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La peste est de retour pour nous jouer un mauvais tour

C’est toujours au moment où l’on pense que les choses ne pourraient pas tourner plus mal (changement climatique, casse sociale, pollution de l’air et de l’eau), que la peste noire fait surface pour nous rappeler la vanité de toute chose. Le département de santé publique du Nouveau-Mexique a annoncé récemment deux cas de peste, ce qui amène le nombre total d’infections à 3 pour l’année 2017. Deux femmes et un homme ont été hospitalisés en urgence pendant quelques jours, mais ils sont sains et saufs.

Le concept même “d’épidémie” de peste évoque des visions de villes médiévales sales et ravagées, de corps meurtris plein de bubons et de sang séché et des médecins à masque en forme de bec, comme dans un sketch des Monty Python. Évidemment, ce n’est pas exactement ce qui se joue ici. Le Nouveau Mexique souffre d’une poignée de cas de peste chaque année : l’an dernier, l’état américain a enregistré quatre cas de peste et aucun décès. En 2015, même scores, avec un mort à la clé cette fois. Le fait que trois nouveaux cas aient été annoncés ce mois-ci, coup sur coup, n’a rien de réconfortant.

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Selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américains, la peste se propage dans les régions rurales et semi-rurales de l’Ouest américain, en particulier le Nouveau-Mexique, l’Arizona et le Colorado. Les puces se nourrissent de rongeurs et de mammifères infectés par la bactérie à l’origine de la peste, Yersinia pestis, puis la transmettent aux humains en les mordant. Un expert a déclaré au New York Times que des facteurs environnementaux rendaient le Nouveau-Mexique particulièrement favorable à la diffusion de la maladie : on y trouve de nombreux rongeurs qui portent des populations de puces tout à fait vénérables. Quand la maladie a terminé de décimer une espèce de rongeur, elle passe à la suivante, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle soit mise en contact avec l’homme.

Pourtant, même le Nouveau-Mexique ne recense que quelques cas chaque année. Les CDC ont noté que la peste était arrivée aux États-Unis vers 1900, et qu’entre 2012 et 2012, seuls 1 000 cas avaient été confirmés ou signalés comme probables. Dans les dernières décennies, on a reporté 7 cas par an en moyenne, et l’Organisation mondiale de la santé a enregistré 3 248 cas au niveau mondial entre 2010 et 2015, dont 584 mortels. Les principaux foyers sont le Congo, la Chine et les États-Unis, et Madagascar essuie de terribles épidémies presque chaque année mais si ce phénomène est peu évoqué dans les médias.

L’usage d’antibiotiques a permis de réduire considérablement la létalité de la maladie : les CDC expliquent qu’entre 1900 et 1941, le taux de mortalité des individus infectés était de 66% aux États-Unis. Aujourd’hui, grâce aux traitements aux antibiotiques, il est plus proche de 11%.

La peste doit être traitée rapidement néanmoins, et certaines formes sont plus virulentes que d’autres. On en compte trois formes : bubonique, pneumonique et septicémique. Tous produisent de la fièvre et induisent une faiblesse générale, mais certaines sont également associées à des frissons et des maux de tête – des symptômes facilement confondus avec ceux de la grippe. La peste bubonique, la forme la plus commune (que l’on connait aussi sous le nom de “peste noire”), provoque également le gonflement des ganglions lymphatiques. C’est la moins dangereuse (80% des cas de peste aux États-Unis sont buboniques). À l’inverse, la peste pneumatique induit une pneumonie sévère qui peut être mortelle, même si ses symptômes sont moins spectaculaires. Enfin, la peste septicémique attaque les globules sanguins, ce qui provoque la nécrose des tissus et une mort probable.

De toute évidence, si vous avez les symptômes de la peste, il peut être pertinent de consulter un médecin. Même si le mot même de “peste” nous semble suranné, étranger et menaçant, c’est une maladie très rare et parfaitement traitable. Les trois cas rencontrés au Nouveau-Mexique cette année ne sont pas encore l’occasion d’inaugurer le hashtag #BringOutYourDead sur Twitter, mais ce n’est pas une raison pour ne pas éliminer scrupuleusement les puces de vos animaux domestiques.

Cet article est initialement paru sur Tonic.