Société

La Tchétchénie a ouvert un «camp de concentration» pour les gais

Les autorités tchétchènes utilisent depuis quelques semaines une base militaire désaffectée comme camp de concentration pour des membres locaux de la communauté LGBTQ. Selon des témoignages recueillis par le Russian LGBT Network, les victimes sont détenues, menottées, battues et torturées. D’autres rapportent aussi avoir dû payer des milliers de roubles pour leur droit de rester en vie lorsqu’ils étaient détenus.

Le journal local indépendant, Novaya Gazeta, rapportait le 4 avril qu’une centaine d’hommes ont été arrêtés, « en lien avec leur orientation sexuelle non-traditionnelle, ou la suspicion d’une telle orientation ». Une fois détenus, les hommes auraient été envoyés à la ville russe d’Argun, dans une prison secrète où ils sont torturés jusqu’à ce qu’ils dénoncent d’autres hommes gais. Certaines victimes rapportent avoir été ciblées par des policiers posant en ligne comme étant gais sur des sites de rencontres.

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L’opération d’arrestation massive aurait été déployée après qu’un organisme de défense des droits LGBTQ ait demandé le droit de protester dans des régions rurales, incluant la Tchétchénie.

La Russie est le pays les plus ouvertement homophobe du G8, ayant adopté en juin 2013 une loi interdisant la distribution à des enfants de moins de 18 ans de l’information à propos de l’homosexualité. Le gouvernement russe dit vouloir combattre l’homonormativité et faire la promotion des valeurs familiales traditionnelles, mais sa loi est souvent utilisée pour masquer et réprimer toute visibilité de la communauté LGBTQ. Les « meurtres d’honneurs », où des membres de la communauté LGBTQ sont tués par leur propre famille, sont fréquents en Russie, et sont traités « avec compréhension » par le système judiciaire local, selon Human Rights Watch. La Tchétchénie, bien qu’indépendante, est un sujet fédéral de la Russie, et les lois russes y sont applicables. La république est aussi très conservative, et a un attachement fort à son histoire musulmane.

En réponse aux accusations de détention et de torture, un porte-parole du président de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, a affirmé qu’il n’y avait pas de personnes homosexuelles en Tchétchénie, et que les autorités n’auraient rien à faire avec eux. « Leurs familles les ont envoyé à un endroit d’où ils ne reviendraient pas », et les policiers ne peuvent arrêter des gens « qui n’existent pas ».

Un porte-parole d’Amnistie Internationale en Russie rapporte que l’organisation étudie le dossier, mais que les enjeux entourant la communauté LGBTQ sont extrêmement délicat, car en parler peut mettre davantage à risque les victimes.

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