Le 98,5 FM nous apprenait ce matin que le gouvernement provincial envisage impliquer la Société des alcools du Québec dans le processus de vente et de distribution du cannabis lorsqu’il deviendra légal, d’ici le 1er juillet 2018. Il n’est pas tout à fait clair quel rôle la société d’État occupera, mais le gouvernement Couillard voudrait « profiter de l’expertise développée par la SAQ en matière de contrôle et d’identification de la clientèle », selon le journaliste Louis Lacroix.
Aux dires du ministre des Finances, Carlos Leitao, le but d’une telle mesure serait « de restreindre au maximum l’accès à la marijuana dans une perspective de protection de la santé publique. » Ainsi, le cannabis pourrait être vendu dans un réseau géré par la SAQ, mais il ne serait pas vendu « aux côtés des bouteilles de vin rouge ou portugais ».
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Cette ouverture à un rôle central pour la SAQ suggère toutefois un changement d’avis de la part du gouvernement, et surtout du ministre Leitao, dans le dossier du cannabis récréatif.
En février 2016, lorsque le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avait évoqué la possibilité que la SAQ soit chargée de la vente et de la distribution du cannabis légal, M. Leitao avait été catégorique. « Même si ça devient légal, ce n’est pas à l’État québécois de commercialiser » le pot, avait-il affirmé. Pour Leitao, c’était à Ottawa de trouver une manière d’assurer la distribution de la substance, que c’était un « terrain » qui ne l’intéressait pas, et qu’il n’avait « aucune intention de commercialiser ça ».
Mais nous voilà un an plus tard, devant un projet de loi fédéral qui laisse toute la place et la responsabilité aux provinces pour enrayer le marché noir du cannabis. Depuis plusieurs mois déjà, le syndicat des employé(e)s la SAQ manifeste son désir de voir le cannabis vendu à travers les réseaux de la société d’État. En 2016, il a même commandé une étude à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) sur les retombées économiques possibles d’un monopole de vente de cannabis. L’étude a conclu qu’un modèle semblable à celui de la SAQ pourrait rapporter plus de 450 millions de dollars par année dans les coffres de Québec, soit un peu moins de la moitié du milliard de dollars que rapporte annuellement la vente d’alcool à la SAQ.
Puisque le gouvernement voit le cannabis comme un enjeu de santé, les pharmacies pourraient-elles être conscrites dans la vente de celui-ci? Le gouvernement Couillard n’exclut pas l’idée selon le 98,5 FM.
Une inscription au registre des lobbyistes démontre par ailleurs que l’Association canadienne de la gestion de l’approvisionnement pharmaceutique (ACGAP) a embauché un lobbyiste pour faire avancer l’idée auprès de six ministères différents, le tout dans l’espoir de convaincre le gouvernement de confier à des points de ventes de médicaments (comme des pharmacies) « la distribution de marijuana à des fins récréatives, car ces derniers possèdent l’expertise et les infrastructures pour la distribution de produits contrôlés ».