Un gros glaçon faisant deux fois la taille de la France est en train de fondre dans l’Arctique. C’est une mauvaise nouvelle pour les humains mais plutôt une bonne pour les milliers de cabillauds qui vont pouvoir s’éclater dans un gigantesque nouvel espace. Les poissons peuvent vraiment se réjouir, ils ont plus de place pour nager dans une eau qui est probablement la plus « clean » de la planète.
En vrai, le recul de la banquise est aussi une bonne nouvelle pour les chalutiers qui peuvent pousser plus loin au Nord et chasser la poiscaille vers l’infini et l’au-delà dans des zones encore inexploitées rappelle Le Monde. Est-ce que tout ça veut dire qu’il y aura un afflux massif de Filet-O-Fish dans les McDo du monde entier ?
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Heureusement, pas du tout. Dans un accord que Greenpeace qualifie d’« historique », plusieurs acteurs de la pêche du cabillaud ont signé une promesse de ne pas acheter de produits issus des aires de pêche dans cette partie de l’Arctique – notamment autour de l’archipel du Svalbard dans les mers de Barents et de Norvège.
Selon l’AFP, l’accord, à effet immédiat, a été ratifié par les grandes enseignes de distribution britannique Tesco, Sainsbury’s et Marks & Spencer ainsi que les deux sociétés Fiskebåt et Karat, qui possèdent des flottes dans la région.
« C’est énorme », a estimé Greenpeace sur son site. « Jamais auparavant, les géants de l’industrie ne s’étaient entendus sur un moratoire et érigés en défenseur et protecteur de l’Arctique. » Et pour que l’organisation environnementale en vienne à féliciter les mastodontes de l’alimentaire, il faut vraiment qu’il se passe un truc.
« Cet accord veut aussi dire que, malgré sa vulnérabilité, la faune marine des mers de Barents et de Norvège va être protégée. »
« Nous sommes témoins d’une prise de position très importante des gros acteurs de l’industrie de la pêche. Ils ont enfin dit non à la destruction de l’Arctique et acceptent de retenir leur chalutier et de ne pas étendre leur pêche au cabillaud dans des zones sensibles qui étaient avant occupées par la banquise. »
Giles Bolton, directeur de l’approvisionnement chez Tesco, a confié à l’AFP que la décision prise par le géant britannique avait un « sens ». « Nos clients ont besoin de savoir que le poisson qu’ils achètent sur nos étals n’a pas été pêché au détriment de l’environnement et de l’océan. Et cet accord veut aussi dire que, malgré sa vulnérabilité, la faune marine des mers de Barents et de Norvège va être protégée. »
L’accord actuel est un frein à l’expansion de la pêche au cabillaud dans une zone où sont déjà pêchées 800 000 tonnes par an, mais aussi à l’utilisation de filets lourds qui auraient pu racler le fond de l’Arctique – une méthode aussi appelée « chalutage profond ».
« C’est un accord historique qui réunit les poids lourds de l’industrie de la pêche au cabillaud », assure Frida Bengtsson, spécialiste de l’environnement marin chez Greenpeace. « En l’absence de protection légale significative de ces eaux gelées, c’est un geste sans précédent de la part de cette industrie. »