De lui, on ne connaissait rien, ou presque, avant qu’il monte sur le podium du marathon des JO de Rio en août dernier. Deuxième de l’épreuve de fond, le coureur éthiopien Feyisa Lilesa avait alors franchi la ligne d’arrivée en célébrant sa médaille d’une bien étrange manière. Les poings fermés, les deux bras croisés au-dessus de sa tête, il avait mimé l’attitude d’un prisonnier pour alerter l’opinion publique mondiale sur la situation politique de son pays.
En effet, le gouvernement éthiopien doit faire face depuis de longs mois déjà à un mouvement contestataire principalement mené par les Oromos, la principale ethnie du pays (35 millions de personnes). Cet été, Human Rights Watch annonçait déjà que 400 Oromos avaient trouvé la mort dans des affrontements avec les forces de l’ordre, sans parler des maltraitances et des incarcérations.
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Feyisa Lilesa, Oromo lui-même, avait alors montré tout son courage en s’engageant sur le sujet. Car prendre position n’est pas sans risque. Bien que le gouvernement d’Adis-Abeba lui ait assuré qu’il pouvait revenir de Rio sans risques, le coureur avait préféré prolonger son exil en s’installant aux Etats-Unis. Jusqu’à mardi, puisqu’il est finalement rentré au bercail le jour de la Saint-Valentin pour retrouver sa famille restée au pays.
A son arrivée à l’aéroport, Feysia Lilesa a serré sa famille dans ses bras. Assailli par la presse, il n’a pas dérogé d’un pouce à sa ligne revendicative affichée ces derniers mois : « J’espère que mon comportement inspirera plein de gens, les poussera à comprendre qu’il faut parfois se sacrifier personnellement pour remporter quelques victoires collectives. J’aimerais que plus de gens se battent pour leurs droits et résistent au gouvernement éthiopien. »
Depuis le mois d’octobre dernier, l’état d’urgence a été décrété pour 6 mois dans le pays.