Fini les théories illuminati ou reptiliennes, Emmanuel Macron est un homme comme les autres. La preuve ? Il aime bien les cordons-bleus. Vous en connaissez beaucoup des anciens banquiers d’affaire qui salivent devant une escalope de veau panée et fourrée au jambon et au fromage de Père Dodu ou le Gaulois ?
Lundi 8 mai, TF1 diffusait Les coulisses d’une victoire, docu de Yann L’Henoret consacré à la campagne d’Emmanuel Macron. Pendant 8 mois, le réalisateur a suivi le candidat d’En Marche ! dans les meetings, les déplacements et les réunions. Une aventure jalonnée de moments de gloires mais aussi de petites déceptions.
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Comme lors de ce déjeuner « improvisé » sur l’aire de la baie de Somme. Située sur l’A16, entre Paris et Calais, l’espace a été aménagé pour servir de « vitrine » du littoral picard à l’attention des touristes britanniques, des fans de compét’ de cerfs-volants à Berck-sur-mer ou des candidats à la présidentielle en vadrouille.
Sur l’aire de repos et de service autoroutière, on trouve un espace de restauration rapide, le Stratto, self-service qu’Emmanuel Macron et sa team décident d’investir. On sort les plateaux comme à la cantoche et on suit le même trajet balisé (boisson-plats-froids-plats-chauds) avant d’assister à un petit moment de gêne plutôt rigolo.
Dame du self : « Vous étiez habitué à manger à l’Arche peut-être ? »
Emmanuel Macron : « Oui je connaissais quand c’était l’Arche »
Dame du self : « Ça a changé. »
Emmanuel Macron : « Ça a changé je vois ça. »
Dame du self : « C’est Stratto maintenant. »
Emmanuel Macron : « C’est sympa. C’est quoi ? Qu’est-ce qu’il faut prendre ? Moi j’aime bien les cordons-bleus. »
Dame du self : « C’est avec le menu enfant. »
Emmanuel Macron : « Je vais prendre le saumon alors. »
Forcément, tout le monde a bien rigolé sur Internet. Il y avait ceux content d’apprendre ce que bouffe un candidat en campagne, ceux content d’apprendre qu’il y a une alternative aux Campanile et autres Courtepaille sur l’A16 et ceux content d’apprendre qu’ils ne sont pas les seuls à respecter le diktat du menu enfant.
Contacté par MUNCHIES, Pierre de Wulf, co-fondateur de la chaîne Stratto, se veut plus flexible. « Si vous avez envie d’un cordon-bleu, on vous le sert hors du menu enfant. C’est pareil avec le président Macron. On aurait pu lui servir mais on l’aurait fait à 6 euros au lieu de 4,80 euros. Je sais qu’il est jeune, mais le menu est plutôt réservé aux moins de 12 ans. »
Pour les fétichistes des restaus routiers, avant le Stratto, il y avait donc L’Arche, une cafétéria pensée comme un point de restauration rapide avec un système de buffet et un salad bar composées de crudités « variées et originales ». Comme l’indique encore le site, les clients pouvaient par exemple se « laisser tenter par le jambon braisé ».
En décembre dernier, la gestion de l’aire d’autoroute de la baie de Somme est passée sous pavillon d’une filiale de Shell, entraînant un changement gastronomique assez radical. Adieu L’Arche, bonjour le Stratto, une chaîne de restauration dédiée à la gastronomie italienne avec pizzas (« slappées selon la méthode traditionnelle »), pâtes, ciabattas ou focaccias notamment.
« On travaille beaucoup avec les pétroliers (comme Shell ou ENI-Agip) parce qu’on propose un concept pertinent. Le matin, tôt, des viennoiseries, le midi, des sandwichs qu’on peut manger sur le pouce et le soir, des plats chauds. Nos concurrents, c’est plutôt Paul ou la Brioche Dorée », ajoute de Wulf. « Nous faisons de la restauration rapide de qualité. Pas du haut de gamme », souligne-t-il. « J’insiste sur la différence. L’idée c’est de pouvoir satisfaire les ouvriers, les étudiants comme les avocats. On n’est pas Hermès, on ne va pas vous servir du speck à 200 euros le kilo. On doit être populaire. »
Sur Internet, les avis divergent déjà, entre les nostalgiques de l’Arche, en mode « c’était mieux avant », et ceux qui préfèrent la gastronomie italienne.
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Enfant des Hauts-de-France, Emmanuel Macron ne semble faire peu de cas de la disparition de L’Arche et sa sélection de produits régionaux (macarons d’Amiens, ficelle picarde, cidre de la Garenne, gâteau battu, bisteu ou tarte aux poireaux).
La suite de sa campagne est marquée par une autre petite frustration culinaire capturée par les caméras de L’Henoret, quand Brigitte, sa femme, lui suggère de ne pas « manger de saloperie » dans les coulisses du 1er débat. Lui répond. « Oh bah merde, donnez-moi de l’eau alors. » Un homme de compromis quoi.