre dernier otage est libre. Je viens d’apprendre cette nouvelle par le président du Niger ». L’homme avait été enlevé le 24 novembre 2011 dans le nord du Mali. Une bande armée, composée de membres d’Aqmi au Mali ou de criminels kidnappant pour le compte de l’organisation terroriste, avait fait irruption dans un hôtel pour en ressortir avec deux Français présentés comme des géologues en mission dans la région, Philippe Verdon et Serge Lazarevic. Le premier avait été abattu le 19 mars 2013 par Aqmi.
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Diane Lazarevic, la fille de celui qui était présenté comme le dernier ressortissant français otage dans le monde, avait réagi au micro de RTL, le lendemain de la diffusion de la vidéo. Elle revenait sur l’état de santé apparemment dégradé de son père au bout de trois ans de détention et appelait le chef de l’État français à « mettre les bouchées doubles pour que la libération arrive le plus rapidement possible. J’espère Noël. C’est une date symbolique et je sais que pratiquement tous les otages ont été libérés à des dates symboliques. »
Elle devrait pouvoir rejoindre son père à Niamey dans les plus brefs délais a indiqué François Hollande qui accueillera Serge Lazarevic à son retour en France, qui devrait advenir prochainement. L’ex-otage était ce matin en transit, pris en charge par la sécurité malienne depuis le lieu de sa libération, dans le nord du Mali, jusqu’à la capitale du Niger. Dans un communiqué, l’Élysée a remercié d’autres pays pour leur rôle joué dans cette libération.
« Le chef de l’État remercie les autorités nigériennes et maliennes qui ont travaillé à cette issue heureuse, et notamment le Président Issoufou et le Président Keita, dont il salue l’engagement personnel, »précise le communiqué. L’ensemble de la classe politique française, depuis le gouvernement jusqu’à l’opposition, s’est félicité de cette libération, à l’image de Nicolas Sarkozy, ancien président de la République et récemment élu chef du principal parti d’opposition.
Dans l’attente d’une possible déclaration du gouvernement nigérien dans les heures à venir qui pourrait soulever le voile sur les détails de la libération, on ne sait rien des modalités de celle-ci. Le ministère des affaires étrangères, contacté par VICE News, a indiqué ne faire aucune déclaration et s’en tenir à ce qui a été dit par l’Élysée. Si la ligne officielle des différents ministères français directement concernés par les libérations d’otages est toujours la même – pas de rançon versée – les précédentes libérations ont à chaque fois fait l’objet de débats autour d’une possibilité de versement de rançon contre libération.
Il y a deux jours, le site d’information sahelien.com, qui se présente comme « Le premier site d’actualité du Sahel », créé en février dernier par des journalistes maliens, nigériens et burkinabè, annonçait la libération prochaine de l’otage.
Plus loin dans le même article , le site citait une source anonyme, un élu local du nord du Mali qui annonçait à Sahélien.com : « Hier samedi, les deux prisonniers [membres] d’AQMI, Mohamed Ali Ag Wadossene et Heiba Ag Acherif ont été transférés de la prison de Bamako vers le Niger où un négociateur d’otage les attend pour les échanger contre l’otage français, Serge Lazarevic ».
Juste après l’annonce de la libération de Serge Lazarevic, David Thomson, journaliste de RFI et spécialiste des groupes djihadistes tweetait l’information selon laquelle ces deux prisonniers auraient pris part à l’enlèvement de Lazarevic en 2011.
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