La moitié des océans va changer de couleur du fait du réchauffement climatique d’ici 2100, affirme une étude publiée lundi 4 février dans Nature Communications.
Les surfaces bleues de nos mers et océans devraient s’assombrir, affirment l’étude dirigée par Stephanie Dutkiewicz, chercheuse et écologiste marine au MIT. En parallèle, les habitats marins aux teintes vertes devraient devenir encore plus verts.
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Ces changements de couleur seraient dûs à l’impact du réchauffement planétaire sur le phytoplancton, des micro-organismes végétaux en suspension dans les couches supérieures de l’océan.
Le phytoplancton vit grâce à la photosynthèse : frappée par le soleil, la chlorophylle lui permet de transformer le dioxyde de carbone et l’eau de son environnement en sucres. C’est la couleur verte de la chlorophylle qui donne sa teinte verte aux zones riches en phytoplancton, que l’on pourrait donc décrire comme un « pigment naturel » de l’océan. Les zones pauvres en phytoplancton tirent plutôt sur le bleu marine.
« À la fin du 21e siècle, on notera une différence de couleur notable pour 50% des océans » affirme Dutkiewicz dans un communiqué. « Cela pourrait s’avérer sérieux. Tous les types de phytoplancton n’absorbent pas la lumière de la même façon. Si le changement climatique entraîne des changements dans ces communautés, les chaînes alimentaires qu’elles peuvent supporter s’en ressentiront aussi. »
Des simulations informatiques ont permis à Stephanie Dutkiewicz et son équipe d’identifier des zones océaniques susceptibles de bleuir par manque de phytoplancton dans les décennies à venir, notamment les gyres subtropicaux. Le phytoplancton serait alors plus présent dans les eaux arctiques et antarctiques, qui prendraient donc une teinte émeraude.
La couleur des océans pourrait être un bon indicateur de l’effet du réchauffement climatique sur le phytoplancton. Ces organismes ne se contentent pas de former la base des chaînes alimentaires océaniques, ils produisent la moitié de l’oxygène de la planète et rejettent dix gigatonnes de dioxyde de carbone atmosphérique dans les profondeurs de l’océan chaque année d’après la NASA.
Il n’est pas exagéré de dire que le phytoplancton est l’un des systèmes vitaux de la planète. Or, l’augmentation des températures océaniques a balayé 40% de sa population depuis 1950. L’écosystème marin pourrait bien s’effondrer si ce nombre continue à grossir. Si l’alimentation des humains s’en ressentirait assurément, l’atmosphère pourrait aussi en souffrir : le taux d’oxygène dans l’air pourrait baisser et les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère exploser.
« La structure communautaire du phytoplancton, dont dépend largement l’aspect des océans, est à même d’afficher les signes les plus clairs et rapides de changements à la base de l’écosystème marin » avertissent Dutkiewicz et ses collègues dans leur article.
Les changements prédits pourraient échapper à l’oeil nu mais pas aux satellites d’observation. Surveiller les changements de couleur liés au climat permettra aux scientifiques de mesurer la santé du phytoplancton tout autour du monde. Des millions d’espèces pourraient bien en dépendre.