L’auteur présumé de la tuerie en Nouvelle-Zélande avait inscrit le nom d’Alexandre Bissonnette sur son arme

L’auteur présumé de la tuerie en Nouvelle-Zélande avait inscrit le nom d’Alexandre Bissonnette sur son arme

L’article original a été publié sur VICE Canada.

Le nom de l’auteur de l’attentat à la mosquée de Québec, Alexandre Bissonnette, a été inscrit sur une arme à feu qui aurait été utilisée vendredi pour le massacre dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, qui a fait 49 morts et des dizaines de blessés.

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La police néo-zélandaise a inculpé un homme dans la fin de la vingtaine, et détient deux autres hommes. Le premier ministre australien, Scott Morrison, a qualifié le suspect de « terroriste violent d’extrême droite ».

L’auteur présumé, un Australien nommé Brenton Terrant selon les médias locaux, a utilisé les médias sociaux et internet pour accroître la portée de son geste. Il a diffusé la tuerie en direct sur Facebook, posté des messages sur 8Chan et publié un long manifeste truffé de la rhétorique des trolls et des discours haineux.

Des publications sur Twitter avec un compte maintenant suspendu qui serait lié au tireur montraient des images des armes qu’il aurait utilisées. Les références au fascisme, des propos islamophobes et les noms d’adeptes bien connus de l’extrême droite avaient été inscrits sur une arme à feu, des magasins et un gilet pare-balles.

Parmi les inscriptions sur un des magasins d’arme à feu, il y avait le nom d’Alexandre Bissonnette, l’auteur de l’attentat à la mosquée de Québec en 2017, qui a tué six hommes de confession musulmane. Sous le nom de Bissonnette se trouvait celui de Luca Traini, un extrémiste de droite qui a blessé par balle six migrants en Italie en 2017.

À travers les propos haineux du manifeste du terroriste, il écrit par exemple que le fait que Spyro le Dragon en a fait un écofasciste radical. Il parle constamment de Blancs qui perdent leur majorité dans les pays occidentaux à cause de l’immigration et de leur faible taux de natalité, ce que Renaud Camus, écrivain français d’extrême droite, a appelé le « grand remplacement », expression qui sert d’ailleurs de titre à son manifeste.

C’est un thème qui ne cesse de prendre de l’ampleur depuis des années, non seulement au sein de l’extrême droite, mais dans la société en général, propagé par des youtubeurs et dans des pages d’opinions de journaux, et même reconnu par des politiciens.

Le premier ministre Justin Trudeau, à l’instar de nombreux autres politiciens, a fermement condamné l’attaque en publiant un message disant que « la haine n’a sa place nulle part ».

« Beaucoup trop souvent, les musulmans subissent une perte et une douleur inimaginables dans les endroits où ils devraient pourtant se sentir en sécurité. Le Canada se souvient malheureusement du chagrin que nous avons ressenti suite à l’attentat insensé qui a été perpétré au Centre culturel islamique de Québec à Sainte-Foy. Cet attentat a enlevé la vie de nombreuses personnes innocentes qui s’étaient alors rassemblées pour la prière », lit-on dans sa déclaration.

Le ministre canadien de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a écrit qu’« il n’y a aucun lien connu avec le Canada et le niveau de menace du Canada demeure inchangé à “moyen” ». Toutefois, la sécurité a été renforcée dans plusieurs mosquées. Mohammed Labidi, l’ex-président de la mosquée de Québec, a déclaré à la CBC que la nouvelle le frappait « comme une tonne de briques ».

« Ça ravive la douleur que nous avons vécue ici, a-t-il ajouté. Il est triste que le monde n’ait pas appris la leçon après ce qui est arrivé aux personnes innocentes qui sont décédées ici. »

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a écrit : « Mes pensées sont avec les familles des victimes et tous les gens affectés par cet acte terroriste. L’islamophobie tue et ne devrait exister nulle part dans le monde. »

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Et Andrew Scheer, le chef du Parti conservateur, a été critiqué pour sa déclaration initiale dans laquelle il ne faisait pas référence aux musulmans ou à l’islam. Il avait déclaré que « la liberté a été attaquée en Nouvelle-Zélande alors que des fidèles ont été la cible d’un acte de terreur horrible ». Environ 15 heures plus tard, M. Scheer a fait une deuxième déclaration dans laquelle il a explicitement mentionné les mosquées et les musulmans : « Je voudrais exprimer à la fois ma profonde tristesse pour la perte tragique d’innocents et une profonde condamnation de cette attaque lâche et odieuse contre la communauté musulmane. »

Ses détracteurs ont évoqué le récent discours du chef des conservateurs à Ottawa lors d’une manifestation de « gilets jaunes » — un groupe au sein duquel circulent de virulents propos anti-islamiques — où il s’est adressé au même public que Faith Goldy, l’une des personnalités les plus en vue de l’extrême droite au Canada, qui parle régulièrement aussi du taux de natalité et du remplacement de la population que décrit dans son manifeste l’auteur de l’attentat en Nouvelle-Zélande.

Le Parti conservateur du Canada a d’ailleurs été aussi critiqué pour les liens étroits qu’il entretiendrait avec des personnalités qui diabolisent les musulmans. Hamish Marshall, ancien directeur de Rebel Media, un site de nouvelles d’extrême droite, est le directeur de campagne d’Andrew Scheer et le directeur de la campagne nationale du Parti conservateur. Il a dit n’avoir jamais eu de rôle éditorial au sein de Rebel Media.

Rebel Media a propagé l’idée d’un génocide blanc, constamment diabolisé la population musulmane, tenté de faire circuler des théories du complot concernant l’attentat de la mosquée de Québec, et a servi de tremplin médiatique à plusieurs personnalités d’extrême droite qui ont tenu des propos semblables à ceux exprimés dans le manifeste.

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