L’automne est très injustement considérée comme cette saison bâtarde pendant laquelle vous maudissez votre récente passivité estivale et détestez secrètement vos nouveaux collègues de travail. De fait, je comprends votre position : stagiaires incapables car à peine formés, météo grotesque qui vous pousse à pointer ridiculement habillé d’un manteau par dessus un simple tee-shirt et flux facebook qui se métamorphose nerveusement en soirée diapositives de vacances dans des îles paradisiaques. Chérissez votre haine et votre manteau : vous êtes prêts à partir aux champignons.
Un mauvais équipement rendra votre balade infernale donc n’en faîtes pas trop et ne vous embarrassez pas d’un panier : c’est lourd, pas pratique et vous allez bientôt découper votre récolte en succulents petits morceaux : un pochon en plastique fera l’affaire. Appelez un pote ou deux (c’est le maximum si vous espérez croiser une hermine ou un chevreuil). À ce propos, une fois rodé, profitez de votre sagacité pour inviter la nouvelle stagiaire à vous suivre : les meufs adorent ça.
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LES TROMPETTES DE LA MORT, Craterellus cornucopioides
Elles résonnent généralement autour de la fête des morts. Plus discret que les autres champignons à cause de sa robe noire, il a quand même pour lui l’avantage de pousser en meute, à l’instar de la plupart des autres chanterelles (ces champignons qui ressemblent à un drôle de vagin).
Goût : Poivré (pas autant que le pied-de-mouton) et délicat. Comme la plupart des champignons, préférez-les fricassés avec quelques échalotes et des herbes.
Teneur musicale : Clinquant et puissant, comme l’intro d’un concert de Behemoth.
LE BOLET DE SATAN, Boletus satanas
Déjà présent depuis le début de l’été, il pue et vous rendra totalement malade. À moins d’être profondément débile, laissez-le là où il est : le système digestif des chevreuils est fait pour eux.
Goût : On parle d’un champignon vénéneux les gars.
Teneur musicale : Coloré, venimeux et accrocheur : pensez à la pochette d’un album de Municipal Waste.
LES RONDS DE SORCIÈRES DE COULEMELLES, Macrolepiota procera
En Bretagne, ces cercles de champignons sont la trace incontestable d’une danse maudite de korrigans. D’ailleurs, à la manière de ces petites créatures fantastiques, les coulemelles peuvent être totalement maléfiques –si vous les confondez avec les mortelles lépiotes brunes– ou merveilleusement bonnes –en omelette par exemple.
Goût : Assez prononcé et épicé. Peut devenir écoeurant si vous en mangez trop. Plus généralement, évitez de vous faire plus de 500 grammes de champignons d’un coup : ils ont tendance à très bien absorber tous les métaux lourds de type plomb, cadmium ou mercure.
Teneur musicale : Facétieux sans être jamais vraiment drôles, on se rapproche tranquillement des débuts de The Dwarves.
LE SATYRE PUANT, Phallus impudicus
C’est le priapisme de la forêt, le zob maudit de Gaïa, le bout dur qui sort de la mousse molle. Cette grosse bite qui pue n’est pas franchement savoureuse (seules les couilles sont comestibles tant que la verge n’a pas poussé), mais fera glousser la nouvelle stagiaire.
Goût : Les couilles ont un léger goût de radis noir.
Teneur musicale : Ce pénis sent aussi mauvais qu’un album de Torsofuck.
LE CHAMPIGNON DES FOUS, Amanita muscaria
La célèbre amanite tue-mouches est utilisée depuis des millénaires à des fins récréatives ou shamaniques. Le pépin c’est que la plupart du temps, les effets du champignon sont parfaitement imprévisibles, peu importe votre corpulence ou la dose avalée. Le seul truc dont vous pouvez être certains, c’est que vous allez choper d’horribles migraines et vomir, longtemps.
Goût : Comme tous les champignons hallucinogènes, c’est absolument dégueulasse.
Teneur musicale : Vous vous souvenez de la fois où Ozzy a sniffé des fourmis ? On en est là.
L’ANGE DE LA MORT, Amanita virosa
Avec sa fragile robe blanche délicatement déchirée et sa capacité létale à vous détruire littéralement le foie en une semaine, cette splendide amanite est un putain de fantôme qui hante les cauchemars des mycologues.
Goût : C’est le goût de la mort, évitez à tout prix cette fonge damnée.
Teneur musicale : Vous voyez très bien de quoi il est question.
MYCÈNE SANGUINOLENT, Mycena sanguinolenta
MYCÈNE SANGUINOLENT, Mycena sanguinolenta
Tout le monde ignore ce petit mycène. En plus de ne pas être comestible, il est rachitique et purulent. C’est d’ailleurs son seul intérêt : si vous le coupez, vous verrez un petit jus rougeâtre s’écouler.
Goût : Aucune idée.
Teneur musicale : Du faux sang mais pas de violence : c’est le crédo d’Alice Cooper.
MARASME D’ORÉADE, Marasmius oreades
Il pousse également en ronds de sorcières et fait partie de la famille des marasmius, les champignons qui résistent à la pourriture. Malgré son nom qui transpire la tristesse (les oréades étant des nymphes des montagnes), le marasme s’avère être particulièrement goûtu.
Goût : Très surprenant, il a une saveur de noisette. Profitez-en pour le cuisiner avec un poisson gras.
Teneur musicale : On n’a pas vu des meufs être aussi contentes de tirer la gueule depuis les Breeders.
PHOLIOTE DESTRUCTRICE, Pholiota destruens
Comme les autres pholiotes, celles-ci sont comestibles mais immangeables car trop amères. Elles étaient autrefois utilisées justement comme vomitif en cas d’ingestion de champignons vénéneux. Vous les trouverez facilement sur des bois malades ou en fin de vie, qu’elles détruisent en se nourrissant de leur chaires mortes.
Goût : Le goût de ce que vous venez de digérer après l’avoir dégorgé.
Teneur musicale : Les gargouilles les plus sèches de l’histoire ont déjà dégueulé une quinzaine d’albums, mais rien ne fera autant d’effet qu’Under a Funeral Moon.
ENTOLOME LIVIDE, Entoloma sinuatum
Gros connard qui ressemble à un paquet d’autres champignons (oui parce qu’il change de couleurs selon son âge), l’entolome livide vous donnera une énorme diarrhée et vous clouera au lit pendant 3 ou 4 jours.
Goût : Celui de la honte et de la défaite.
Teneur musicale : Des copieurs qui filent la chiasse ? Red Fang.
Une dernière chose : pour être sûrs d’avoir pris les bons champignons, montrez votre récolte à votre pharmacien (faites-le vraiment).