La Tunisie dévoile une vidéo de l’assaut du musée du Bardo par la police et arrête 23 suspects

23 personnes faisant partie d’une cellule terroriste suspectée de complicité avec les assaillants du musée du Bardo ont été arrêtées en Tunisie, a déclaré ce jeudi Najem Gharsalli, le ministre de l’Intérieur tunisien au cours d’une conférence de presse dans laquelle il a présenté des extraits de vidéos qui montrent l’assaut par la police du musée du Bardo le 18 mars dernier.

Le 18 mars dernier, deux assaillants ont fait feu sur des touristes qui arrivaient au musée du Bardo, qui jouxte le Parlement tunisien. Ils ont ensuite poursuivi les visiteurs qu’ils ont pris en otage jusqu’à l’intervention des forces spéciales tunisiennes. L’attaque du musée du Bardo qui a fait 21 morts, dont 20 touristes étrangers, est l’attaque de ce genre la plus sanglante qu’a connu le pays depuis la révolution de 2011 qui a renversé le dictateur Ben Ali.

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Dans l’intégralité de la vidéo, au contenu difficile et choquant, qui est visible sur le compte Facebook du ministère de l’Intérieur, on voit la brigade antiterroriste se préparer à l’assaut dans des véhicules d’intervention roulant vers le musée. Puis on voit les hommes de la BAT venir en aide aux touristes qui sont cachés dans le musée. On entend ensuite des tirs très nourris, et l’on voit des blessés être transportés à l’extérieur. La vidéo s’achève par de longs plans sur les corps des terroristes inertes, baignant dans une mare de sang, leurs armes à leurs côtés. À la fin de l’assaut les hommes de la BAT laissent exploser leur joie.

Après être revenu sur l’assaut, le ministre a fait état de l’avancée l’enquête. Il a affirmé que ces arrestations permettaient de dire que l’attentat avait été dirigé par Lokmane Abou Sakhr, un terroriste algérien considéré comme l’un des chefs de Okba Ibn Nafaa, un groupe affilié à Al-Qaïda. Les autorités tunisiennes mettent ainsi en doute le rôle réel de l’organisation État islamique (EI) qui avait pourtant revendiqué l’attaque dans un enregistrement audio.

« Pour faire la propagande, la publicité, c’est l’État islamique qui a loué cet acte. Mais sur le terrain c’était Okba Ibn Nafaâ, qui appartient à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui a organisé et commis ce crime, » a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mohamed Ali Aroui. AQMI n’a pourtant pas remis en cause la revendication de l’EI, qui, avec l’attaque du musée du Bardo aurait commis son premier attentat sur le sol tunisien.

Okba Ibn Nafaâ est un groupe terroriste dont le bastion se situe dans la zone montagneuse à la frontière entre la Tunisie et l’Algérie, qui attaque souvent l’armée tunisienne. En juillet dernier, des terroristes d’Okba Ibn Nafaâ ont mené l’attaque la plus meurtrière contre des militaires tunisiens dans le mont Châambi, faisant quinze morts.

Najem Gharsalli a annoncé que les complices présumés qui ont été arrêtés étaient tous Tunisiens, et qu’une femme figurait parmi eux. Le ministre estime qu’il s’agit d’environ 80 pour cent du groupe impliqué dans l’attentat. Quatre personnes impliquées, dont Lokmane Abou Sakhr sont toujours en fuite. La radio Mosaïque Fm rapporte que cette cellule était divisée en quatre catégories : soutien et surveillance, exécution, planification, et sécurisation.

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Lundi, le Premier ministre Habib Essid a limogé le chef de la police de Tunis et celui du Bardo après avoir constaté des « lacunes » dans la protection du quartier du musée. Deux des gardes du Parlement tunisien étaient « au café » au moment de l’attaque.

Le musée, a rouvert ses portes mardi, et accueillera à nouveau des visiteurs ce dimanche 29 mars, jour d’une « grande marche républicaine contre le terrorisme », à laquelle participera entre autres le président de la République français François Hollande.

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Image : Captures d’écran via le Facebook du ministère de l’Intérieur de Tunisie