La SAQ pourrait perdre son monopole

En juillet dernier, le premier ministre Philippe Couillard avait parlé de sa volonté de revoir le modèle d’affaires de la Société des alcools du Québec. Le chef du Parti libéral ouvrait ainsi la porte à l’idée d’un système parallèle « qui ne remettrait pas en cause l’existence de la SAQ », mais qui serait surtout spécialisé dans des produits de niche qui ne sont pas offerts dans les succursales de la société d’État. Le gouvernement québécois avait également commandé à Pricewaterhouse Cooper (PWC) une étude qui évaluerait l’efficacité de la SAQ et évaluerait différents scénarios de modèles parallèles.

Cette nouvelle était bien accueillie par le président de l’Association des marchands dépanneurs et épiciers du Québec (AMDEQ), Yves Servais. En entrevue avec le Journal de Montréal , il explique que les consommateurs réclament que les produits vendus dans les succursales de la SAQ soient également offerts dans les dépanneurs et supermarchés de la province. « On est tannés d’entendre que nous ne vendons que des vins de dépanneur. On veut avoir accès aux mêmes produits de qualité que ceux disponibles dans les magasins de la SAQ », dit-il.

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En vertu de la loi, en ce moment, seule la SAQ a le droit de vendre des vins embouteillés « au château », c’est-à-dire au vignoble. Les produits vendus dans les épiceries et dépanneurs ne peuvent qu’être des vins en vrac, souvent transportés dans des bateaux-citernes et embouteillés au Québec. L’AMDEQ voudrait également pouvoir vendre des alcools et spiritueux dans ses 8000 points de vente, ce qui lui est présentement interdit.

Le débat sur le monopole de la SAQ ne date pas d’hier. Plusieurs études et ouvrages ont contesté la pertinence d’une telle institution, et ont cherché à voir à qui elle profite réellement. Des associations de vignerons australiens et américains ont d’ailleurs porté plainte à l’Organisation mondiale du commerce, militant pour que leurs vins soient également offerts dans les réseaux de l’AMDEQ, en janvier dernier.

La semaine dernière, le rapport de PwC a été publié sans grande pompe. Dans le document de près de 100 pages, la firme conclut qu’ouvrir la porte à une concurrence à la SAQ aurait « une proportion significative d’effets négatifs lorsqu’ils sont comparés au statu quo ». Bien que le rapport dresse un tableau assez négatif d’une libéralisation du marché, ses trouvailles ne restent qu’axées sur un angle financier et gouvernemental. On y concède aussi qu’un scénario où certains produits exclusifs à la SAQ seraient aussi vendus dans des dépanneurs et épiceries serait bénéfique pour les consommateurs.

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Malgré le rapport, Philippe Couillard reste ouvert à l’idée d’ouvrir le marché. L’idée originale qu’avaient en tête les libéraux, d’un système de vente et distribution parallèle, n’a d’ailleurs pas été étudiée par WpC. « Est-ce qu’il y a des produits de niche, spécifiques, qui sont importés actuellement par les agences, qui pourraient être offerts chez un détaillant privé ? […] C’est le genre de chose qu’on regardera », avait dit au Devoir le premier ministre, citant entre autres la chaîne de cavistes française Nicolas, comme modèle possible sur lequel se baser.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, s’est également prononcé plusieurs fois sur son envie d’étudier une manière de mettre fin au monopole de la SAQ. Les chefs du Parti québécois et de Québec solidaire croient quant à eux au modèle actuel de la société d’État et ne le changeraient pas, s’ils étaient élus.

Billy Eff est sur internet ici et .