Un mardi matin pluvieux, Safia est allée bosser avec Mohamed Bourouissa à la Défense. Ils en ont profité pour évoquer Temps mort, sa série au portable en collaboration avec un prisonnier, sa pièce à l’effigie de Booba par la Monnaie de Paris, ses films en caméra cachée de vendeurs de clopes à Barbès et surtout, ils sont revenus sur la série Périphériques, des photos de banlieue composées comme un tableau du Caravage. Il a bien voulu lui filer une clé avec les photos de la série.
« Ma série Périphériques, c’est des mecs de partout. De Grigny, d’Argenteuil, de La Courneuve, là où étaient mes potes. Je n’ai pas fait de casting, je bossais avec les gens qui étaient là. Cette série m’a pris trois ans en tout. La photo était rapide à prendre, c’est la préparation qui était longue, d’abord je faisais des portraits des mecs qui étaient là, il fallait installer un rapport de confiance. Chaque image a pris environ un mois, plus le travail de retouche.
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Pour certaines des photos, je me suis inspiré de peintures. Pour Carré Rouge par exemple, je me suis fondé sur La Flagellation du Christ de Piero della Francesca pour la composition de l’image et la disposition des personnages. Comme il y a des discordances de perspectives dans le la peinture, j’ai dû bluffer sur les perspectives pour la photo. Elle met en scène l’entrée de quelqu’un dans le hall. C’est l’un des plus beaux halls que j’aie jamais vus.
L’idée c’est l’esthétique, l’esthétique doit servir à regarder et donc à réfléchir à ce qui nous est montré.
Je travaille sur l’humain, on est 7 milliards sur Terre, je suis entouré d’humains donc je parle de ce qui m’entoure. Je ne peux pas faire abstraction de ce qui m’entoure, si j’avais été entouré de vaches j’aurais parlé des vaches mais là c’est pas le cas.
Pas plus tard qu’hier, je me suis rendu compte que mon médium préféré, c’était la photo. En fait je suis photographe. »
Carré Rouge