Le fait de presser une Barbie et un Action Man l’un contre l’autre de manière vaguement érotique fait généralement partie du développement sexuel de l’être humain. Mais il arrive que certains enfants grandissent et continuent d’accoupler leurs figurines. Certains en font même leur gagne-pain. Bienvenue dans le monde du Lego porn.
L’agalmatophilie est l’attirance sexuelle pour les objets figuratifs. Les poupées sexuelles sont l’exemple le plus immédiat de cette paraphilie. Le Lego porn aussi.
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Plus vous cherchez du Lego porn, plus vous en voyez, et plus vous en voyez, plus vous vous demandez quelles sont les probabilités que l’un de vos proches en consomme. Il existe un subreddit dédié à ce fétichisme, avec 725 abonnés et seulement 15 posts en cinq ans, mais comme on dit, c’est la qualité qui compte et non la quantité, ce qui me laisse à penser que les gens sont plus nombreux à consommer du Lego porn qu’à en produire.
Il y a aussi le Big Lego Porn Album, un album qui répertorie certains des meilleurs exemples du genre, allant des BD inspirées du New Yorker mettant en scène des travailleurs du sexe version Lego aux obscurs crossovers avec des tentacules. Plusieurs de ces images comportent la mention drew.corrupt.net, un lien qui redirige désormais vers un blog en langue japonaise sur la maternité – a priori, rien à voir avec des jouets pratiquant le sexe hardcore. Cet album a accumulé plus de 34 000 vues.
« Ce n’est peut-être pas un fantasme qui se rattache tant aux Lego en soi, mais plutôt à l’humiliation et à la dégradation » – Carolanne Marcantonio, sexologue
r/legoporn présente quelques crossovers de r/bdsm avec des Lego. Bizarrement, le rendu est très artistique. Parmi les autres crossovers populaires, on retrouve ceux avec Harry Potter.
Une grande partie du Lego porn implique du fan art basé sur un personnage féminin appelé Wyldstyle, qui apparaît dans le film La Grande Aventure Lego sorti en 2014. Il ne faut pas longtemps pour comprendre pourquoi les gens se masturbent sur Wyldstyle en particulier : la figurine est doublée par Elizabeth Banks, elle est insolente et joue l’amour interdit du protagoniste du film. Elle porte aussi un body en cuir avec une fermeture éclair sur toute la longueur.
Ensuite, il y a les films en stop motion. « Lego Porn » de la Youtubeuse Kimberly Regan, mis en ligne en 2007, évoque l’esthétique des années 70 et le cliché du « livreur de pizza ». Le nombre de vues dépasse le million. Il est parfois difficile de faire la différence entre les parodies pornographiques et le vrai contenu fétichiste, mais cette vidéo tombe de toute évidence dans la première catégorie.
Tout cela est bien beau, mais la pépite du genre est sans conteste « French Anal Lego Sluts 7 », un film d’auteur mis en ligne en 2008 sur Pornhub. Le réalisateur anonyme a ajouté des seins et des pénis aux Lego, pour plus de réalisme. Ça, c’est de l’art. Et la vue sur la Tour Eiffel depuis la fenêtre apporte une très belle touche.
Je m’en voudrais de ne pas mentionner l’œuvre d’Alex Eylar, qui a utilisé des figurines Lego pour reconstituer des commentaires de vidéo pornographiques. Le résultat est à mourir de rire. Ce n’est pas tout à fait du « Lego porn », mais ça reste dans le thème.
J’ai demandé à Carolanne Marcantonio, sexologue et cofondatrice de Wiser Sex Therapy à New York, de m’aider à analyser le Lego porn en tant que fétichisme. « Les goûts sexuels sont vastes et en constante expansion, m’explique-t-elle par mail. Certaines personnes peuvent placer des Lego dans des positions suggestives simplement parce qu’elles trouvent ça drôle, d’autres parce que ça les excite sexuellement. Ce n’est peut-être pas un fantasme qui se rattache tant aux Lego en soi, mais plutôt à l’humiliation et à la dégradation. »
Mettre des figurines à l’effigie des humains dans des situations sexuelles ou dégradantes en attire certains, selon Marcantonio. C’est une façon de mettre en scène quelque chose qu’ils ne peuvent ou ne veulent pas faire dans la vie réelle. « Il y a bien sûr des moyens d’explorer ces désirs aussi dans la réalité, dans des contextes sûrs, sains et consensuels, poursuit-elle. Mais tout le monde n’est pas prêt à passer des jouets à la pratique avec d’autres êtres humains, et peut-être que pour certaines personnes, ce n’est pas le but ultime. Peut-être que leur excitation vient des jouets eux-mêmes. On ne peut pas le savoir tant qu’on ne leur demande pas. Et même alors, il se peut que la raison soit enracinée dans l’inconscient. »
Les mondes virtuels basés sur des blocs, comme Minecraft et Roblox, ont rendu plus facile que jamais la simulation d’actes fétichistes et sexuels à l’aide de mondes à construire. C’est comme faire baiser ses Sims, sauf qu’ils sont plus… carrés.
J’ai envoyé un mail au groupe Lego afin d’avoir leurs commentaires sur cette niche particulière de fans : pourquoi, selon eux, leurs produits sont-ils si attrayants pour ces personnes ? « Merci de nous avoir contactés, a répondu un porte-parole de Lego. Mais nous n’avons rien à apporter dans ce contexte, car cela n’a aucun rapport avec nous ou nos objectifs en tant qu’entreprise. »
Une réponse un peu plus austère que celle donnée par la porte-parole de Lego Emma Owen au Daily Star en 2016 : « Chaque jour, nous voyons des fans construire et créer toutes sortes de choses avec les produits LEGO®. Des choses qui parfois ne nous viendraient pas à l’esprit car, après tout, nous sommes une marque de jouets pour enfants. Mais c’est le but du jeu LEGO : chacun peut construire ce qu’il imagine. »
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