Tech

La NASA étudie les étranges bulles des lacs d’Alaska depuis l’espace

Image: NASA Goddard/YouTube.

En 2016, chaque mois a battu des records de chaleur, et cette hausse des températures a eu de graves conséquences sur les milieux naturels. En outre, l’un des effets secondaires les plus curieux du changement climatique emprunte la forme de… grosses bulles de méthane qui glougloutent dans les lacs d’Arctique. En effet, ces derniers sont si riches en méthane qu’il est possible de faire jaillir des gerbes de flammes au-dessus de la surface d’un lac gelé après avoir percé un trou dans la glace et craqué une allumette au-dessus de l’eau.

Image: NASA Goddard/YouTube

Ces lacs saturés de gaz sont créés par la fonte du pergélisol, ce sol glacé caractéristique des hautes latitudes. Dans des conditions normales, le pergélisol reste gelé toute l’année ; mais avec la hausse des températures, il fond en de nombreux endroits, créant des affaissements de terrain et des sortes de dépressions remplies d’eau liquide, les thermokarsts.

Videos by VICE

Le carbone, stocké dans le pergélisol depuis des millénaires, est alors métabolisé par les communautés microbiennes dans la tourbe et les sédiments des lacs ; ce phénomène produit du méthane, qui s’échappe sous forme de bulles jusqu’à la surface. Quand les lacs gèlent de nouveau, en hiver, les bulles de méthane s’accumulent sous la surface de l’eau, créant un effet « cocotte-minute » à long terme.

Les scientifiques étudient ce phénomène sur le terrain depuis des années, mais aujourd’hui, la NASA envisage de devenir une pionnière de l’observation du pergélisol depuis l’espace par l’intermédiaire du projet Arctic Boreal Vulnerability Experiment. L’idée est d’utiliser les mesures effectuées au sol et de les coupler aux observations satellitaires sur l’évolution de la surface de pergélisol dans les paysages d’Alaska afin de prédire la localisation et le volume des fuites de méthane.

« Nous tentons d’évaluer la quantité de méthane que relâchent ces lacs, » explique Prajna Lindgren, chercheur post-doctoral à l’Université d’Alaska, dans un post de blog.

Les chercheurs tels que Lindgren n’effectuent pas ces mesures pour le plaisir. Le méthane est un gaz à effet de serre possédant une influence importante sur le climat, et la fonte du pergélisol pourrait libérer d’énormes quantités de méthane dans l’atmosphère au cours des prochaines décennies. De plus, le problème ne se cantonne pas à l’Alaska ; comme nous l’avons rapporté récemment, des bulles de méthane déforment également la surface de la toundra sibérienne.

Image: YouTube/Siberian Times

Les premières estimations suggèrent que les gaz à effet de serre relâchés par la fonte du pergélisol pourraient générer un effet de rétroaction climatique, et donc contribuer à susciter « l’emballement » des températures. En plus de s’amuser à rebondir sur le sol sibérien et à jouer aux cracheurs de feu au-dessus des lacs gelés, les scientifiques disposeront bientôt de données satellitaires afin d’étudier la triste évolution du climat de notre planète.