Fin des années 1980, alors que le cœur de l’Hexagone alternatif bat pour la Mano Negra et les Négresses Vertes, d’autres jeunes rebelles ont le regard tourné ailleurs : vers la Californie. Depuis quelques années, ce qu’on appelle le « skaterock », mélange de punk, de hardcore, de metal et de planches à roulettes, avec un seul objectif : la vitesse, déferle sur la côte ouest américaine à l’initiative des têtes de gondoles du genre : Suicidal Tendencies.
On ne va pas vous refaire l’histoire. C’est d’ailleurs avec eux que s’ouvre cet épisode criminellement oublié de l’émission d’Antenne 2 (aujourd’hui France 2), Les Enfants du rock. On y voit le groupe de Venice jouer son hymne, « Possessed To Skate », entrecoupé d’images de skateurs défonçant un pool. Elles sont extraites du clip du groupe, un an avant qu’ils ne signent sur la major Epic et ne se mettent à dos une partie de la scène punk. Mais ce n’est pas le problème de Claude et Nadine, les deux reporters d’Antenne 2, qui découvrent ce paradis sur Terre où « l’on se joue des dangers, on les cherche même […], on s’affronte à coup de pirouettes, on se défonce à la musique skate, c’est-à-dire speed, vitesse », c’est-à-dire l’image vue de la France de la Californie sous Reagan.
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Le docu n’opte pas que pour la face spectaculaire de cette scène, mais s’immerge dans le quotidien des traîne-savates du coin ; Nadine rencontre Johnny Ray Bartel, (membre des Red Devils, Knitters, D.I.’s) un cœur tendre qui lui démontre les bienfaits de la ride à deux et la dextérité de son « rock skate gang », son groupe de skate-blues infernal. Leur devise ? « Beers, burgers, burritos & brats ! » Passons vite au jardin de D.I. où le groupe hardcore a monté une rampe pour les potes, pendant que le présentateur se moque gentiment des noms des groupes qui sont moins originaux que leurs tricks. C’est de bonne guerre. La scène qui suit où l’on voit le groupe jouer au Fender’s de Long Beach avec toute leur bande déchaînée vaut tous les clips du genre (ne faites cependant pas attention à tous les T-shirts, certains pourraient vous heurter). La pool party des Red Devils est vite effacée par le rappeur Skatemaster Tate qui conjugue parfaitement son amour des Beastie Boys, du « skate dur » et des chemises bariolées dans un final façon Thrashin’ ( Skate Gang en VF) dans les canaux asséchés de Los Angeles. 20 minutes de bonheur sans qui le reportage aussi mythique d’ Ushuaia qui suit (sorti sur TF1 trois ans plus tard) n’aurait jamais pu être possible, « attention, ils sont possédés par le skate ! »