La gentrification est mauvaise pour tout un tas de raisons, la principale étant qu’elle conduit inévitablement à une augmentation constante du prix des loyers et du coût de la vie. Résultat, les jeunes ont de plus en plus de mal à trouver un logement.
C’est aussi vrai à Barcelone que dans n’importe quelle grande ville. Selon la Chambre de l’immobilier urbain de la capitale catalane, le loyer mensuel moyen est de 950 euros, alors que le salaire mensuel minimum en Espagne est d’environ 1 050 euros.
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Le désir d’acquérir un espace de vie abordable est exploité par les propriétaires et les agences immobilières qui n’hésitent pas à entasser les locataires dans des espaces si minuscules qu’ils sont tout sauf dignes. La société Haibu 4.0, par exemple, propose des espaces de cohabitation pour 25 à 30 personnes, c’est-à-dire des logements divisés en cellules d’à peine trois mètres carrés. Son dirigeant, le promoteur immobilier Marc Olivé, prétend avoir inventé à Barcelone le concept de ces « appartements-ruches ». Il admet qu’ils ne sont en aucun cas décents, mais qu’ils représentent une solution à court terme à la crise du logement.
Le conseil municipal ayant déclaré ces appartements illégaux, ils sont actuellement gérés clandestinement. Malgré cela, Marc Olivé compte importer ce modèle dans toute l’Espagne, en Europe et aux Etats-Unis. S’il est un jour autorisé à opérer à découvert, Olivé prévoit de construire des appartements-ruches dans des parkings de centres commerciaux et dans d’autres grands espaces urbains ouverts.
Si Olivé est aussi confiant, cela vient probablement du fait que Haibu 4.0 est extrêmement bien financé. Une enquête menée par VICE Espagne a révélé que la société de développement est soutenue par un certain nombre de sociétés de capital-risque et d’investisseurs qui sont mêlés à une énorme affaire de corruption en Espagne, qui implique en partie le financement illégal du Parti populaire de droite.
Olivé a accepté de nous faire visiter une de ses propriétés secrètes à Barcelone. Nous y avons rencontré Héctor Cabañol, un père divorcé de deux petites filles qui travaille à temps partiel comme mécanicien de maintenance ferroviaire. Au vu de son salaire, dit-il, il n’a que deux choix : retourner vivre chez ses parents et être loin de ses filles, ou louer un appartement-ruche pour 150 euros par mois. « Il fait froid et les conditions ne sont pas idéales, mais je n’ai pas d’autre choix », dit-il.
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