La grenade est une arme déjà ancienne, mais qui n’a rien perdu de ses qualités. Peu d’autres armes sont aussi efficaces que la grenade à fragmentation M67 de l’armée américaine lorsqu’il s’agit de tuer des ennemis retranchés dans des espaces confinés, qu’il s’agisse de bunkers ou de grottes.
La M67 existe depuis longtemps, puisqu’elle a été mise en service pour la première fois en 1968. Et mécaniquement, elle n’est pas très différente des grenades que les soldats américains balançaient dans les bunkers adverses au cours des deux guerres mondiales. C’est une relique, mais une relique toujours très utile, qui a su trouver sa place au 21ème siècle à l’instar de la mitrailleuse Browning M2.
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Mais l’US Army travaille actuellement dur pour la remplacer. Et la nouvelle grenade qu’elle développe actuellement serait la toute première grenade mortelle introduite par l’armée américaine depuis le Vietnam. Surtout, son design est digne d’intérêt.
La grenade ET-MP (“Enhanced Tactical Multi-Purpose”) aura la particularité de donner à son porteur la possibilité de choisir entre deux modes, pour produire deux types d’explosion différents. Et parmi eux, un mode “choc” absent des grenades de l’armée US depuis les années 1970.
D’un simple tour de main, le soldat pourra choisir s’il souhaite passer la grenade en mode fragmentation ou en mode choc.
L’ET-MP sera aussi bien plus sûre pour le lanceur, ajoute l’US Army dans un communiqué diffusé cette semaine. La grenade sera en effet dotée d’une mise à feu électronique, ou d’un mécanisme à retardement, contrairement à la M67 qui possède une mise à feu mécanique. Pour faire simple, la mise à feu électronique est plus fiable sur le long terme, et la détonation peut être programmée de manière extrêmement précise.
Mais pour l’heure, la grenade semble n’être qu’au stade de concept, et le Pentagone y consacre un budget de 1,1 million de dollars pour l’année 2017 – ce qui n’est pas grand-chose comparé à d’autres programmes militaires.
Actuellement, la grenade la plus répandue au sein de l’armée américaine est donc la M67, de forme sphérique et d’une taille comparable à celle d’une balle de baseball. Mais les soldats sont souvent également équipés de grenades moins létales qui créent des sons et des flashs déroutants, ou une chaleur intense servant à détruire des équipements.
Auparavant, l’armée disposait également de grenades incapacitantes baptisées MK3A2, utilisées au départ pour “nettoyer” les bunkers au cours de la Première guerre mondiale. D’une forme comparable à celle d’une canette de bière, ces grenades tuaient ou incapacitaient les troupes adverses lorsqu’elles explosaient à l’intérieur d’espaces confinés, l’onde de choc se répercutant sur les murs.
Les soldats en lançaient plein sur le champ de bataille, à tel point que les grenades incapacitantes étaient les deuxièmes plus utilisées par les soldats américains au cours de la guerre du Vietnam, selon un rapport publié en 1969. Les grenades à fragmentation, qui tuent en projetant des fragments de métal dans un rayon plus ou moins large, étaient les plus populaires.
Mais les MK3A2 étaient un danger pour les troupes américaines. L’enveloppe externe de la grenade était composée à 50% d’amiante, dont on sait depuis qu’elle représente un grave danger pour la santé. En gros, il ne valait mieux pas entrer dans une pièce après qu’une de ces grenades y ait explosé.
L’US Army a donc retiré la MK3A2 en 1975. Elle a été remplacée par d’autres grenades à fragmentation, mais aussi par des grenades assommantes telles que la M84 Flashbang, toujours en service aujourd’hui.
Mais d’ici quelques années, les soldats pourraient avoir des grenades deux-en-un. Les grenades incapacitantes ayant un rayon d’action plus faible que les grenades à fragmentation, elles offrent davantage de flexibilité aux troupes lorsqu’il s’agit de supprimer des obstacles.
Et l’ET-MP a un autre avantage : elle est ambidextre.
Ce n’est pas anodin, dans la mesure où la grenade M67 a été conçue pour des soldats droitiers ; les gauchers sont donc entraînés à tenir la grenade à l’envers, tenant la sécurité avec le pouce gauche tout en tirant la goupille avec la main opposée.
Mais cela n’a rien de naturel pour les gauchers ; et quand vous manipulez une arme qui peut en un instant tuer à la fois le lanceur et tous ceux qui l’entourent, croyez-moi, vous avez plutôt envie que les choses soient simples et naturelles.