Alors que le procureur général des États-Unis a lancé une guerre contre les opiacés, le Département de l’administration pénitentiaire du Nevada a récupéré du fentanyl – un opiacé synthétique responsable d’une épidémie d’overdoses – pour exécuter un prisonnier.
Le fentanyl sera utilisé comme composant du cocktail administré aux condamnés à mort, en complément du diazépam (qui provoque une perte de conscience) et du cisatracurium (qui paralyse). Ce cocktail n’a jamais été utilisé dans le cadre d’une exécution, et certains experts doutent de son efficacité.
Videos by VICE
« L’utilisation de ces drogues pourrait mener à une exécution bâclée, ou constituer un cas de torture ou de morte lente, violant ainsi les protections détaillées dans la Constitution américaine, » a dit le directeur régional de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), Tod Story.
L’ACLU du Nevada cherche actuellement des voies légales pour s’opposer à cette exécution.
Scott Dozier, 46 ans, doit être exécuté le 14 novembre prochain, pour deux meurtres commis au début des années 2000. En 2002, Dozier a tué et démembré Jeremiah Miller, âgé de 22 ans. Au moment de son procès, il avait déjà été condamné à une peine de 22 années de prison pour le meurtre de Jasen Green, lié à une affaire de trafic de drogue.
L’exécution de Dozier sera la première depuis une dizaine d’années au Nevada. Elle aura lieu dans la nouvelle chambre d’exécution de l’État, rénovée l’année dernière pour près de 900 000 dollars.
Dozier dit vouloir être exécuté, promettant de retirer tout appel. Son avocat n’a pas pu être contacté.
Peu de détails ont été révélés sur l’exécution. Par exemple, on ne sait toujours pas dans quel ordre les drogues vont être administrées à Dozier.
Susi Vassallo, professeur de médecine d’urgence à la New York University (NYU), a dit au Marshall Project que ce protocole composé de trois drogues « n’avait pas beaucoup de sens. »
« Vous n’avez pas besoin de Valium [du diazépam] si vous avez du fentanyl, » a dit Vassallo, ajoutant que les deux drogues sont létales et provoquent une perte de conscience. La spécialiste dit qu’une importante dose de fentanyl devra être administrée pour tuer le condamné, ce qui va à l’encontre des anciens protocoles d’injections létales.
Le Département de l’administration pénitentiaire du Nevada n’a pas répondu à nos demandes de commentaires.
Le Nevada a essayé d’abolir la peine de mort en début d’année, mais après une audience tendue en mars dernier, la proposition de loi a échoué. Tick Segerblom, un sénateur du Nevada et opposant à la peine de mort, s’inquiète de la volonté de l’État d’avoir recours au fentanyl.
« Les gens se tuent – les addicts – avec le fentanyl, et maintenant l’État va faire la même chose à ce gars, » a dit le sénateur à VICE News.
Suivez VICE News sur Twitter : @vicenewsFR
Likez la page de VICE News sur Facebook : VICE News FR