Ces dernières années, on en a un peu soupé, de l’axe chanson-sous-les-ponts enregistrée avec une boite à rythme de fortune et une canette de 8.6 – à moitié vidé, forcément. Car si la musique de Noir Boy George a ramené un peu de fraicheur et de dégénérescence bienvenues dans une chanson française aussi tue-l’amour qu’un film de Christophe Honoré, elle a aussi donné naissance à son envers vraiment pété, soit une pelletée de groupes avec des noms de merde et une musique imbitable – le revers de la médaille des grands, j’imagine.
On ne va pas citer de noms parce qu’au fond on n’est pas méchants : disons simplement que Le Syndicat des Scorpions, micro-label messin géré par un sympathique jeune infirmier en hôpital psychiatrique prénommé Nicolas, est arrivé au bon moment. Ce moment où on l’a pu compter sur des types comme Regis Turner pour parler de ses peines d’amour sans miauler ni détourner le regard, ou sur Nina Harker pour oser les bruits d’oiseaux dans leurs chansons et la joliesse de l’instant. En gros, sortir d’une formule sclérosante qui arrivait à grands pas tout en gardant le pied sur le D.I.Y et la déviance douce.