Le Premier ministre canadien refuse d’augmenter le nombre de réfugiés accueillis par son pays, après la mort du jeune Aylan Kurdi, un petit garçon noyé quand son bateau de fortune a chaviré au large des côtes turques, alors qu’il essayait de trouver refuge au Canada.
Dans la nuit de mercredi, certains ont affirmé que le bambin et sa famille s’étaient vus refuser l’entrée au Canada, mais jeudi ses proches ont révélé que c’était en réalité l’oncle et la tante d’Aylan, ainsi que leurs enfants, qui n’avaient pas obtenu le statut de réfugié auprès des autorités canadiennes.
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Aylan, son frère de cinq ans et sa mère sont morts tous les trois alors qu’ils fuyaient depuis la Turquie vers une île grecque isolée. Seul leur père, Abdullah, a survécu. La famille avait quitté sa maison de Kobané, en Syrie, après de violents combats entre l’organisation État islamique (EI) et les milices kurdes.
Ce vendredi matin on apprenait qu’Abdullah rentrait à Kobané pour inhumer sa famille.
Lors d’un événement, dans le cadre d’une campagne électorale en Colombie britannique (province située dans l’ouest du Canada) le Premier ministre Stephen Harper a délivré des condoléances larmoyantes à la famille Kurdi, mais a rejeté les appels l’incitant à faire plus.
Un manifestant, arborant une chemise sur laquelle était écrit “Aylan pourrait être ici”, a été arrêté par le service de sécurité d’Harper avant que l’événement ne commence. L’homme a contacté Vice News avec son portable pour déclarer qu’il était poursuivi pour rébellion et trouble à l’ordre public.
« On peut devenir fou de chagrin quand l’on pense à ces millions de personnes en danger », a dit le Premier ministre Harper. « Nous faisons ce que nous pouvons pour aider. »
Harper a insisté sur le fait que, rapporté à sa population, le Canada faisait plus pour aider les réfugiés syriens que n’importe quel autre pays – une déclaration qui n’est confirmée par aucun chiffre.
Pour lui l’accueil des réfugiés n’est qu’une « petite partie » de la solution, la plus importante venant de la résolution directe des causes du départ des réfugiés.
Le gouvernement d’Harper a promis d’accueillir 20 000 réfugiés venus d’Irak et de Syrie d’ici 2020, une petite fraction de ce que promettent ses opposants, et un nombre éclipsé par l’engagement de certains États comme l’Allemagne, qui prévoit d’enregistrer 800 000 demandes d’asile pour la seule année 2015.
Le Canada a accepté 2 500 réfugiés syriens depuis le début de la crise, en refusant bien plus, comme ces membres de la famille Kurdi. On recense actuellement quatre millions de réfugiés syriens dans le monde
Cette année, lorsque Vice News a interviewé le ministre canadien de l’immigration, Chris Alexander, il déclarait qu’il y avait « près de 10 000 demandes en cours de la part de réfugiés syriens ».
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Fatima Kurdi, la tante d’ Aylan, avait tenté d’aider son plus vieux frère, Mohammad – l’oncle de l’enfant – à la rejoindre en Colombie britannique. La demande de Mohammad a été rejetée, selon elle, car il manquait un permis de travail turc, qui était inutile selon Mohammad.
Un porte-parole du ministère du Canada a déclaré que la demande avait « été renvoyée car elle était incomplète et ne remplissait pas les exigences réglementaires nécessaires à la reconnaissance de son statut de réfugié. »
Fatima a déclaré qu’elle prévoyait d’accueillir la famille d’Aylan au Canada lorsque Mohammad se serait installé. Lorsque la demande a été rejetée, ces plans ont été abandonnés.
Alors qu’on lui demandait si elle en voulait au gouvernement canadien, Fatima a répondu “oui”.
Lorsque l’image du corps d’Allan, étendu sur le sable d’une plage, est devenue le symbole de la détresse des migrants dans cette zone, il y a eu une confusion sur lequel des deux frères, Abdullah ou Mohammad, avait reçu l’aide de Fatima.
La tentative de parrainage de Fatima avait reçu le soutien de Fin Donnelly, élu local. Ensemble, ils ont écrit une lettre au ministre pour lui demander d’accélérer et d’accepter la requête.
« J’ai remis la lettre au ministre, et puis rien. On a attendu, et attendu, et il ne s’est rien passé », a dit Donnelly à CBC News. Alors que la lettre restait sans réponse, la demande de Kurdi a été refusée.
Fatima a appris la mort d’Allan comme le reste du monde – en voyant la photo de son cadavre. Le père du garçon a appelé le monde à agir pour trouver des solutions à ce problème.
Le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) a visé le gouvernement canadien pour son inefficacité.
« Ces petits garçons pourraient être en vie aujourd’hui, si le Canada avait répondu de manière plus appropriée à la crise des réfugiés syriens », a déclaré Loly Rico, le président du CCR. « Nous ne devrions pas avoir besoin d’attendre une tragédie comme celle-là pour réaliser que nous devons ouvrir nos portes. Nous réclamons de toute urgence que les Syriens avec de la famille au Canada soient autorisés à voyager immédiatement et puissent achever les procédures au Canada, où ils sont en sécurité. »
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La nouvelle du rejet de la demande de Mohammad Kurdi a été annoncée juste après que le ministre de l’immigration Chris Alexander est apparu à la télévision pour défendre les chiffres de son gouvernement sur le nombre de réfugiés syriens. Son apparition a rapidement été qualifiée de désastreuse.
Jeudi matin, Alexander a suspendu sa campagne de réélection et a promis de se remettre au travail pour aider les réfugiés à s’installer au Canada. « Je rencontre prochainement des représentants pour vérifier à la fois le cas de la famille Kurdi et faire le point sur la crise des migrants », a-t-il communiqué dans une déclaration.
Le ministre canadien de la Défense Jason Kanney a également annulé un événement à Toronto lors duquel de nouvelles mesures sécuritaires en matière d’immigration devaient être dévoilées.
Des partis d’opposition, le Nouveau parti démocrates (NDP) et le Parti libéral ont attaqué le bilan des Conservateurs sur ce dossier, en les accusant d’avoir échoué.
« Il est insupportable que nous ne fassions rien », a déclaré le leader du NPD Thomas Muclair devant une foule jeudi matin.
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