L’espèce humaine entretient une relation particulière avec la faune terrestre depuis quelques dizaines de milliers d’années – une relation dominant-dominé qui ne profite que rarement aux dominés. Certaines espèces ont su être plus malignes que les autres et profiter de la faiblesse humaine pour la mignonnerie afin de squatter gratuitement nos appartements chauffés et se faire garnir quotidiennement la gamelle sans le moindre effort, mais la grande majorité de la biomasse terrestre se contente de subir silencieusement la destruction de son environnement naturel et l’asservissement de ses individus à des fins diverses : de la vache qui meurt d’épuisement après avoir fourni du lait sans le moindre RTT pendant 5 ans aux lions des cirques ambulants, qui finissent avec des malformations à force de vivre dans des cages de moins de 10 mètres carrés, en passant par les chiens destinés à assouvir les fantasmes zoophiles de détraqués mentaux – vous l’aurez sans doute compris, je n’ai que très peu d’amour envers la race humaine.
Cependant, il arrive que l’homme et l’animal entrent en communion pour rendre hommage à Mère Nature de la plus belle des manières, et pour le plus grand et noble des buts : torturer et tuer de pauvres innocents, afin de leur infliger la mort la plus cruelle et horrible possible. L’être humain est particulièrement imaginatif quand il s’agit d’infliger les pires souffrances à ses ennemis, et il choisit régulièrement de déléguer le sale boulot à toutes sortes d’animaux, du cheval au singe en passant par la mouche. Bon, techniquement, les animaux en question restent des dominés maltraités qui n’ont rien demandé à personne, mais moralement, on peut toujours sauver les meubles en se disant que lorsqu’un tigre écharpe un gladiateur dans une arène, ou qu’un éléphant piétine un opposant politique, la cause animale se venge symboliquement. C’est évidemment faux, et un pachyderme ou un fauve élevés dans le but de devenir des instruments de torture ne sont rien d’autre que des êtres en souffrance.
Videos by VICE
Quoi qu’il en soit, les méthodes d’exécution impliquant des animaux sont généralement aussi inventives que cruelles, et pour cette raison, il est grand temps de rendre hommage à ces hommes et à ces animaux morts dans d’atroces souffrances, le plus souvent à cause de la stupidité humaine innée.
Vers, mouches et fourmis
Le scaphisme est l’une des méthodes de mise à mort les plus incroyablement ingénieuses de l’histoire de l’humanité. Pour faire très simple : on enferme le condamné dans une boite, en laissant dépasser uniquement la tête – et, dans certaines variantes, également les pieds et les mains. On le nourrit et l’hydrate régulièrement, et s’il refuse, on le torture jusqu’à ce qu’il accepte. Conséquence : coincé dans sa boite, le pauvre homme va littéralement se chier dessus. Les excréments s’accumulant, jour après jour, à l’intérieur de la boite et à même le corps vont peu à peu pourrir, laissant le condamné se faire dévorer de l’intérieur par les vers, son corps s’infectant au fur et à mesure de l’aventure. Avec cette méthode, les plus chanceux succombent en une quinzaine de jours, mais certains sont, à leur grand malheur, bien plus résistants, et peuvent voir le calvaire durer jusqu’à un mois.
Au cas où vous n’auriez pas déjà refermé l’onglet Motherboard de votre navigateur pour ne pas avoir à supporter la suite des horreurs, sachez que l’horreur du scaphisme peut être associée à celle du cyphonisme. Même situation, avec un pauvre homme ou une pauvre femme immobilisés, et un bourreau particulièrement mal luné, qui peut alors profiter de la situation désespérée de son prisonnier pour nourrir des colonies de mouches. Il suffit alors d’enduire la tête du malheureux d’un peu de lait et de beaucoup de miel – de toute façon, il ne peut pas bouger -, et d’attendre. Des dizaines d’insectes, attirés par le sucre, viendront alors envahir le crâne, les yeux et les divers orifices du visage du supplicié, le plongeant plus ou moins rapidement à sombrer dans la folie – ce qui est peut-être un moindre mal, étant donné tout ce que son corps subit.
Cette méthode de torture est également évoquée au cours des siècles précédents au sein de tribus amérindiennes, ainsi qu’en Afrique. Dans ce cas, la mort peut arriver beaucoup plus vite, puisqu’en lieu et place des mouches, on compte sur l’appétit des Dorylus (en Afrique) ou des Marabunta (en Amérique du Sud) : des fourmis carnivores réputées pour ne pas laisser la moindre miette. La mort est évidemment très douloureuse, mais apporte au moins la satisfaction d’avoir pu nourrir des milliers d’individus.
Originalité de la mise à mort : 10/10. Franchement, le premier mec à avoir imaginé une telle forme de torture a du se prendre la tête sur sa copie blanche pendant des semaines. Respect.
Spectacularité : 8/10. Le spectacle est certainement trop long pour l’apprécier à sa juste valeur, mais il se termine sur un épilogue assez fabuleux : quand le condamné lâche son dernier souffle, on ouvre la boîte pour se rendre compte de l’état de décomposition du corps. Et généralement, c’est un feu d’artifices de couleurs et d’odeurs.
Seuil de douleur : 10/10. Même avec beaucoup d’imagination, il est difficile de faire pire : la douleur est physique mais aussi psychologique, et en plus, elle peut durer des semaines en s’accentuant chaque heure un peu plus. Du grand art.
Souffrance de l’animal : Aucune. C’est la seule fois de la liste, alors profitez-en. D’un point de vue animal, cette méthode de mise à mort est la seule qui ne cause aucune souffrance – mieux, elle nourrit même des milliers d’individus grouillants. Félicitations du jury.
Les rats
Puisqu’on est dans le domaine de la vermine et des espèces grouillantes qui font cauchemarder votre copine, autant y rester. Conceptuellement, le supplice du rat est plus simple que le scaphisme, mais il n’en demeure pas moins particulièrement ingénieux. Deux possibilités, à vous de déterminer laquelle est la plus crade – j’ai personnellement beaucoup de mal à choisir. Dans la première version du supplice, un rat est déposé sur le ventre du condamné. On pose par dessus un seau, un bol, ou un quelconque récipient conducteur de chaleur – généralement en métal – de manière à ce que le rongeur n’ait aucune issue. Pour finir, on chauffe la partie haute du récipient. Le rat va chercher par tous les moyens à s’enfuir par le bas, et va donc… creuser. Vos cris n’y changeront rien.
Dans la deuxième version du supplice, on inverse juste le sens du condamné – littéralement. Le rat est placé sous la victime, qui est assise sur le récipient. On chauffe donc par-dessous, et le rat cherche donc à s’échapper par le dessus. Je ne vous fais pas un dessin. Sans être historiquement attestée de manière formelle, de nombreuses sources littéraires attribuent cette pratique à la Chine médiévale, une civilisation particulièrement inventive dès lors qu’il s’agit de torturer des condamnés à mort. Plus proche de nous (et moins douloureux), le supplice du rat semble plaire particulièrement aux scénaristes de la télévision et du cinéma, puisqu’on le retrouve assez régulièrement dans de gros blockbusters américains, comme Game of Thrones ou 2 Fast 2 Furious – qui partagent tous deux le côté spectaculaire d’un déchirage de chair par un rat paniqué.
Originalité de la mise à mort : 7/10. Victime de son succès, le supplice du rat perd quelques points en route à cause de son aspect très grand public. Une torture mainstream. Game of Thrones, sérieusement ?
Spectacularité : 9/10. Du sang, des cris, des flammes. Que demande le peuple ?
Seuil de douleur : 10/10. Beaucoup moins long que le scaphisme, mais plus intense, plus fort, plus puissant.
Souffrance de l’animal : 10/10. Non seulement le rongeur cuit à l’intérieur de son récipient, mais en plus il inonde son organisme d’un stress énorme qui peut lui causer un arrêt cardiaque, sans parler du traumatisme de devoir creuser à l’intérieur d’un corps chaud et sanguinolent pour survivre.
Singe, chien, vipère, coq – ou les quatre en même temps.
Alors là, c’est très simple : prenez un grand sac suffisamment solide, mettez-y un chien, un singe, une vipère, un coq (ou bien faites un mix des quatre), et pour finir, ajoutez un condamné pour un crime particulièrement grave, type parricide, et fermez le sac bien solidement. Jetez le sac dans l’eau. C’est très cruel pour l’animal, évidemment, comme la majorité des méthodes d’exécution décrites dans cet article. Et surtout, l’intérêt de sacrifier une vie supplémentaire est particulièrement limité : le but est que, dans la panique générale de la noyade, l’animal morde ou griffe le condamné, afin d’accentuer sa souffrance. Cette méthode, appelée culleus – qui est en fait le nom du sac – renvoie à l’époque de l’Empire Romain, une civilisation aussi grandiose que peu regardante sur le traitement des animaux.
Originalité de la mise à mort : 3/10. Un point en plus pour l’effort de pimenter un peu la noyade, mais la copie est à revoir.
Spectacularité : 0/10. Le mec est dans un sac, au fond de l’eau. Même pas moyen de l’entendre crier.
Seuil de douleur : 7/10. Plus rapide que d’autres méthodes d’exécution, reste à savoir si la mort vient de la noyade ou de la morsure d’un animal.
Souffrance de l’animal : 10/10. Et le pire, c’est que contrairement aux autres méthodes de la liste, le condamné peut se passer de la présence d’un animal pour souffrir et crever.
Lions, tigres, chiens et ours
C’est une scène vue et revue dans des dizaines de peplums : un gladiateur courageux au milieu de l’arène face à un lion, un public romain déchainé sur les gradins, et l’Empereur arrogant au premier rang. Particulièrement courante aux premiers siècles de notre ère à Rome, cette pratique n’avait en réalité rien de très glorieux : elle était réservée aux condamnés des couches sociales les plus basses, avec diverses variantes, selon la nature du crime, la nationalité de l’individu ou sa religion. Dans la majorité des cas, il n’avait pas le moindre moyen de se défendre face aux animaux féroces : pas de glaive, de lance, ou de bouclier ; parfois, il avait même les poings, voire les pieds, liés, pour être bien certain de ne lui laisser aucune chance. Bon, entre nous, face à un tigre affamé, un prisonnier, même armé, n’a que très peu de chances de s’en sortir. Et même en cas d’exploit, il n’obtiendrait qu’un sursis : soit en obtenant le droit à une exécution réservée à d’autres couches sociales (la crémation, par exemple), soit en étant à nouveau jeté dans l’arène pour affronter un nouveau fauve. Comme dans tout bon peplum, la légende raconte pourtant que certains ont su profiter de leur condamnation à mort pour devenir de véritables héros, comme Lysimaque, un grec capable de terrasser un lion au IVème siècle avant Jésus-Christ, impressionnant par la même occasion l’Empereur Alexandre, et devenant l’un de ses protégés. De l’arène, Lysimaque finira par devenir roi de Thrace et de Macédoine, un véritable destin scorsesien, puisqu’après l’ascension fulgurante viendra la chute lamentable, quand, abandonné par ses soldats les plus fidèles, il mourra seul sur un champ de bataille.
Originalité de la mise à mort : 0/10. Il y a deux mille ans, voir un homme dévoré par un lion était aussi courant que de faire un snap aujourd’hui.
Spectacularité : 10/10. Du grand spectacle, l’équivalent actuel d’un concert à Bercy. Gradins climatisés, vendeurs de pop-corn, lunettes 3D : tout le confort nécessaire à une bonne mise à mort.
Seuil de douleur : de 0 à 10. Toute l’incertitude de ce genre de pratique réside dans l’humeur de l’animal. Le tigre, le lion ou l’ours peuvent vous tuer en une seconde, sans vous laisser le temps de vous rendre compte de quoi que ce soit. Mais vous avez déjà vu un chat s’amuser avec une souris avant de la tuer ? Ca peut durer longtemps, très longtemps, et la souris peut agoniser des heures avant de mourir. Le tigre est un gros chat. Vous êtes une grosse souris.
Souffrance de l’animal : 10/10. Dans l’arène, le félin doit déjà faire face au stress du bruit et de la présence de milliers de personnes autour de lui. C’est une chose. Mais le reste du temps, il passe son temps dans une cage de quelques mètres carrés, et n’est évidemment pas nourri à sa faim – le ventre plein, il n’aurait aucune envie de se faire un condamné. Sans compter les coups de fouet pour le faire obéir, et les éventuelles blessures causées par les prisonniers armés.
Eléphants
Malgré sa taille imposante et toute la fascination qui entoure son espèce, l’éléphant est l’un des mammifères les plus facilement apprivoisables par l’homme – on retrouve ainsi des traces de soumission de ces pachydermes depuis l’Antiquité, que ce soit pour le transport de matériaux lourds, pour la guerre, le labour, ou, plus fun, la mise à mort de condamnés. Alors, comme tout le reste, l’animal est évidemment parfaitement maltraité, d’une part parce que sa psychologie n’est pas celle d’un tueur au sang froid, et d’autre part, parce qu’en dehors des séances d’exécution, la vie d’un éléphant n’est pas faite pour la captivité. Quoi qu’il en soit, la force terrible de ces animaux, liée à leur habileté particulièrement impressionnante étant donnée leur taille, en fait des instruments de mise à mort de très haut standing.
La technique la plus évidente est bien entendu l’écrasement, puisque la résistance d’un crâne humain face à un pied d’éléphant est équivalente à celle d’une chips face à une paire de Air Max – et le bruit est sensiblement le même. Rapide, efficace, et sans fioritures, puisque contrairement à la condamnation face aux fauves, les chances de sortir indemne d’un écrasement par un éléphant sont parfaitement nulles. Mais le bourreau peut également décider de s’amuser un peu avec vous, et guider l’éléphant de manière à ce qu’il écrase chacun de vos membres un par un, histoire de bien vous faire souffrir, avant de finir par le crâne ou le thorax –tout en sachant que l’animal est capable de maitriser la vitesse à laquelle il pose sa patte, et qu’il peut donc passer de très longues minutes à vous broyer lentement les os.
Mais il existe de nombreuses variantes à ce type de mise à mort : l’une des plus cruelles consiste à attacher un homme par les pieds avec un anneau, et de faire courir une corde de deux à trois mètres jusqu’à la patte arrière de l’éléphant. On fait ensuite défiler l’animal dans la ville : à chacun de ses pas, le condamné est projeté en avant avec une violence inouïe, et finit, au bout d’un ou deux kilomètres, avec la plupart des os brisés – on peut alors l’achever en laissant le pachyderme s’assoir dessus.
Mais notre ami Babar n’a pas seulement quatre membres capables d’écraser n’importe quel être humain en quelques instants. Il possède d’autres atouts assez atypiques, comme par exemple sa trompe, qui, si elle paraît inoffensive, est assez puissante pour saisir un homme et le projeter à plusieurs mètres de hauteur, l’étrangler, et même selon certaines sources, pour lui arracher les membres un à un. Hormis sa trompe, on rapporte également de nombreux cas d’empalement avec les défenses, clairement l’une des méthodes les plus imaginatives de la liste.
Originalité de la mise à mort : 9/10. Le coup de l’écrasement est plutôt prévisible, mais les dizaines de variantes – empalement, arrachage des membres – font de l’exécution par éléphant une véritable pochette-surprise : on ne sait jamais sur quoi on va tomber, mais en bien comme en mal, ce sera forcément surprenant.
Spectacularité : 10/10. Difficile de faire plus spectaculaire qu’un éléphant arrachant un à un les membres d’un homme avec sa trompe.
Seuil de douleur : 10/10. Toutes les variantes sont plus douloureuses les unes que les autres, c’est un sans-faute.
Souffrance de l’animal : 10/10. Sous ces six tonnes de muscles, bat un petit cœur d’une trentaine de kilos.
Les chevaux
Il aurait en effet été étonnant que l’un des animaux les plus utiles à l’homme depuis des millénaires n’ait jamais été utilisé pour les besognes de torture et de mise à mort. Comme l’éléphant, le cheval offre la possibilité au bourreau de varier les plaisirs. La pratique impliquant des bourrins la plus courante consiste à attacher un cheval à chaque membre du condamné, et à les faire partir chacun dans une direction. Au mieux, le prisonnier gagnera quinze ou vingt centimètres, au pire, il finira homme-tronc – dans tous les cas, il finira par mourir dans d’atroces souffrances. En France, cette méthode d’exécution a longtemps été réservée aux cas de régicides, ce qui constitue tout de même un certain nombre de condamnés à mort, puisqu’on en dénombre un tous les dix ans pendant le XVIème et le XVIIème siècle. Le célèbre Ravaillac finit d’ailleurs écartelé, et l’un des chevaux dut être remplacé en cours de route car il mourait d’épuisement face à la résistance exceptionnelle du condamné – son supplice fut par ailleurs particulièrement long et atroce, puisqu’en plus des chevaux, il impliqua des brûlures à la soude, au plomb fondu, à l’huile, diverses tenailles et objets contondants.
Mais comme les éléphants, les chevaux peuvent également servir à piétiner les pauvres condamnés, même si leur poids évidemment moindre rend la pratique différente. On peut par exemple citer la méthode du tapis, réservée aux nobles condamnés à mort à la grande époque de l’Empire Mongol. Très simple : revoyez la scène du Roi Lion où Simba regarde son père se faire piétiner par un troupeau de gnous ; changez les gnous en chevaux, et Mufasa en condamné à mort, que vous aurez au préalable enroulé dans un tapis, pour plus de fun. L’une des victimes célèbres de la pratique du tapis est le Calife Al Musta’sim au XIIIème siècle – il était d’ailleurs accompagné de toute sa famille.
Originalité de la mise à mort : 6/10. Moins fou qu’avec les éléphants, puisque le cheval n’a ni trompe, ni défenses pour varier les plaisirs. Un effort de créativité avec le coup du tapis, qui assure la moyenne.
Spectacularité : 8/10. Le supplice de Ravaillac s’est terminé quand ses membres ont fini par lâcher et que les quatre chevaux paniqués ont déboulé dans la ville avec un morceau de bras ou de jambe accroché quelques mètres derrière. Plutôt fort, en termes de spectacle. Une légende urbaine raconte même qu’une femme à moitié possédée se serait jetée sur l’un des membres pour le dévorer cru –ce qui vaudrait un bon 10/10, mais qui ne tient malheureusement sur aucune source certaine.
Seuil de douleur : 10/10. Et même 12/10 dans le cas de Ravaillac.
Souffrance de l’animal : 10/10. Les chevaux sont fouettés pour les faire avancer le plus fort possible –alors qu’une simple roue suffit à écarteler un homme. Une grosse pensée au pauvre canasson qui a failli se tuer à la tâche pendant le supplice de Ravaillac.