Le parcours atypique du producteur EDM Michael Sparks

Malgré son jeune âge, Michael Sparks peut se vanter d’avoir un parcours qui en rendrait beaucoup jaloux. Encensé par des superstars comme Hardwell, Zeds Dead et Diplo, le Montréalais de 21 ans est en voie de devenir la prochaine grande star de la scène mondiale de l’electronic dance music.

Je l’ai rencontré avant son set à Île Soniq la fin de semaine dernière afin de lui parler de sa première job, des gens qui lui ont prêté main-forte jusqu’ici et de la raison pour laquelle il vaut mieux travailler que sortir.

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VICE : Tu mixes depuis trois ans, mais depuis combien de temps produis-tu?
Michael Sparks : Ça fait six ou sept ans. J’ai commencé avec le hardstyle, vu que j’étais déjà un fan de métal, de screamo. Et là, un jour, j’ai vu un set d’Afrojack et j’ai trouvé ça vraiment fou. Tout est parti de là.

Alors ce qui t’intéresse avant tout, c’est d’avoir des batteries et des basses très lourdes…
Exactement. C’était vraiment très dur de produire du hardstyle. Surtout à l’âge que j’avais, avec l’école et tout. C’est très technique et je n’avais pas toujours le temps de tout faire. Ce que je fais maintenant l’est aussi, mais je passe beaucoup de temps à le faire. Je suis toujours dans mon studio en train de travailler sur quelque chose, je ne sors pas beaucoup.

Michael à Île Soniq, samedi dernier. Crédit photo : Kenny Bee

Étant quelqu’un qui ne sort pas beaucoup, comment as-tu réussi à trouver un public?
Je crois que je sortais simplement aux bons moments. Je sors quand vient le temps de faire du networking. Mathieu, mon manager, m’a appris à bien parler aux gens, faire les bonnes connexions au bon instant. On m’a toujours appris que, si ce n’était pas pour quelque chose de très important, il vaut mieux rester chez soi et travailler, jusqu’à ce que tu sois certain d’être capable de faire de la musique pour le restant de ta vie.

Qui t’a remarqué en premier?
Je crois que c’était Hardwell. Ma première chanson sur un label, c’est grâce à lui. Mon ami Domeno, qui est un très bon ami à Hardwell, lui a fait écouter des chansons sur lesquelles je travaillais. Elles n’étaient pas finies, c’était vraiment des work in progress, mais il a aimé ce qu’il a entendu et a décidé de s’embarquer dans le projet avec moi. Je l’ai rencontré au Beachclub et après on est sorti au Muzique. On a fini la chanson juste avant Tomorrowland, et il l’a jouée en première là-bas.

Quel a été le moment déclencheur, celui où tu t’es dit « Ça y est, je quitte ma job et je fais ça à temps plein »?
C’est une de mes histoires préférées! Je travaillais dans un fast-food à l’époque et quelqu’un m’a dit : « Tu dois absolument aller à la Semaine de la musique de Miami. » Je venais de recevoir une carte de crédit, et je me suis caché dans les toilettes du fast-food. J’ai fait toutes les réservations là, sur mon téléphone, en moins de 15 minutes. Mon père est même venu avec moi! J’ai dit à mon boss que je partais en vacances, et une semaine plus tard je m’envolais pour Miami. À mon retour, je savais qu’il fallait que je quitte mon travail et que je me mette à la musique à temps plein. Je me disais que si je voulais me rendre là où je sentais que je devais être, je n’avais plus le temps de niaiser. Le temps, c’est de l’argent!

Il y a toute une sous-culture au Québec de producteurs de la scène EDM qui réussissent très bien à l’international, mais dont on n’entend jamais vraiment parler dans les médias de masse locaux. Pourquoi penses-tu que vous ne recevez pas la même attention médiatique que d’autres scènes musicales locales?
Je crois que c’est dû à l’absence de paroles. Plusieurs de mes chansons sont parmi les plus jouées dans les festivals partout dans le monde, et pourtant les médias locaux m’approchent rarement. Le manque de vocals fait que pour plusieurs gens, c’est le genre de musique qui restera toujours de la rave music. Par contre, je suis déjà en train de planifier mon prochain move, qui sera de collaborer avec des chanteurs montréalais, de faire des trucs mieux conçus pour la radio.

Justement, à ce sujet-là, tu es un gros fan de hip-hop. Est-ce que tu comptes un jour travailler avec des rappeurs?
Dans mes chansons, j’essaie toujours d’avoir un petit côté hip-hop d’Atlanta. Donc si je pouvais faire une chanson avec quelqu’un comme Playboi Carti ou Lil Uzi Vert, je serais vraiment hyper content. Mais je veux que ça garde un côté EDM. Des gens comme Carnage sont capables de faire ce mélange-là. J’aimerais me poser dans un studio avec un rappeur et faire de la musique pendant deux jours straight. Si j’arrive un jour à faire ça, ma vie sera vraiment complète.

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