Les échanges incendiaires entre Kim Jong-un et Donald Trump viennent enflammer un marché en particulier : celui de la préparation aux catastrophes nucléaires.
« J’ai un bouton nucléaire plus gros et plus puissant que le sien, et il fonctionne », twittait Trump en début de semaine. C’était une réponse directe au dirigeant de la Corée du Nord, qui avait dit avoir son bouton, fonctionnel, sur son bureau.
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Ce n’est pas la première fois que Trump gronde ainsi. En août, lorsqu’un rapport a indiqué que la Corée du Nord avait mis au point un missile balistique intercontinental à tête nucléaire, le président américain n’avait pas mâché ses mots en sommant Kim Jong-un de cesser de provoquer les États-Unis. « Ils feront face au feu, à la furie et à une puissance que le monde n’a jamais vus encore », avait tonné Trump en point de presse. Ce à quoi la Corée du Nord a répondu en menaçant la petite île américaine de Guam, située dans l’océan Pacifique.
Selon un reportage de Buzzfeed News, il y aurait un lien assez direct entre les envolées de Trump sur l’armement nucléaire et la vente de matériel de survie.
On y cite Troy Jones, le propriétaire d’un site internet sur lequel on vend des comprimés d’iodes qui empêchent le dépôt de radiations nucléaires dans la glande thyroïde, de même que des trousses d’urgence et des outils de filtration de l’eau.
D’après Jones, les ventes de ces produits sont généralement décuplées lorsque le président tweet à propos de son arsenal nucléaire. « Je n’ai même pas besoin de suivre les nouvelles. Les commandes commencent à rentrer, et je dis juste : “Bon, qu’est-ce qu’il a encore dit?” », illustre le propriétaire.
Si l’effet n’est pas aussi direct pour la vente d’abris nucléaires, Gary Lynch, propriétaire d’une entreprise texane de vente de bunkers, assure que les messages du président ont une influence sur la décision d’acheter. « C’est sûr que l’anxiété par rapport à la Corée du Nord ou l’Iran joue un rôle dans la décision de se construire un abri », estime-t-il, lui aussi en entrevue avec Buzzfeed.
Au Québec, on capote aussi?
De ce côté-ci de la frontière, l’engouement semble beaucoup moins grand pour ce genre de produits. Et un tweet sur un « gros bouton nucléaire » n’a certainement pas d’incidence sur les ventes.
Le propriétaire de la Boutique militaire Québec a pouffé de rire en répondant aux questions de VICE. « Non, on ne voit pas vraiment de différence. Je pense que c’est à cause du froid. Au Québec, en ce moment, le sujet de conversation, c’est le froid », a rigolé Pascal Lemieux.
Il y a quelques événements politiques qui ont pu stimuler la vente de certains produits, concède M. Lemieux. Il se rappelle que, quelque temps après que Kim Jong-un a menacé l’île de Guam, quelques clients sont venus se préparer au pire. Il estime avoir vendu une dizaine de masques à gaz et sept ou huit tenues de protection contre les produits chimiques au cours d’une période de deux semaines.
Du côté d’une boutique de plein air et de surplus de l’armée de Gatineau, où l’on vend du matériel de survie, la réponse est plus catégorique. « Personne n’en a parlé, personne n’a appelé, personne n’a même posé de question à ce sujet. Personne. Vous êtes la première à m’en parler », s’est exclamé Sam*, le propriétaire.
« De toute manière, je n’ai rien à vendre pour une guerre atomique. Qu’est-ce que j’ai à offrir contre de la radiation? Des gants? Des outils? De la nourriture déshydratée? », ajoute-t-il.
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S’il y a eu quelques événements qui ont créé un engouement dans son commerce, c’est la crise d’Oka, lors de laquelle les gens sont venus acheter plus de vêtements, et la panique de l’an 2000, qui a incité certaines personnes à faire le plein de rations de nourriture déshydratée et parfois de sacs de couchage ou de quelques vêtements, sans plus.
La neige fait plus peur aux Québécois
L’enjeu qui influence réellement les affaires, ces jours-ci, c’est plutôt la météo. Devant la vague de neige et de froid qui s’abat sur la province, Sam et Pascal Lemieux vendent plutôt des manteaux, des bas de laine, des mitaines, des bottes et des sous-vêtements chauds aux clients frigorifiés qui s’engouffrent dans leurs boutiques.
D’ailleurs, Sam ne voit pas matière à s’alarmer au sujet d’une attaque nucléaire, qu’il juge improbable. Il rejette une partie du blâme sur les médias en quête d’histoires juteuses qui font sensation.
« Pendant ce temps, il y a la Corée du Nord qui offre d’ouvrir le dialogue avec Séoul, en vue de leur participation aux Jeux olympiques. C’est une bonne chose, ça! Tu devrais écrire ça dans ton article, au lieu de parler d’une menace nucléaire. »
Justine de l’Église est sur Twitter.