Le futur vu par les créateurs de mode en 1982

En 1982, la photographe et ex-mannequin Lucille Khornak a publié un ouvrage intitulé Fashion 2001 dans lequel 90 des plus grands créateurs de mode féminine prédisaient ce que les femmes porteraient 19 ans plus tard. Il s’avère que la majorité d’entre eux pensait que les meufs de 2001 seraient toutes des dominatrices de l’espace à la fois séduisante et frustrées d’avoir quitté leur planète de mutants au pénis bleu pour débarquer sur Terre. Malheureusement, les seuls personnes qui vivent encore dans ce rêve aujourd’hui s’appellent les Black Eyed Peas.

Allons jeter un œil sur ce que ces créateurs ont imaginé en ’82 et essayons donc de les comparer avec leurs collections de 2001.

Videos by VICE

THIERRY MUGLER, VERSION 1982

C’est fou comme dans les 80’s tout le monde était encore optimiste au niveau de nos futurs déplacements dans l’espace. Comme s’ils s’imaginaient qu’on aurait besoin de robes pour le prochain Bal des Débutantes Intergalactique où les plus élégantes femmes du monde seraient mises aux enchères sur la planète Predator en échange de la sauvegarde de l’humanité ; bravo à Mugler pour avoir rendu ça glamour. Tous les dessins du futur datant de cette époque représentent les meufs dans des costumes steampunk très rigides et même si Thierry a conservé cet aspect métallique, il a habillé son modèle avec une robe qui pourrait la rendre vaguement excitante contrairement à ces trucs un peu austères que n’importe qui d’autre aurait choisi. Dans un sens, Mugler avait raison : on est en 2012 et personne ne veut baiser avec une steampunk.

THIERRY MUGLER, VERSION 2001

Apparemment, Mugler s’est un peu éloigné de ses rêves à propos du futur en habillant désormais les meufs comme des fans d’Avril Lavigne sur le point de hurler pour rien ou de fuguer avec un fan des Deftones, pour rien.

ISSEY MIYAKE, VERSION 1982

Les trucs que Miyake a fait pendant les 30 années où il dirigeait sa marque étaient assez visionnaires pour être portés dans la rue aujourd’hui. Malheureusement, il a décidé de laisser tomber tout ça au profit de collections « natation synchronisée ». J’admets que les chaussettes et les manches en latex demeurent plutôt cool trente ans après. Je ne sais pas pour vous mais, chaque fois que je vais à la piscine, je maudis Speedo de ne jamais avoir pensé à fabriquer des trucs pour protéger mes pauvres petits avant-bras.

ISSEY MIYAKE, VERSION 2001

Depuis que Miyake a laissé son bras-droit Naoki Takizawa prendre les rênes de son entreprise, il semblerait que ce dernier fasse perdurer la passion de son mentor pour les têtes de femmes sous caoutchouc. En outre, d’après ce que nous savons, le mannequin présenté ici porte exactement le même maillot de bain que celui de la photo d’avant. Même si j’aime bien me moquer des visages féminins emprisonnés par des bonnets trop serrés, je suis obligé d’admettre que Miyake se place parmi les créateurs les plus visionnaires des années 1980.

JEAN-PAUL GAULTIER, VERSION 1982

Jean-Paul le savait : au nouveau millénaire, les fringues auront été abandonnées au profit du latex en spray ; ce qui constitue un avenir assez sombre pour quelqu’un dont le boulot consiste à créer des vêtements. Dieu merci, ses prédictions ne se sont pas concrétisées, épargnant à tout le monde l’exhibition gênante de ses parties intimes (en plastique, donc).

JEAN-PAUL GAULTIER, VERSION 2001

Gaultier est généralement exempt de tout reproche mais 2001 a clairement été une année difficile. Je n’ai aucune idée de ce qu’il a tenté de faire ici ou de ce à quoi il fait référence. La fille ci-dessus ressemble en effet à une Tortue Ninja qui viendrait de chier dans son froc.

GIVENCHY, VERSION 1982

Voici l’hypothèse la plus plausible concernant la direction que la mode a fini par prendre dans les années qui ont suivi mais ce n’est ni très intéressant, ni très marrant. Quand on ne peut même plus déconner à propos des illusions du passé, c’est souvent parce qu’elle sont devenues notre présent – et ce présent est souvent le point de rencontre de toutes les hypothèses les plus chiantes jamais imaginées.

GIVENCHY, VERSION 2001

Il semblerait que les bandes et les postures empreintes de féminité soient toujours des classiques du répertoire Givenchy. Ça et les femmes à chapeau. (Ne faites jamais confiance à une femme à chapeau.)

GIANNI VERSACE, VERSION 1982

Je ne sais pas ce que vous faisiez en 2001 mais, pour ma part, c’est une année que j’ai passée étendu sur le dos en tenant en l’air une énorme balle de golf. Je regrette que cette fille en robe blanche flottante n’ait jamais été là, en revanche.

VERSACE, VERSION 2001

Regardez ! Il est toujours question de robes blanches dans la collection Versace 2001. 19 années ont passé et les créateurs italiens n’ont jamais pas perdu leur intérêt pour ces tissus blancs flottants. Dommage qu’on ne puisse pas en dire autant de la mode en général – en 2001, ça faisait déjà quatre ans que Donatella avait pris les rênes de Versace et, alors que les gens s’intéressaient encore aux jolis trucs, la marque italienne avait clairement sauté à pieds joints dans un océan de laideur infinie.

Merci aux types des forums de mode qui ont scanné et mis en ligne ces quelques photos tirées du bouquin.Sans leur aide, nous n’aurions sans doute jamais réalisé rétroactivement tout ce qu’on a raté.