Inutile de s’attarder inutilement : voici le guide Noisey des albums de moins de 30 minutes. Cohérence oblige, on en a choisi 30 et ils sont classés du plus court au plus long. Et si vous vous débrouillez bien vous aurez le temps de tous les écouter avant la tombée de la nuit. Allez hop, c’est parti.
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Circle Jerks – Group Sex (1980, 15 minutes) morceau de Nofx
. Ça m’a longtemps chagriné, cette histoire des trente-et-une minutes : j’ai fini par penser qu’il s’agissait d’un truc New Age, un genre de pratique sexuelle hyper-minutée, basée sur le rythme biologique des Incas. En fait non, c’est juste qu’il possédait DEUX exemplaires de l’album des Circle Jerks. (Pierre Jouan)
Qu’attendre d’une bande de coton-tiges du Massachusetts sapés comme Spock à un entretien d’embauche chez Noir Kennedy ? Qu’ils masculinisent enfin le terme « hystérie », et ce avec un tel brio qu’ils propulseront et enterreront à la fois avec ce disque le concept d’emo-violence ou « screamo », si on préfère les insultes. (Iris De Saint Aubin D’Aubigny)
Pas « violence », non. C’est jamais suffisant. Deux fois la violence, c’est mieux. Tout est deux fois trop sur ce truc qui fait s’accoupler Infest, Negative Approach et n’importe quel objet qui fait des éclats quand on le frappe avec un skate. C’est fou, malgré sa durée effective de coït-éclair pubescent, on a l’impression que ce disque fait traîner le temps comme une vieille redescente d’Eau Ecarlate une heure avant un rendez-vous chez le dentiste. (Iris De Saint-Aubin D’Aubigny)
Pitboss 2000 – Everyone’s a Winner (1999, 23 minutes) Gorilla Biscuits – Start Today (1989, 24 minutes)En général, les trompettes font quoi ? Elles annoncent l’Apocalypse, bien sûr. Sauf qu’ici, les habituelles boules de feu et les myriades de scorpions sont remplacées par un déluge de pizzas, de sachets de quaaludes remplacés par des boules puantes, d’Ovomaltine et de prescriptions de Ritaline préalablement dunkées à la poubelle par une armée de sales gosses en Champion USA dans le dos de leurs parents dépassés. (Iris De Saint-Aubin D’Aubigny)
, le premier album d’Iceage sorti en 2011, tenait autant à la qualité de ce dernier qu’à l’aura de mystère qui entourait le groupe. Qui sont ces jeunes Danois à la mine désabusée mais à l’allure si élégante? Peut-on porter un tatouage de Death in June sans être un dangereux néo-nazi? Quel est leur message vu que 90 % des paroles sont inaudibles ? Si aujourd’hui il y a une relative unanimité à s’extasier sur tout ce qui vient de Copenhague, c’est notamment parce que cet album peut légitimement prétendre au titre de classique du post-punk. (Diane Lebel)
Whitehouse – Erector (1981, 26 minutes) Gagnant d’ailleurs Rough Trade White Power non Erector DRI – Dirty Rotten Imbeciles (1983, 26 minutes)« Je n’ai pas besoin de la société », « L’argent pue », « Les capitalistes craignent » ; et non, vous n’êtes pas sur un disque des Sales Majestés, vous êtes dans le garage de Kurt Brech, le chanteur de D.R.I. qui se faisait traiter de « sale imbécile pourri » par son propre père dès qu’il ramenait des potes à la maison pour répéter. Résultat, il s’est tiré de Houston pour San Francisco avec Spike Cassidy en 83, a écrit le meilleur morceau de 84 (« Violent Pacification ») et a créé le concept de skate-thrash : du metal pour les mecs fun. (Rod Glacial)
Prenez une base punk-hardcore, brodez des mélodies bien sucrées à 180 mots/minute, et tartinez trois couches de chœurs aux harmonies déchirantes : vous venez de donner naissance à un genre, le hardcore mélodique. « L’album qui a tout changé », d’après Fat Mike. (Pierre Jouan)
Discharge – Hear Nothing, See Nothing, Say Nothing (1982, 27 minutes) Death In June – The Guilty Have No Pride (1983, 27 minutes) Côté Rough Trade, R.A.S deux resistants qui s’embrassent dans les rues d’un Paris fraichement libéréau dos de la pochette, ça va, ça passe. Relégué à tort au rang de sous-Joy Division, le premier LP des anglais pose pourtant les bases de la culture post-industrielle des vingt prochaines années : des rythmes martiaux, une obsession pour les systèmes de contrôle, l’atmosphère oppressante et surtout ce putain de carillon qu’on retrouvera dans toutes les productions neofolk qui se respectent. Derrière les horreurs narrées dans des titres comme « Heaven Street » (je vous laisse googler), on trouve même un peu de place pour un message de paix arc-en-ciel et universel : « When We Have Each Other, We Have Everything ». Histoire de rappeler que derrière l’uniforme, il y a aussi un coeur qui bat. Et que non, Ian « Ouin Ouin » Curtis, l’amour ne nous déchirera pas (encore). (François Vesin)
Kid Dynamite – Kid Dynamite (1998, 27 minutes) positive attitude Shorter, Faster, Louder The Hives – Veni Vidi Vicious (2000, 27 minutes)Vous en connaissez beaucoup des albums capables d’enchaîner autant de tubes que « Die, All Right ! », « A Get Together To Tear It Appart », « Main Offender », « Outsmarted », « Hate to Say I Told You So », « The Hives Introduce the Metric System in Time » et « Supply and Demand » ? Depuis, les Suédois en costard n’ont jamais dévié de cette lancée, même après 15 ans passés à écrire la même chanson – et à ne jamais réussir à la jouer correctement sur scène, accessoirement. (Braddy)
MC5 – Back In The USA (1970, 28 minutes) Back In The USA Back In The USAX – Los Angeles (1980, 28 minutes)
J’aime pas les beatniks. J’aime pas les goths. J’aime pas le rockab. Putain, je peux pas saquer les harmonies vocales. Mais qu’est-ce qui peut bien faire que le premier album de X se soit directement inscrit directement dans mon top 5 des meilleurs albums de tous les temps ? Son incandescence noire et blanche ? La beauté d’Exene Cervenka ? Celle de John Doe ? Le fait que je dois être le seul mec au monde à défendre qu’A Bout de Souffle Made in USA est un chef d’œuvre ? Je me serais bien contenté du morceau qui donne son titre à l’album avec ses riffs arthritiques et le désert de Mojave qui s’ouvre devant lui, mais non, l’intégralité de ces 28 minutes possède une magie impénétrable qui plane à 10 000 kilomètres de toute forme de vie. Et je pense que sur mon lit de mort, quand j’entendrai résonner le refrain de « Sex and Dying in High Society » au loin, je continuerai de me poser la question. X but Y ? (Virgile Iscan)
Suicidal Tendencies – Suicidal Tendencies (1983, 28 minutes)
Jeune, j’essayais de faire du playback sur « Possessed » (2’07), « Fascist Pig » (1’18), ou « Two-Sided Politics » (1’04). Même avec les paroles sous les yeux, c’était injouable. En même temps on n’y voyait pas grand chose, avec ce putain de bandana. (Pierre Jouan)
), Coltrane est devenu un impossible mange-solfège prétentieux capable de tout saboter sur son passage – y compris quand son pote Cannonball l’invitait à jammer sur des turnarounds funky ultra basiques. Om/10 (Loïg Hascoat)
Creedence Clearwater Revival – Green River (1969, 29 minutes)
A l’époque où j’ai découvert Creedence Clearwater Revival, j’étais un jeune cinéphile avide de découvertes. J’adorais Sean Penn, et son premier film, Indian Runner, était projeté au Forum des Images – qui s’appelait encore la Vidéothèque de Paris – à l’occasion de la rediffusion de la Quinzaine des Réalisateurs cannoise. Autant dire que j’étais dans l’épicentre du cool, d’autant que je venais de voir un film dans lequel Dennis Hopper violait Barbara Hershey avec une bouteille de coca. J’étais super chaud. Le film s’ouvrait sur le titre éponyme de l’album des frères Fogerty. Je ne m’en suis jamais remis. J’ai écouté la BO du film en boucle jusqu’à ce que la bande de la cassette me lâche. Puis j’ai écouté Green River encore et encore. J’ai depuis abandonné tout espoir que Sean Penn refasse un bon film. Mais Green River, lui, tourne encore sur ma platine. (Virgile Iscan)
Nico – Desertshore (1970, 29 minutes)
Cet album respire la mort à plein nez. D’abord d’un point de vue totalement personnel parce qu’il tournait dans mon walkman K7 quand je suis tombé une nuit de vélo complètement ivre et que je me suis relevé la tête en sang (une chance que n’a pas eu Nico – mais avouez que la coïncidence est troublante). Ensuite parce qu’il comporte le titre « Je suis le petit chevalier » chanté par le fils de la chanteuse et Philippe Garrel et que c’est certainement le genre de morceau qui passe sur les navires Costa Croisière qui traversent le Styx. (Adrien Durand)
Prince – Dirty Mind (1980, 30 minutes)
Comment peut-on en vouloir à Prince de faire l’apologie du sexe oral, de l’hédonisme à tout prix et de l’amour éternel dans un même album (tout en posant en slip sur la pochette) ? Impossible : en 30 minutes, le nain lubrique de Minneapolis trouve le temps de faire la fête toute la nuit, faire rougir toutes les meufs de la planète, taper des solos jamais chiants, faire râler les ménagères de l’époque et tout ça sans jamais avoir l’air essoufflé. Ok, il a oublié de trouver une fin à « Uptown » et « Head » (les deux plus gros tubes de l’album), mais c’est pas grave. (Loïg Hascoat)
Aucun groupe de punk ne devrait avoir le droit de se reformer et de sortir un album vingt ans après leur premier, jamais, sous aucun prétexte. Sauf si la troisème chanson de leur album est un hymne à la caféine de 35 secondes. (Diane Lebel)
Combien de disques sortis après 1993 dans cette sélection ? Onze. Combien de disques sortis depuis 2010 dans cette sélection ? Quatre. Combien de disques français dans cette sélection ? Un seul. Pendant que vous courez comme des désespérés après les petits biscuits du bon Dieu, les parisiens de Hightower font tout ce qu’il faut faire : ils enregistrent un disque vital, nerveux, euphorique, tournent comme des porcs aux quatre coins de l’Univers-Monde et se font haïr par tout un tas de pignoles. Et offrent la seule réponse valable à l’hystérie qui gronde, là, dehors : Ouais. Super. On s’en cague. (Lelo Jimmy Batista)