De nombreux facteurs peuvent inciter les gens à se ruer sur une bouteille d’alcool ; rupture amoureuse, décès d’un proche ou pastille humoristique de France Inter. Une nouvelle étude a révélé que le fait d’avoir des attentes élevées envers soi-même pouvait aussi en faire partie.
Menée par des chercheurs belges et publiée au début du mois dans Alcoholism : Clinical & Experimental Research, l’étude suggère que le perfectionnisme pourrait accroître la vulnérabilité d’une personne à la consommation excessive d’alcool. Elle révèle également que le trouble grave de l’alcoolisme – severe alcohol use disorder ou SAUD – est lié aux normes irréalistes que l’on s’applique à soi-même couplé à une sensibilité accrue à ce que l’on perçoit comme les attentes des autres.
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Bien sûr, il n’existe pas de formule exacte pour prédire les habitudes de consommation d’une personne, et le perfectionnisme n’est pas le seul facteur qui pousse à l’alcoolisme – parmi lesquels on trouve : la consommation d’alcool à un âge précoce, les antécédents familiaux en matière de picole, les niveaux de stress élevés et la pression des pairs. Néanmoins, l’étude peut éclairer certaines des façons dont l’alcoolisme se développe.
L’American Psychological Association définit le perfectionnisme comme une tendance à exiger de soi ou des autres un niveau de performance extrêmement élevé. Il est associé à la dépression, à l’anxiété, aux troubles alimentaires et à d’autres problèmes de santé mentale.
Le trouble de l’usage de l’alcool est un état pathologique caractérisé par une incapacité à contrôler ou à arrêter la consommation d’alcool malgré les répercussions sur la santé ou la vie sociale et professionnelle. Également appelé dépendance à l’alcool, addiction à l’alcool ou alcoolisme, le trouble de l’usage de l’alcool peut se manifester par des symptômes légers, modérés ou graves.
Pour mesurer la relation entre le perfectionnisme et le SAUD, les chercheurs ont examiné deux groupes de 65 adultes d’âge et de sexe similaires. L’un des groupes était composé de personnes atteintes de SAUD et l’autre de personnes non atteintes. Les deux groupes ont rempli l’échelle multidimensionnelle de perfectionnisme de Hewitt (un questionnaire qui mesure les traits de perfectionnisme) pour évaluer trois formes de perfectionnisme.
Le « perfectionnisme orienté vers soi » se caractérise par des attentes irréalistes et auto-imposées à l’égard de sa propre personne. Il est également lié à l’autocritique et à la dépression. Le « perfectionnisme imposé par la société » se caractérise par la perception d’attentes élevées de la part des autres personnes et par le désir de se montrer à la hauteur de ces normes. Les personnes atteintes de cette forme de perfectionnisme peuvent vivre avec des sentiments d’anxiété et d’insécurité en présence d’autres personnes. Le « perfectionnisme orienté vers l’autre » consiste à fixer des normes exagérément élevées pour les autres. Cette forme de perfectionnisme s’accompagne d’une propension à critiquer les autres en fonction de leur degré de conformité à ces normes.
Les chercheurs ont constaté que 79 % des participants atteints du SAUD présentaient un perfectionnisme autodidacte plus important que ceux du groupe témoin, et que 88 % des participants atteints du SAUD présentaient un perfectionnisme socialement prescrit plus important que ceux du groupe témoin. Les participants atteints de SAUD ont également signalé une anxiété et des symptômes dépressifs plus élevés. Il n’y avait pas de disparités significatives entre le perfectionnisme orienté vers les autres groupes.
« Cette constatation est conforme à ce que l’on sait des facteurs liés à l’individu et aux relations interpersonnelles dans les cas graves de TCA, tels qu’une baisse de l’estime de soi, une tendance à l’autocritique et une divergence entre le moi idéal et le moi réel des personnes », a déclaré la Research Society on Alcoholism.
Ce n’est pas la première étude qui établit un lien entre le perfectionnisme et la consommation problématique d’alcool. Des recherches antérieures ont déjà abouti à des conclusions similaires. Mais elle donne un aperçu de la manière dont l’alcoolisme peut être traité. Selon les chercheurs, le perfectionnisme pourrait constituer une cible thérapeutique précieuse pour les personnes souffrant de ce trouble.
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