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Les 20 meilleurs disques de 2014

Voilà, ça y est, on y est, la dernière ligne droite, l’ultime baston, la queue du chinois, le face à face final contre les forces du mal : après les clips et les morceaux, on passe à la catégorie-reine, au festin de relous, à la bamboche des nerditos : le top albums 2014. Comme on dit chez le Commando COBRA : « Accroche-toi »


20. HAVE A NICE LIFE The Unnatural World (The Flenser)

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en boucle depuis onze mois
The Unnatural World 19. ALKPOTE L’Orgasmixtape (Alkpote) Alkpote
est un poète moderne L’Orgasmixtape «
désanussage »
18. C.A.R. My Friend (Kill The DJ)
ex-chanteuse de Battant, groupe mort dans la douleur 17. FOREVER PAVOT Rhapsode (Born Bad) Au rayon pop qualité France, les princes ont leurs habitudes : si, par tradition, on n’y trouve pas que du premier choix, on peut toujours compter sur Dorian Pimpernel, Orval Carlos Sibelius, Julien Gasc ou Aquaserge pour composer de véritables banquets de sultans. Nouvel invité à ces agapes 100 % prestige, Forever Pavot a mis cette année l’assemblée à l’amende avec Rhapsode,
16. TAULARD Les Abords Du Lycée (Taena Solium) Le lycée Champollion de Grenoble, la 1ère L option théâtre renforcé et les baisers volés devant la grille : à l’heure où chacun se démerde avec sa première fois, Taulard donnent déjà dans le rapport contraint, sans pour autant penser à mal. Les juges et les lois n’y feront rien, ces types ont une défense en béton ponctuée de mots d’amour maladroits et de synthés musclés. 15. HIGH-FUNCTIONING FLESH High-Functioning Flesh (DKA)
ce soupçon de punkitude décérebrée typiquement californienne 14. BODY COUNT Manslaughter (Sumerian) 13. LUST FOR YOUTH International (Sacred Bones)
les suédo-danois ont vu la lumière dans l’obscurité Perfect View , s’est confirmé depuis l’arrivée d’un nouveau membre à la guitare, Malthe, et l’acquisition des discographies complètes de Depeche Mode et de New Order, maxis compris, années 90 comprises.
International, toujours sur Sacred Bones Records, mérite une ovation de stade pour son sens du tube et son maniérisme : dressez-vous droit comme un X, mettez vous-nus, et tendez votre écharpe Posh Isolation bien haut au-dessus de votre tête.




12. KAARIS Or Noir Part. II (Therapy Music)
Sevran-Détroit. Therapy 2093 roule sur les zébras à bord de son AMX-10 RC et n’en a rien à foutre des règles de circulation du rap français, déjà que « Ciroc » sonnait comme une chute du laboratoire de Gerald Donald, sur la deuxième partie de Or Noir, sortie officiellement en mars 2014, le producteur du 93 et son poulain terrassent tout sur leur passage à l’aide de rafales tels que « Chargé », « Killé » et les désormais classiques « Sombre » et « S.E.V.R.A.N. ». 28 morceaux en tout, où planent le ghetto, le sordide et la guerre. N’en déplaisent à certains leaders d’opinion.




11. OBITUARY Inked In Blood (Relapse)
Si on avait pris comme critère le nombre d’écoutes par jour et par personne au bureau, le dixième album d’Obituary aurait très clairement fini premier de ce classement. Reichskommadatür de la rédaction, pigistes, stagiaires, tout le monde ou presque a carburé à cette merde durant les 3 semaines qui ont précédé et suivi sa sortie. Dans l’absolu, le meilleur album du groupe depuis facile World Demise. Dans les faits, pas dit qu’on l’écoute encore dans cinq ans mais qui sait ce qu’on écoutera encore dans cinq ans à part Mobb Deep et Thin Lizzy ?




10. CHEVEU Bum (Born Bad)
Techniquement, un des disques les plus beaux, fous et vitaux que vous pouviez entendre cette année, le seul enregistrement au monde capable de citer à la fois Bertrand Blier, Harmony Korine et l’affaire Markovic (mais pas en même temps), et de très, très loin le meilleur album de Cheveu à ce jour, ce qui, compte tenu du niveau absolument vertigineux de 1000, l’album précédent, n’est pas exactement rien. Ah, et la pochette défonce, comme d’habitude.




09. LEWIS L’Amour (Light In The Attic)
À la base, on avait dit « pas de rééditions », mais le fait est que 1/ personne ou presque n’a écouté ce disque au moment de sa sortie en 1983 et 2 / tout le monde ou presque l’a cité dans ses petits bulletins au moment de voter. Et pour être tout à fait honnête, il semblait plus qu’important, en 2014, ère de la nostalgie crasse et des reformations dégueulasses, d’honorer un disque dont l’auteur a autorisé le repressage, tout en écartant la possibilité d’être rétribué, déclarant au label : « Je vous souhaite beaucoup de succès. Je ne regarde pas vers le passé. Je fais d’autres choses aujourd’hui, que j’ai mis 40, 50 ans à écrire. Je ne cherche pas à gagner de l’argent, je ne cherche rien. Je fais juste de la guitare ». Ce n’est pas seulement la marque d’une classe impériale. C’est juste du putain de bon sens.




08. JUICY P Certifié Vrai 2 : La Plakette (Banque De Sons)
Dix piges à bourlinguer avec la LMC Click ont fait de
Juicy P un vétéran du rap-jeu français
La Plakette un peu comme Kriss Kross 07. IRON REAGAN The Tyranny Of Will (Relapse)
06. CULT OF YOUTH Final Days (Sacred Bones) Le côté partie de campagne avant la fin du monde réussit plutôt pas mal à Sean Ragon. Franchement, si une tempête de gluten menaçait de s’abattre sur la France ou que les armées de Daesh étaient aux portes de Paris, que trouveriez de mieux à faire qu’aller jouer des reprises de Death In June avec votre pote danois sur les pelouses des Buttes Chaumont ? Hein ?




05. SUN KIL MOON Benji (Caldo Verde)
Le héros de l’année. Pas juste parce qu’il a lancé et entretenu ce beef insensé avec les Dire Straits de l’an 3000 (The War On Drugs, au cas où vous n’auriez pas suivi). Mais parce qu’il a réussi, moins d’un an après le spectaculaire Like Rats, à revenir avec un chef d’oeuvre intégral. Malgré sa tête à arrêter les montres, ce type réussit, avec un naturel désarmant et une grâce absolue, à annihiler toute notion d’espace et de temps, et je ne connais personne d’autre capable d’arriver à un tel résultat avec juste une guitare en bois et une poignée de morceaux aux titres impossibles (« I Watched The Film The Song Remains The Same », « I Can’t Live Without My Mother’s Love »), dans lesquels on trouve un peu de tout, y compris de magnifiques solos de saxo.




04. JESSICA 93 Rise (Music Fear Satan/Teenage Menopause)
Sur Who Cares, son disque précédent, Geoff Laporte -le type derrière Jessica 93- donnait l’impression d’être loin, loin, très loin, vous commenciez à l’écouter qu’il était déjà à des millions de kilomètres, filant à toute vitesse dans un RER volant, trainant derrière lui les interminables boucles de ces morceaux complètement fous qui donnaient l’impression de ne jamais pouvoir s’arrêter et que vous auriez pu écouter des jours et des jours durant sans jamais vous lasser – ce que vous avez sans doute fait, d’ailleurs. Sur ce nouvel album, c’est comme si Geoff Laporte -le type derrière Jessica 93- était arrivé à un point bien précis en très haute altitude et qu’il s’était arrêté pour se laisser flotter un instant au coeur de la brume électrique et invoquer une puissance d’outre-monde représentée par des divinités mécaniques bardées de chrome, après quoi il aurait contemplé la ville à ses pieds, une ville gigantesque, s’étendant à perte de vue, et qu’il se serait laissé tomber droit dessus, bardé de 8000 méga-tonnes de Semtex. Faites-vous à cette idée : entier ou en miettes, vous allez devoir partager cette décennie avec Jessica 93.




03. COLD WORLD How The Gods Chill (Deathwish)
Vous aimez les polos à manches longues, les grosses baskets et conduire des 4×4 ? Vous aimez à la fois Leeway et Gucci Mane ? Vous vénérez Kool G Rap parce que ce mec avec un cheveu sur la langue partait avec un gros handicap. Sans aucun doute, How The Gods Chill est votre disque de l’année. Ce troisième album de Cold World, groupe hardcore formé en Pennsylvanie au début des années 2000, est pourri de tubes insensés et de featurings complètement « autres » (Kool G Rap donc, mais aussi Max B, Meyhem Lauren ou encore leur pote George du groupe Blacklisted). Et comme on l’avait prévu cet été, How The Gods Chill a été à 2014 ce que Manifest Decimation de Power Trip a été à 2013, une atomisation totale de la concurrence.




02. PEINE PERDUE No Souvenir (Cold Beats)
Si l’on excepte la prestation surtendue d’In Solitude à Glazart en octobre, le live de Peine Perdue le 26 avril dernier à Paris au Garage MU s’est véritablement imposé comme le concert le plus pandémoniaque de l’année. Preuve s’il en fallait qu’il faudra désormais compter avec ce duo franco-berlinois composé de la fantômatique Coco Gallo et du génial Stéphane Argillet (l’homme-machine de La Chatte) et dont le premier album, No Souvenir, a recouvert 2014 d’épais lambeaux de brume où plus rien ne brille, plus rien ne bouge, si ce n’est une pâle lueur sanglante et une petite odeur de mort sucrée.




01. SLEAFORD MODS Divide And Exit (Harbringer Sound)
Ben oui, vous vous attendiez à quoi ? Les Sleaford Mods ont su, une fois de plus, sur un vrai album, qui s’écoute en entier, sans une seconde à jeter, avec 14 titres féroces, hystériques, désespérés, plein de punchlines cagneuses mais tellement irréfutables (« Chumbawamba weren’t political / They were just crap »), poser la meilleure équation, la seule qui vaille : [(Énergie + Connerie) x (Haine + Hilarité)] x Mark E. Smith. REP à ça, 2014.