Une tour de la centrale solaire d’Ivanpah, entourée de miroirs. Via Howard Ignatius/Flickr
Il y a quelques mois, 34 oiseaux ont été retrouvés morts ou blessés sur le site de la centrale solaire d’Ivanpah, développée par BrightSource Energy en Californie. Selon The Desert Sun, près de la moitié avaient perdu une partie de leur plumage en survolant les rayons de soleil reflétés par la centrale. Cet incident est loin d’être isolé : 19 autres oiseaux ont été retrouvés morts près de la centrale Desert Sunlight, également située en Californie.
Le désert californien est devenu un endroit privilégié pour la construction de centrales solaires, notamment pour ses vastes étendues et son abondance de soleil. Malheureusement, de nombreux oiseaux empruntent la voie migratoire du Pacifique, qui se trouve dans la même région. Malgré son emplacement idéal, ce lieu expose des hordes d’oiseaux à de terribles dangers. Deux options fatales se présentent à eux : la lumière émise par les panneaux solaires peut leur donner l’illusion de survoler un simple point d’eau, ce qui pousse la sauvagine à foncer dessus dans l’espoir d’y trouver un peu de nourriture – pour finalement se retrouver en train d’agoniser lentement au beau milieu du désert. Les autres s’exposent à la puissance divine du soleil. S’ils se trouvent au mauvais endroit, la radiation qui émane des panneaux solaires peut leur brûler les ailes – un peu comme dans l’histoire d’Icare, mais sans morale chiante à la fin.
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Les menaces anthropogéniques qui pèsent sur les oiseaux sont multiples, mais tout dépend de leur environnement. En ville, la transparence des fenêtres peut entraîner toutes sortes d’accidents. Ici, les statistiques diffèrent : l’American Bird Conservancy estime que 300 millions à un milliard d’oiseaux meurent chaque année en se prenant une fenêtre, tandis que l’US Fish and Wildlife Service situe le nombre de victimes entre 97 et 972 millions.
Quel que soit le vrai nombre de victimes, les accidents de fenêtres sont assez fréquents pour inciter certains architectes – comme ces types à Portland – à revoir leurs méthodes de construction. Il est difficile de savoir si les conséquences seront aussi graves avec les centrales solaires, sachant que la technologie solaire est une solution énergétique particulièrement récente. En comparaison, les chiffres sont presque dérisoires. Mais ils ne dévoilent qu’une partie de l’histoire : certaines victimes sont en voie de disparition ou protégées par la Convention concernant les oiseaux migrateurs.
À l’avenir, les scientifiques devront d’étudier les interactions entre les oiseaux migrateurs, leurs trajectoires respectives et la quête d’énergie solaire. Il faudra sans doute attendre un peu pour avoir des résultats. Des recherches ont déjà été menées sur la relation entre les oiseaux et l’énergie éolienne, et la plupart traite de centrales solaires bien plus petites que les projets entrepris à ce jour.
Comme Eric Davis l’a déclaré au Desert Sun, « les études sur les oiseaux migrateurs ne peuvent être menées sans migration. Il va falloir attendre des mois, voire des années pour mieux cerner ce problème. Une meilleure compréhension scientifique est nécessaire pour prendre des décisions plus réfléchies. »
Quand les recherches seront terminées, il sera temps de faire des calculs aussi morbides que désagréables. Comment réduire la mortalité des oiseaux migratoires ? Et puisqu’il n’existe pas de solution miracle, combien d’oiseaux devra-t-on accepter de sacrifier ? Heureusement, l’impact actuel est plutôt faible, mais ce type de problème rappelle que même les projets écolos peuvent avoir une mauvaise influence sur l’environnement.