S’il y a une chose qui ne va pas avec le monde moderne, c’est que le golf et le communisme ne s’aiment pas. Pour différentes raisons, sociales, économiques et culturelles, très peu de communistes jouent au golf et très peu de golfeurs s’identifient au communisme. Pouvez-vous imaginer Jordan Spieth feuilleter quelques pages de L’Idéologie allemande avant le neuvième trou ? Ou Roy McIlroy qui chante L’Internationale dans une voiturette ? Non, c’est impossible. Il y a bien une raison pour laquelle les golfeurs ont, au Masters d’Augusta, des vestes vertes et non rouges. Dans le monde du golf, les affinités pour le communisme sont un sujet tabou.
Jusqu’à cette semaine, c’était un peu pareil pour les fans de golf qui vivent dans un pays communiste. Surtout en Chine, pays qui possède une longue tradition d’interdiction et de censure. Mao avait interdit ce sport considérant que c’était un « sport pour les millionnaires ». Pour le grand Timonier, seuls les saboteurs, les larbins occidentaux et la bourgeoisie capitaliste peuvent faire la différence entre un sand wedge et un pitch wedge. On suppose qu’il avait collectivisé tous les terrains de golf existants et envoyé tous les caddies en centres de rééducation.
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Néanmoins, le golf a fait un retour discret en Chine dans les années 1980 et 1990. Comme quoi, le communisme hardcore peut faire une petite place au plaisir. L’Élite politique à commencé à pratiquer ce sport mais, malheureusement pour eux, il a été de nouveau interdit en 2015.
Dans le cadre de la politique de lutte contre la corruption menée par le président chinois Xi Jinping, il a été décidé que les terrains de golf étaient des foyers de spéculation et de corruption. « Comme les alcools forts et le tabac, les voitures de sport et les hôtels particuliers, le golf est un outil de relations publiques que les hommes d’affaires utilisent pour brancher des dirigeants », peut-on lire dans le New York Times. Du jour au lendemain, le golf est devenu un vice, à l’instar des œuvres de Trotsky.
Mais le Parti communiste chinois a cédé. Via un article paru dans Discipline Inspection and Supervision News, le journal officiel de l’agence de lutte contre la corruption, le PC a annoncé que, vu que « c’est seulement un sport, ce n’est ni bien mal de jouer au golf. » Bon, ce n’est pas pour autant que les communistes sont encouragés à jouer au golf hein. Le terrain de golf est toujours un territoire politiquement ambigu. Cependant, « ce n’est ni bien ni mal » d’aller sur un green de temps en temps. Ça ne peut être qu’une bonne chose.
Les golfeurs et les communistes peuvent donc désormais se mêler et profiter de cette liberté, somme toute relative. S’il le souhaite, Danny Willett pourra aller faire quelques putts avec les responsable du Parti de la province du Xinjiang et, qui sait, peut-être en apprendre un peu plus sur la production des tracteurs nationalisés. De même, Xi Jinping and co pourraient visiter le Wentworth Club et perfectionner leur swing avec Jeremy Corbyn.
Peut-être que, grâce à la coopération mutuelle, les golfeurs et les communistes pourraient se comprendre les uns et les autres. Imaginez un monde dans lequel tous les terrains de golf sont envahis par des communistes chinois et la Chine prise d’assaut par des golfeurs en cardigans. Si ce n’est pas de l’utopie, on ne sait pas ce que c’est.