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La quantité de vin rouge qui vous sera réellement bénéfique

Cet article a initialement été publié par Tonic.

Vous faites la file à la SAQ, les yeux rivés sur votre téléphone, et vous voyez qu’un ami a partagé un article sur les bienfaits du vin rouge. De l’alcool réellement bénéfique pour la santé? Vendu. Même pas besoin de lire l’article. Vous savez déjà que le vin rouge est bon pour le cœur : vous le tenez de la bouche teintée de merlot de votre tante qui le répète chaque fois qu’on lui fait remarquer qu’elle a un verre dans le nez.

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Mais, avant de sortir de la file pour aller chercher une dizaine de bouteilles de plus, lisez l’article. Lisez tous les articles. Ou lisez celui-ci.

Ce que vous avez entendu

Une semaine on apprend que le vin est bon pour la santé, et la semaine suivante qu’il ne l’est pas. Pourquoi cette cruauté mentale? Il y a de quoi se demander si le monde aime tout simplement mener des études sur le vin.

« Ce qu’on a constamment observé, c’est que la consommation quotidienne d’une petite quantité d’alcool hausse les lipoprotéines de haute densité, communément appelées “le bon cholestérol”, qui est associé à un plus faible risque de maladie cardiaque », affirme Aaron White, conseiller scientifique principal au National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism. « Les petites quantités semblent aussi améliorer la sensibilité à l’insuline, ce qui peut réduire le risque de diabète. »

M. White ajoute que des études ont établi des liens entre une consommation quotidienne modérée d’alcool et une réduction de la coagulation sanguine, ce qui peut prévenir les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux. Bien que la définition de modérée varient d’une personne à l’autre, la plupart des autorités médicales s’entendent sur une consommation par jour pour une femme, et deux pour un homme. M. White précise qu’une consommation équivaut à 340 ml de bière à un taux d’alcool de 5 %, 140 ml de vin à un taux d’alcool de 12 %, et 45 ml de spiritueux à un taux d’alcool de 40 %.

Toutefois, il y a une raison pour laquelle les scientifiques répètent comme un mantra que « corrélation n’est pas causalité » : que des études aient montré que des personnes qui consomment du vin vivent plus longtemps ou sont davantage épargnées pas les problèmes cardiaques que les autres ne signifie pas que le vin en lui-même en a le mérite. Une étude danoise menée en 2006 a montré que les personnes qui achètent du vin achètent aussi plus de fruits, de légumes et d’aliments sains que les consommateurs de bière, qui, eux, sont de plus grands consommateurs de repas cuisinés, de produits riches en sucre et de charcuterie. Bref, une alimentation plus saine, et non le vin rouge, pourrait expliquer les résultats en faveur du vin.

Ce que dit la science

Une récente étude publiée dans le Journals of Gerontology illustre bien les raisons pour lesquelles la couverture médiatique du vin, et de l’alcool en général, semble si souvent contradictoire. Les auteurs de cette étude, basés en Virginie, ont découvert que le resvératrol, une molécule présente dans le vin, surtout le rouge, a le potentiel de ralentir la dégradation des fibres musculaires et le déclin cognitif inhérent au vieillissement. Dans la presse, on a ensuite vu des titres d’articles comme : « Une molécule du vin rouge peut ralentir le vieillissement du cerveau ».

Ce que dit ce titre est vrai. Par contre, l’étude portait sur des souris, et non des humains. Et, bien que de nombreuses études aient montré les bienfaits du resvératrol chez les humains – de tout, d’une amélioration de la santé cardiovasculaire à une diminution du risque de démence, elles ont presque toutes été menées auprès de personnes prenant des suppléments de resvératrol : des hommes et des femmes qui ont gobé des pilules remplies de resvératrol concentré, et non pas qui s’offraient un verre de vin avec le repas du soir.

Ces études sur le resvératrol ne sont pas les seuls renforts du vin rouge. Beaucoup d’autres recherches à grande échelle ont été menées sur les habitudes de consommation d’alcool afin de trouver des corrélations entre des habitudes précises et des conséquences sur la santé. Bon nombre d’entre elles ont établi un lien entre la consommation modérée d’alcool – n’importe lequel, pas que le vin – et une meilleure santé.

Les plus convaincantes peut-être : plusieurs vastes études ont montré un lien entre une consommation modérée, surtout s’il s’agit de vin, et une longévité accrue. « Les personnes qui boivent modérément vivent plus longtemps que celles qui boivent soit beaucoup, soit pas du tout d’alcool », résume Paul Gow, directeur adjoint du service de gastroentérologie à l’Hôpital Austin en Australie. Il a parcouru la recherche sur les effets de l’alcool sur la santé et a fermement choisi son camp : pro-alcool.

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Cependant, si vous êtes plus susceptible d’être atteint d’un cancer, par exemple en raison de facteurs héréditaires ou du tabagisme, même une faible consommation d’alcool n’est pas la bienvenue. Des liens ont été établis entre la consommation d’alcool même modérée et un taux supérieur d’incidence de plusieurs cancers, dit-il.

Alors, finalement, quelle est la bonne quantité d’alcool?

Beaucoup des recherches sur l’alcool se basent sur des habitudes de consommation déclarées par les participants. On peut être honnête en déclarant boire deux verres de vin par jour, mais, s’il s’agit par exemple de cabernet ou zinfandel à taux d’alcool élevé et qu’on se sert généreusement, il se peut que ce soit considéré par les scientifiques comme trois ou quatre consommations.

Donc, il est possible, et non certain, que la consommation d’un verre ou deux par jour ait des bienfaits pour la santé. Et si vous êtes agnostique en matière d’alcool, les vertus accordées au vin rouge sont les mieux étayées. Mais si vous vous abstenez de consommer de l’alcool ou si vous êtes fidèle à la bière ou aux cocktails, il n’y a pas assez de données probantes incontestées pour qu’il soit justifié de commander autre chose.