Culture

Le Guide ultime des films du Studio Ghibli

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Sur Instagram, vous tombez nez à nez avec Chihiro et Totoro. Vos amis ne cessent de se vanter de leurs crises de larmes sur la B.O du Tombeau des Lucioles, et votre sœur vous parle avec excitation de Hauru, un sorcier séduisant et indisponible sur le plan émotionnel. De votre côté, vous vous demandez pourquoi tout le monde en fait tout un plat.

C’est que ça fait plus de trente ans que le Studio Ghibli émerveille les fans de tous âges avec son éventail de longs et courts métrages d’animation japonais. À sa tête on retrouve le légendaire Hayao Miyazaki, entouré de son duo de collaborateurs de confiance, Isao Takahata et Toshio Suzuki. Dès ses débuts, la société basée à Tokyo a été l’objet d’un véritable culte. Elle a depuis connu un succès grand public, battant des records, entrant dans l’histoire des Oscars et conquérant critiques et fans de cinéma avec un catalogue riche de plus de 24 films et séries TV.

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Demandez à n’importe quel fan : tous vous diront à quel point les films Ghibli ont changé leurs vies et pointeront l’incroyable attention portée aux détails. Mais il ne vous suffira pas de mater quelques extraits de films doublés en anglais sur YouTube pour capter l’essence même du truc : cela nécessite du temps et du dévouement. Vous trouverez ci-dessous un guide des films Ghibli qui vous feront entrer comme il se doit dans l’univers de Miyazaki.

https://twitter.com/TheGhibliFamily/status/1492785622658039811

N. B. Les films du Studio Ghibli sont l’incarnation même de la culture japonaise. Si vous le pouvez, regardez-les dans leur version originale, authentique et japonaise, avec sous-titres. Car comme l’a dit un autre réalisateur asiatique de légende, « une fois que vous aurez franchi la barrière des sous-titres », cela vous ouvrira la porte vers bien d’autres films étonnants.

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“Ponyo.” Photo: Studio Ghibli, courtesy of Gkids

Vous voulez des sorcières, des magiciens et de la magie ?

Bonne nouvelle pour vous puisque Studio Ghibli rime avec magie : sorcières, magiciens, esprits et étranges métamorphoses peuplent les films d’animation. Et il va sans dire que Miyazaki et son équipe de réalisateurs et scénaristes ne radinent pas sur les effets, qui sont presque tous le résultat d’un travail acharné et d’investissements élevés. La production la plus importante et la plus réussie du studio, Le Voyage de Chihiro, déborde de magie, de spiritualité et des complications qui l’accompagnent — un peu comme Alice au pays des merveilles, mais avec plus de profondeur et de maturité.

Dans ce film, une fillette nommée Chihiro se retrouve piégée dans le monde des esprits et est forcée de regarder ses parents se faire changer en porcs par la sorcière Yubaba. Seule, perdue et effrayée (qui ne le serait pas), elle trouve du travail dans un centre wellness pour esprits et est amenée à prendre de grosses décisions avec l’aide de ses nouveaux amis esprits.

Quand il s’agit de sorcières et de magiciens, Kiki la petite sorcière est également un choix évident parmi le catalogue Ghibli. Avec son balai, son chat noir et ses pouvoirs magiques, la jeune Kiki donne le change. Elle quitte le confort de son foyer pour se faire une place dans le monde mais finit par se battre pour survivre tout en faisant ce qu’elle aime (bravo). L’épuisement finit pourtant par prendre le dessus, et Kiki perd ses pouvoirs magiques. Elle découvre alors l’importance de prendre soin d’elle-même pour renouer avec son inner-self. Le guide parfait pour le millenial déprimé et fauché que vous êtes.

Films conseillés : Le Voyage de Chihiro, Kiki la petite sorcière, Le Château dans le ciel, Le Château ambulant, Aya et la Sorcière.

Timing : à regarder quand vous babysittez de jeunes sorcières en herbe, à Halloween ou simplement lors d’un samedi soir de chill.  

À voir si vous aimez : Sabrina l’apprentie sorcière, Les Nouvelles Aventures de Sabrina, Ma sorcière bien-aimée, Le Magicien d’Oz.

Vous aimez la nature et l’écologie ?

L’amour et le respect de Miyazaki pour l’environnement ne sont des secrets pour personne. Pour lui, l’environnementalisme est aussi une question de pouvoir, et ce message transparaît dans plusieurs chefs-d’œuvre du Studio Ghibli : Princesse Mononoké, Nausicaä de la Vallée du Vent, Pom Poko et, bien sûr, Mon voisin Totoro. « Nous ne subordonnons jamais le cadre naturel aux personnages » a un jour déclaré Miyazaki dans un entretien à la presse japonaise. « C’est parce que nous pensons que le monde est un endroit merveilleux… Que la météo, le temps, les rayons du soleil, les plantes, l’eau et le vent qui composent le paysage sont des éléments magnifiques. Nous nous efforçons autant que possible de les intégrer à notre travail. »

Un monde enveloppé de jungles toxiques et dominé par des insectes mutants géants est le cadre de Nausicaä de la Vallée du Vent, le célèbre conte post-apocalyptique de Miyazaki où la vie grouille et menace la survie de l’humanité, alors au bord de l’extinction.

Le Voyage de Chihiro aborde des questions environnementales telles que la pollution de l’eau et l’exploitation abusive de la terre par le biais de ses rivières submergées par les déchets humains. Et finalement, on peut voir Princesse Mononoké comme un conte survivaliste qui se déroule dans un monde à la fois beau et sombre où les humains sont en guerre totale les uns contre les autres, mais également contre l’environnement.

Arbres, prairies, rivières et ruisseaux limpides : Mon voisin Totoro regorge de scènes mettant en lumière la beauté de la nature. Ce film adoré des enfants raconte l’histoire des sœurs Satsuki et Mei. Elles découvrent l’ivresse de l’aventure alors qu’elles déménagent à la campagne avec leur père pendant que leur mère est à l’hôpital. En chemin, elles rencontrent un groupe d’esprits de la forêt et se lient d’amitié avec le plus grand d’entre eux : Totoro, qui contrôle les éléments.

Films conseillés : Le Voyage de Chihiro, Princess Mononoke, Mon voisin Totoro, Nausicaä de la Vallée du Vent, Pom Poko, La Tortue Rouge, Le Conte de la Princesse Kaguya 

Timing : à regarder quand vous avez besoin d’une vague d’optimisme, souffrez d’éco-anxiété, ou voulez simplement tirer parti d’un jour de pluie.

À voir si vous aimez : Avatar, Pocahontas, Okja, Les Aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de FernGully.

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“My Neighbor Totoro.” Photo: Studio Ghibli, courtesy of Gkids

Vous voulez quelque chose d’un peu loufoque ?

L’une des grandes qualités des films Ghibli, c’est sans doute leur capacité à vous donner envie d’être gosse à nouveau. Tout comme Mon voisin Totoro, Ponyo sur la falaiseest un film léger et ludique – presque absurde pourrait-on dire : une princesse poisson rouge tombe follement amoureuse d’un garçon humain nommé Sosuke. Personne ne sourcille lorsqu’elle finit par mettre en danger le village de son chéri tout en exprimant son désir de rester avec lui pour toujours. Un conte jouissif dans la même veine que La Petite Sirène, mais bien plus farfelu.

Dans Le Royaume des Chats, Haru, une lycéenne timide, se retrouve transformée en chat après en avoir sauvé un des affres de la circulation. L’animal secouru n’est rien d’autre que Lune, prince du Royaume des Chats (oui, oui), et le nouveau couple se marie. On vous le dit tout de suite : il est inutile d’essayer de comprendre ce film. Asseyez-vous, détendez-vous et profitez des pitreries de Muta, un gros chat effronté et grincheux qui se révèle être Renaldo Moon, le célèbre criminel qui aurait dévoré en une fois tous les poissons d’un lac.

Films conseillés : Le Royaume des chats, Pom Poko, Ponyo sur la falaise, Porco Rosso.

Timing : à regarder quand vous vous sentez d’humeur enjouée, gardez des kids ou avez besoin d’un break pour échapper au stress et à la monotonie du quotidien.

À voir si vous aimez : Les Aristochats, les chats, les films de la franchise Cats & Dogs.

Vous avez besoin de personnages féminins badass et indépendants ?

Miyazaki s’est directement démarqué en créant des protagonistes féminins forts et attachants au travers de jeunes héroïnes qui décident de leur propre vie. « Je voulais faire un film spécialement adressé aux petites filles de mes amis », a un jour déclaré Miyazaki en faisant référence à son chef-d’œuvre Le Voyage de Chihiro, centré sur l’histoire d’une gamine qui doit surmonter des épreuves et un stress incroyables pour venir en aide à ses parents.

La sorcière Kiki, la jeune louve de Princesse Mononoké et la Sophie aux cheveux argentés du Château ambulant sont d’autres exemples d’héroïnes emblématiques de Ghibli.

Dans Souvenirs de Marnie, Anna est envoyée par ses parents adoptifs vers une ville perdue au milieu des marais. Elle y rencontre la mystérieuse Marnie et les deux jeunes filles passent l’été ensemble. Tandis qu’Anna doit faire face à sa dépression, Marnie doit batailler avec ses secrets. Il s’agit d’une approche rare de Ghibli, qui traite ici de notions comme l’abandon, la perte émotionnelle et la rupture, décrites avec brio à mesure que l’amitié entre les jeunes filles se délite sous nos yeux.

Mais l’héroïne la plus sous-estimée de tous les films Ghibli est peut-être bien Takeo, une Tokyoïte célibataire d’une vingtaine d’années qui va trouver amour et apaisement à la campagne. Ode puissante à la nostalgie et à la beauté de l’enfance, Une Nuit Seulement est une expérience transformatrice à laquelle toute femme peut s’identifier.

Sa scène finale (sur une reprise de The Rose de Bette Midler par la chanteuse japonaise Miyako Harumi) pourrait bien être le plus grand et le plus touchant des adieux à l’enfance et à l’innocence jamais filmés.

Films conseillés : Princess Mononoke, Le Voyage de Chihiro, Kiki la petite sorcière, Le Château ambulant, Une Nuit Seulement, Souvenirs de Marnie.  

Timing : à regarder quand vous êtes entre potes ou que vous avez besoin d’un boost de confiance en vos propres capacités.

À voir si vous aimez : Anastasia, Les Quatre Filles du docteur March, Lady Bird, Moana, À tous les garçons que j’ai aimés, Captain Marvel.

Vous êtes prêt pour une plongée dans l’Histoire ?

Présenté comme le Ghibli le plus sombre et le plus difficile à regarder, Le Tombeau des Lucioles a également été proclamé comme « l’un des plus grands films de guerre jamais réalisés ». Le film raconte l’horreur de la guerre et les déchirements qui accompagnent cette tragédie. Réalisé par le regretté Isao Takahata, on y suit deux orphelins affamés et leur lutte désespérée pour survivre pendant les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale.

https://www.youtube.com/watch?v=_ovJGnjOjx4

Un autre candidat bien placé dans cette catégorie est Le Vent se lève, le biopic doux-amer et émouvant de Miyazaki sur le concepteur d’avions japonais Jiro Horikoshi. Horikoshi était l’ingénieur en chef du Mitsubishi A6M Zero, l’avion de combat que l’armée japonaise allait utiliser pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment lors de l’attaque de Pearl Harbor. Dans la plus pure tradition des biopics, le film associe le désir enfantin d’Horikoshi de créer l’avion parfait à une histoire d’amour déçu.

https://www.youtube.com/watch?v=vh57zcmI3WQ

Dans l’une des nombreuses scènes épisodiques, Miyazaki réussit à recréer le tremblement de terre de Kanto (1923) qui avait fait énormément de victimes et était alors considéré à l’époque comme la pire catastrophe naturelle advenue au Japon. La douleur, le chaos et la dévastation sont capturés et dépeints avec brio dans une séquence de quatre secondes, dont Miyazaki a révélé qu’il avait fallu treize mois pour l’animer.

L’histoire d’un premier amour qui se déroule dans le Yokohama d’après-guerre de La Colline aux coquelicots vous donnera des papillons dans le ventre. À 16 ans, la jeune et prudente Umi s’occupe de sa famille dans une pension située au sommet d’une colline, où elle hisse quotidiennement les drapeaux de signalisation de la marine pour souhaiter un bon voyage aux navires qui passent dans le port en contrebas. Elle tombe amoureuse de son camarade de classe Shun, intelligent et fringant, mais un secret de famille datant de la guerre risque de les séparer. L’histoire se déroule dans un Japon en pleine modernisation et plongé dans les préparatifs des JO d’été de 1964, dont la nostalgie pittoresque est capturée dans le plus pur style Ghibli.

À ne pas manquer : la scène où passe « Sukiyaki », le tube japonais emblématique de 1963 qui évoque à merveille la tristesse et la perte.

Films conseillés : Le Tombeau des lucioles, Le Vent se lève, La Colline aux coquelicots.

Timing : quand vous vous sentirez assez fort moralement.

À voir si vous aimez : Quand souffle le vent, Le Géant de Fer, Persepolis, Parvana, Une enfance en Afghanistan (même si ces Ghibli-ci sont vraiment incomparables…)