Quand l’année dernière, des filles désespérées de Miami ont consenti à ce qu’un Frankestein travesti – lui-même doté d’un cul et de seins gargentuesques – leur cimente l’arrière-train dans l’espoir de ressembler à J-Lo, on a compris que le délire « bootylicious » prenait une ampleur dingue. Mais ce n’est qu’un cas parmi tant d’autres ; plein d’autres gens ont payé des charlatans pour augmenter le volume de leur derche. Une étudiante de 20 ans est morte à Philly en février après une injection clandestine de silicone dans le derrière.
Cet exemple de chirurgie du cul qui tourne au drame illustre en fait une tendance plus large : celle qui concerne des femmes prêtes à tout pour modifier la forme et la circonférence de leurs fesses. Le moyen le plus raisonnable, sans avoir à passer par des salles d’opération miteuses ou s’empiffrer de bonbons, c’est de consulter un chirurgien plastique. Les vrais médecins ont recours à deux méthodes différentes pour vous redessiner le derrière : soit la pose d’implants, soit le transfert de graisse. Se faire poser des implants au cul requiert la même intervention que se faire poser des implants mammaires et c’est une méthode de plus en plus populaire aux États-Unis. Néanmoins, le transfert de graisse, qu’on appelle aussi le « lifting brésilien des fesses », est assez surprenant dans son genre. Cette méthode revient à liposucer de la graisse des endroits du corps où l’on ne voudrait pas qu’elle soit, la préparer puis la réinjecter dans les endroits des fesses maigrichons afin de créer de délicieuses courbes à la façon d’un fruit bien rond.
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Le Docteur Constantino Mendieta est l’un des plus grand défenseurs mondiaux de la chirurgie des fesses. Comme on peut s’en douter, son cabinet à Miami est tenu par des infirmières super sexy qui ont, elles aussi, un cul sculpté à la chirurgie. Ses patients viennent du monde entier pour confier leur fessier à ses mains fermes et ce, pour de bonnes raisons – il a carrément écrit un livre sur le cul intitulé The Art of Gluteal Sculpting (soit, l’Art de la Sculpture du Fessier). Notre première idée était d’interviewer un autre chirurgien bourré de talent mais quand Constantino a su que les commères de VICE écrivait un article sur l’augmentation chirurgicale des fesses, il nous a tout de suite appelé pour convenir d’un interview.
Le docteur Mendieta, détendu.
VICE : Est-ce que vous vous considérez comme un artiste ?
Dr. Constantino Mendieta :Il n’y a aucun doute là dessus. Ce que je fais, c’est de la sculpture en 3D. Il ne s’agit pas seulement de bouger de la graisse – n’importe qui pourrait faire ça. Mes prix commencent à 14 000$, mais il est possible de trouver des chirurgiens plastiques qui facturent 4 000$ pour une augmentation du fessier. La différence entre les deux c’est que, soit tu te payes une vulgaire copie soit tu te payes un vrai Picasso.
Que pensez-vous des personnes modestes qui aimeraient se payer un Picasso mais qui n’en ont pas les moyens – et optent finalement pour une injection de clous dissous ou de bolognaise reconstituée ?
Le problème, c’est que ce genre de victimes ne voit que les derrières refaits de leur amis qui sont passés par les mains de chirurgiens de seconde main. Des injections clandestines de silicone peuvent être superbes au début – mais passé quelques années, le résultat s’avère catastrophique. Le silicone peut par exemple ronger la chair. Avec l’avènement d’internet, c’est impressionnant le nombre de personnes qui pensent qu’il n’est pas risquer de subir des interventions si véreuses.
Est-ce que vous pouvez nous parler de la façon dont vous évaluez et catégorisez les culs ?
Il existe quatre formes différentes de fessiers, peu importe votre origine. Cela revient à mesurer deux points – la partie supérieure du fessier et la partie inférieure. En les mesurant, on obtient quatre formes de fessiers: en A, en V, ceux qui sont plutôt carrés et ceux qui sont plutôt ronds.
Quelle est la différence entre ces différentes formes de fessiers ?
La plus jolie est incontestablement celle dite en A. Celle dont les patients se plaignent le plus, la forme carrée. La plus disgracieuse est la forme en V suivie du fessier rond – mais loin derrière. La forme A est celle que l’on cherche à obtenir la plupart du temps.
Qu’est ce qui rend la forme A si spéciale ?
La forme A, c’est quand une femme possède une taille plus fine que ses hanches selon une amplitude de 0.7. La psychologue Denvendra Singh a fait une étude dans laquelle elle a trouvé que les hommes – qu’ils soient jeunes, vieux, américains ou afghans – désirent davantage les femmes qui possèdent ce chiffre magique. Il s’agit probablement d’un phénomène instinctif puisque les femmes dont le fessiers est en forme de A sont généralement plus fertiles et ont une hygiène de vie plus saine.
OK, mais alors comment pouvez-vous expliquer le fait que blancs et noirs aient des gouts différents en termes de culs ?
Cela dépend d’un facteur culturel. Les sud-américains préfèrent généralement le style « Jennifer Lopez », qui est un fessier plutôt charnu au niveau inférieur et qui requiert des hanches assez larges. Les asiatiques préfèrent eux des hanches plus étroites parce qu’ils veulent paraître plus élancés. Les afro-américains veulent un énorme popotin, charnu et bien rond de partout. Les caucasiens aiment toutes les sortes – certains d’entre eux préfèrent des hanches larges et d’autres, plus étroites.
Y a t-il des hommes gays ayant recours à ce type d’intervention chirurgicale ? Quel type de fessiers demandent-ils ?
Si l’on s’en réfère au total de mes patients, à peu près 10% d’entre eux sont des hommes. Tous ne sont pas gay – beaucoup sont hétéros et soucieux de la forme de leur pantalon : ils recourent donc à une augmentation par injection de Botox. La première chose que les hommes perdent avec l’âge, c’est la graisse de leur fessier. C’est pourquoi les hommes sont de plus en plus intéressés par ce genre de chirurgie.
Jusqu’à quel point pouvez-vous augmenter le volume d’un arrière-train ?
C’est comme un tiroir. Si on le charge trop, on ne peut plus le fermer. La peau des fesses limite la quantité de graisse qu’on peut y injecter, et son élasticité n’est pas infinie. Ça dépend de l’anatomie de chacun. Si vous désirez un derrière plus gros que votre anatomie ne vous le permet, il vous faut le faire en deux fois. La peau s’étirera jusqu’à un certain point la première fois, et il sera donc possible de rajouter de la graisse par la suite.
Est-il possible qu’un derrière ayant subi une augmentation flétrisse ?
En moyenne, 80% de la graisse que j’introduis dans un fessier y demeure. Environ 20% disparaît, mais de façon égale sur chaque fesse, et c’est pour ça que le résultat final n’est visible que trois à six mois après l’opération. Pour les transferts de graisse, les complications sont très rares. Les implants représentent un risque plus important parce que la plaie peut s’ouvrir ou les implants se durcir.
Vos patientes vous ont déjà demandé d’avoir le « cul d’une célébrité » ?
Il y en a quatre qui sont récurrents. Le premier, c’est celui de J-Lo ou Kim Karsashian, qui sont a peu près autant demandés. Ensuite viennent ceux de Serena Williams et de Beyoncé. Aussi, depuis le mariage princier, on nous demande beaucoup celui de la sœur de Kate Middleton, Pippa, qui a un joli petit derrière.
Le cul de Serena Williams est quand même assez imposant. Je pensais qu’il serait difficile d’atteindre un tel volume, même en passant par la chirurgie plastique.
Ce sont surtout les afro-américaines qui demandent celui-ci. La plupart du temps, les femmes qui désirent des fesses comme celles de Serena sont déjà enrobées. Du coup, c’est en adéquation avec leur silhouette. Mais il arrive que je ne puisse pas leur procurer puisque leur anatomie ne me le permet pas : il faut donc qu’elles le fassent en deux fois.
Est-ce qu’il vous arrive de refuser une intervention à une femme ? Comme les filles qui possèdent déjà un joli cul ?
Je n’ai jamais vu de derrière que je ne puisse pas améliorer. Lorsque je refuse une intervention, c’est quand une patiente ne répond pas aux critères médicaux ou psychologiques requis, ou qu’elle ne possède pas assez de graisse – c’est là que j’envoie mes patientes au Booty Camp.
Pardon, mais – c’est quoi ce « Booty Camp » ? Ça à l’air fou.
Les personnes n’ayant pas assez de graisse limitent inévitablement ce que je pourrais faire. Pour qu’ils produisent plus de graisse que je pourrais ensuite transformer en « buttocks », je les envoie au Booty Camp. Je leur dit de manger tout ce qu’ils veulent – Mac Do, Burger King, etc… Une fois qu’ils ont enflé, je peux saisir la nouvelle graisse pour la transférer au niveau de leur fesses. Le Booty Camp est la meilleure ordonnance au monde.
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