Le monde politique réagit à l’irruption d’Atalante dans les bureaux de VICE

Lors d’un point de presse à la conférence C2 Montréal jeudi matin, le premier ministre du Québec Philippe Couillard a dénoncé les actions d’Atalante, dont les membres ont fait irruption dans les bureaux montréalais de VICE mercredi après-midi. « On doit condamner l’action et l’intimidation, surtout dans ce cas-ci envers des journalistes. On a le droit et le devoir de répondre à ces bêtises. Ce que ces gens ont fait, c’est brimer la liberté d’expression », a-t-il dit en entrevue ce matin. Cet après-midi, c’était au tour du premier ministre fédéral, Justin Trudeau, qui a affirmé que « l’incursion dans les locaux de VICE hier est un incident inquiétant, c’est un exemple d’intimidation des médias qui est absolument inacceptable ».

Plusieurs médias et journalistes ont aussi dénoncé l’intrusion du groupe anti-immigration dans nos bureaux. Patrick Lagacé, du quotidien La Presse, a notamment rappelé qu’en septembre 2000, un membre des Hells Angels s’en était pris au journaliste Michel Auger, qui couvrait la guerre du crime organisé. Le président de la Fédération des journalistes du Québec, Stéphane Giroux, y a vu une tentative de censure de la part d’Atalante : « C’est une nouvelle étape qui est franchie, et ça nous inquiète beaucoup. »

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Vers 16 heures mercredi, des membres du groupe ultranationaliste Atalante ont fait irruption dans les bureaux montréalais de VICE. Après qu’une employée a ouvert la porte à un homme tenant un bouquet de fleurs, une délégation de six ou sept hommes, tous masqués sauf un, est entrée en faisant jouer sur un haut-parleur Bluetooth la chanson-thème du jeu télévisé américain The Price is Right. Ils ont ensuite tourné en rond dans la salle de rédaction, en lançant un peu partout des nez de clown et des centaines de tracts. On pouvait y lire une citation attribuée à Napoléon contenant un habile jeu de mots : le mot vice a été remplacé par le logo de VICE, manipulé par des mains expertes à l’aide de MS Paint.

Ils ont également tenté d’intimider le journaliste Simon Coutu, en s’attroupant autour de son bureau pour lui remettre un trophée bricolé à la maison, sur lequel on pouvait lire « VICE média poubelle 2018 ». Raphaël Lévesque, dit Raf Stomper, a profité de son passage dans nos bureaux pour dire à Simon « un gros merci de la part de toutes les victimes de la guerre que vous essayez de partir ». Le groupe réagissait à un article paru la semaine dernière à propos des rapides incursions d’Atalante à Montréal qui se font de plus en plus fréquentes.