Crime

Le curieux business des « gangs de Clio »

Yellow-gold small utilitarian car parked on the street with lights on

Si vous possédez une Clio un peu crados, que vos parents vous ont gentiment légué, c’est à peine si vous pensez à la fermer à clef une fois garée. Si cette sympathique petite bagnole a pour vous surtout une valeur sentimentale, d’autres regardent certaines de ses composantes avec bien plus d’envie. Et l’intention de se faire un petit billet rapidement.

Depuis maintenant quelques années, les Clio de Marseille ou d’Île-de-France sont ciblées par des voleurs fins connaisseurs du Bon Coin. Certaines nuits, les Clio perdent la nuit tombée leurs pare-chocs, leurs capots, leurs phares ou encore leurs banquettes arrière. Pas plus tard que la semaine dernière dans le XIIème arrondissement de Marseille, plusieurs Clio se sont réveillées sans pare-choc. Le « gang des Clio » a encore frappé, titre La Provence.

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Plus au nord, à Fontenay-sous-Bois, un petit groupe s’adonnant sensiblement à la même technique voyait son gagne-pain stoppé net, suite à un coup de filet de la police locale. En un peu plus d’un an, cet autre « gang des Clio » du 94 est soupçonné d’avoir dérobé entre 150 et 200 pare-chocs de Clio IV (produite depuis 2012 par Renault), qu’ils revendaient ensuite sur Le Bon Coin. D’après une source policière interrogée à l’époque par Le Parisien, ces modèles étaient visés notamment « parce que ça se démonte très vite », avant d’ajouter que « dans le secteur, c’est devenu un sport national. »

Outre les pare-chocs, les banquettes arrière dérobées dans des Clio de diverses générations se sont aussi retrouvées sur Le Bon Coin. Toujours selon Le Parisien, dans un papier de janvier 2020, 220 victimes avaient été comptabilisées en région parisienne. Le réseau s’était peu à peu professionnalisé avec des préposés à la rédaction des petites annonces. Revendues 300 euros pièce, les banquettes de Clio ont permis à la petite organisation de prospérer jusqu’à l’interpellation de plusieurs de ses membres – trahis par un autoradio avec GPS intégré retrouvé dans le coffre d’une voiture lors d’un contrôle routier.

Si les banquettes étaient revendues à l’unité dans cette affaire, il est aussi possible de les installer dans des Clio dites « de société » munies seulement de sièges avant – pour ainsi faire monter son prix à la revente en la présentant comme une voiture « de tourisme ». En transformant la Clio en cinq places, son prix de revente passe alors de 2 000 à 5 ou 6 000 euros, expliquait récemment un garagiste. Un tour de passe-passe rapide – à condition de réussir à faire homologuer cette modification – qui permet de se faire une belle marge.

Puisque les Clio (qui trônent souvent en haut du classement des voitures les plus vendues, et aussi les plus volées, en France) sont régulièrement visées, les propriétaires peinent souvent à faire remplacer les pièces volées face à la forte demande – renforçant dans un cercle vicieux le trafic de pare-chocs ou banquettes. Il n’est pas simple de trouver un pare-choc de Clio hors du Bon Coin.

« Dès qu’une voiture arrive, un client se manifeste : ça part comme des petits pains », indiquait un garagiste marseillais dans un article de France Bleu. Autre piste avancé dans ce même sujet, si les pare-chocs, mais aussi les phares, sont les pièces les plus volées, c’est qu’il s’agit des parties qui sont le plus régulièrement endommagées lors d’accidents. Donc les plus fréquentes à remplacer.

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