La quête d’un remède miracle contre le décalage horaire peut parfois paraître aussi vaine que lorsque l’on est à la recherche d’un remède contre la gueule de bois. Le décalage horaire fait ramasser, c’est quelque chose d’immuable, et les voyageurs du XXIe siècle n’ont qu’a se démerder avec ça.
Mais au Vietnam, boire le ca phe sua da, permet — extraordinairement — d’en limiter les effets. Il s’agit d’un café glacé fait à partir de grains de café robusta au goût bien corsé puis infusé à l’aide d’une petite cafetière-filtre vietnamienne. Au dernier moment, on ajoute un peu de lait concentré sucré à cette boisson prodigieuse. Il faut l’imaginer comme un petit bonbon liquide super-caféiné qui agirait comme le meilleur ami du voyageur qui tente d’explorer la grande diversité culturelle, géologique et historique du Vietnam.
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Quand vous le commandez à Hô-Chi-Minh-Ville, il est toujours servi de la manière suivante : le lait concentré sucré tapisse le fond du verre et contraste avec la couleur noire d’un café incroyablement intense, versé sur le dessus. Après avoir remué, il ne reste plus qu’à savourer cette boisson à la fois dense et corsée. C’est doux, puis amer et avec de légères notes de noisette selon les grains utilisés.
Le seul problème avec cette boisson, c’est qu’elle est souvent servie dans la rue et les grains de café sont assez bas de gamme. Thian News, un journal local, avait un jour annoncé que du faux café, fabriqué avec des produits chimiques, du soja et du maïs, avait été servi dans les rues. La qualité des grains de café utilisés peut varier de manière considérable, mais cette boisson n’est généralement pas chère : son prix fluctue entre 20 000 et 70 000 VND (de 80 centimes à 3 euros), en fonction du lieu et de la qualité. Je reste persuadé que parfois, certains vendeurs mettent du café instantané dans la cafetière-filtre vietnamienne, puis prétendent utiliser des grains frais, comme si de rien n’était.
Au Vietnam, le café est un élément essentiel du quotidien tant pour les locaux que pour les touristes. Pour être sûr de ne pas manquer une seule étape de sa réalisation, j’ai demandé au propriétaire de l’Indochine Estates Coffe, Phat Pham, de m’expliquer comment faire. Tous ses établissements sont situés à Ho-Chi-Minh-Ville et le café qu’il utilise provient de sa ferme familiale à Dalat, une région du Vietnam parsemée de vastes plantations et où le café occupe une place importante dans la culture locale.
Le plus important pour Phat : il faut impérativement que le café soit finement moulu. Il recommande d’utiliser du Bourbon arabica vietnamien bien torréfié. Il conseille également un mélange avec 75% de Bourbon arabica et 25% de Robusta, ou bien un mélange de Yirgacheffe éthiopien et de Colombia en proportions égales. Le café est ensuite infusé avec un filtre à café vietnamien en acier inoxydable et mélangé avec du lait concentré sucré et des glaçons.
Que vous buviez du ca phe sua da à Ho-Chi-Minh ou que vous le prépariez dans votre cuisine, une fois rentré de voyage, le résultat est le même : vous allez goûter à une boisson aussi délicieuse que surprenante.