Un habitat spatial robotique et une chambre de cryosommeil destiné aux missions spatiales de longue durée, voilà des concepts qui semblent tout droit sortis d’un roman de science-fiction. Pourtant, la NASA y croit suffisamment pour y consacrer un programme de recherche.
En effet, le programme NIAC (Innovative Advanced Concepts program) de la NASA se consacre au développement d’idées visionnaires qui pourraient bien orienter l’innovation en technologie spatiale dans le futur. D’ailleurs, il a déjà matérialisé des concepts décrits comme « futuristes » à de nombreuses reprises ces dernières années.
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La NASA vient d’annoncer qu’elle venait d’approuver de donner le feu vert à 8 concepts qui devraient entrer prochainement dans leur prochaine phase de développement. La NIAC a reçu 500 000$ pour mener cette phase II, qui durera deux ans et sera consacrée aux tests. Parmi eux, une chambre capable de maintenir un individu en cryosommeil pour plusieurs mois, voire plusieurs années, et un habitat spatial robotique capable de se déployer tout seul et de se placer en orbite.
« Le programme NIAC constitue pour la NASA un moyen de s’engager dans la recherche américaine auprès d’ingénieurs civils, et de sensibiliser les communautés de chercheurs à ses idées les plus visionnaires, » explique Steve Jurczyk, co-administrateur de la Direction des missions scientifiques de la NASA. « Cette année, les projets sont particulièrement ambitieux. »
Sur Terre, lorsque nous effectuons des voyages de longue durée, les stations essence et les aires de repos sont essentielles. Cela s’applique également au voyage spatial. Le carburant est lourd, encombrant, et coûte très cher. Pourquoi ne pas disposer des sortes de pompes à essence pour vaisseaux spatiaux à des emplacements clé dans le système solaire ? Un groupe d’ingénieurs teste actuellement des habitats portables capables de s’auto-déployer dans l’espace pour servir de « point de chute. » Il ne faut pas les confondre avec les habitats spatiaux gonflables tels que BEAM ; à l’inverse, ces structures à tenségrité expansibles (GATs) seraient construites directement dans le milieu spatial à l’aide de robots adaptés. Elles pourraient ensuite étendre leur surface en fonction des besoins. Le projet permettra de tester la possibilité d’installer un dispositif similaire en orbite autour de la lune. Si les tests sont concluants, les GATs pourraient être disposés à divers endroits dans le système solaire.
Pour le moment, la NASA a les yeux rivés sur Mars. Mais l’agence spatiale compte bien s’aventurer au-delà des frontières du système solaire dans l’avenir. Il faudra pour cela envisager des voyages qui dureront plusieurs années, et non plusieurs mois seulement. Afin de limiter le vieillissement (et l’ennui) des astronautes qui s’engageront dans des missions de ce type, des ingénieurs travaillent actuellement à la construction d’une chambre de sommeil profond, première étape dans le développement d’un système de gestion du cryosommeil, ou d’autres systèmes capables de maintenir le corps dans un état de stase. La chambre en question est conçue pour apporter une assistance aux astronautes « endormis. » Au cours des deux prochaines années, les ingénieurs vont évaluer à quel point la sédation prolongée peut affecter nos organes, et déterminer comment lutter contre la perte de masse osseuse et l’atrophie musculaire consécutives au sommeil profond.
Le mois dernier, Stephen Hawking s’est associé à Yuri Milner pour annoncer un projet révolutionnaire : propulser une flotte de microvaisseaux spatiaux vers Alpha Centauri à l’aide de lasers. Il est encore très spéculatif puisque nous ne sommes pas en mesure, à l’heure actuelle, d’envoyer vaisseau spatial dans le système solaire voisin (pour des raisons technologiques, mais pas seulement). Néanmoins, le NIAC propose de tester une nouvelle méthode de propulsion qui nous permettrait d’y parvenir. La Direction des études sur l’énergie pour le voyage interstellaire espère poser les jalons qui permettront, un jour, de voyager à proximité de nouvelles étoiles. Il suffirait, en théorie, de mettre le système de Hawking et Milner à l’échelle ; les chercheurs pensent qu’ils peuvent y parvenir. Ce type de technologie pourrait non seulement révolutionner le voyage spatial, mais aussi nous permettre d’étudier des exoplanètes en détail.
Il faut espérer qu’avec des financements supplémentaires, ces projets permettront au NIAC de poursuivre son activité favorite : redéfinir les possibles.