Les plus cool de l’école secondaire sont des clichés, mais pas toujours bitchy

Je suis allée au Collège de l’Assomption. Mes souvenirs ne se résument pas à la sauce spéciale pour la pizza du jeudi midi, aux Cowboys Fringants ou à l’haleine du professeur de mathématiques. Je portais des t-shirts larges de touristes à Cuba et des jupes que je cousais à la main. Je ressemblais à Céline Dion parce que j’avais une permanente, son nez et la forme de son visage. Je ressemblais à Céline Dion avant qu’elle ne devienne une icône de la mode. Je n’étais pas populaire, mais j’ai toujours été fascinée par ceux qui voulaient l’être à tout prix, et ceux qui l’étaient, même s’ils ressemblaient à un mixte de comédien hilarant ou une banquière en corset trop serré.

Moins esthétiques qu’un film de Sofia Coppola sur des jeunes qui s’ennuient et moins trash qu’un film de Harmony Korine sur d’autres jeunes qui s’ennuient, mes souvenirs de ces cinq années formatrices se rapprochent parfois de la banalité. Toutefois, je ne suis pas la seule à conserver des images très précises des cliques populaires, qui semblaient parfois plus importantes que notre avenir.

Sur Facebook, j’ai interrogé des gens qui ont survécu aux crises de pleurs dans les toilettes afin de savoir si les clichés véhiculés sur les personnes les plus populaires au secondaire s’appliquaient à leurs souvenirs.

Baby Phat, hockey et concours de lipsync

Mélanie : « C’était un couple. Elle était blonde avec beaucoup d’attitude. Il était musclé chimiquement. Il avait aussi une voiture qui faisait beaucoup trop de bruit. Aujourd’hui, elle est barmaid, un peu cheap et cheesy, et monoparentale. Elle poste trop souvent sur Facebook des trucs pour promouvoir de l’alcool. Sylvain est rendu bouboule, avec un char qui fait du bruit, mais dix ans plus tard, c’est moins cool. »

Élie : « À Granby, c’est d’être dans les premiers à avoir un char qui te rend populaire. Ensuite, c’est la beauté physique et/ou comment loin tu es prêt à aller sexuellement. Le statut social joue aussi, si tu es un enfant de riches. »

Caroline : « Les personnes populaires à mon école secondaire étaient a) des joueurs de hockey ou b) les blondes des joueurs de hockey. Ces personnes étaient étonnamment sympathiques. Pas vraiment bitchy. Je me tenais quelques fois avec elles, mais plus souvent avec une gang de filles qui, elles, étaient bitchs pour aucune raison, surtout par jalousie, je crois. C’était genre la deuxième gang nice de l’école. C’était atroce se tenir avec elles. »

Laurie : « Les populaires étaient des filles brillantes, sportives, qui mangeaient bien et qui emmerdaient pas vraiment les autres. Elles portaient des marques style Vans et Adidas. »

Daisy
: « Les gars cool portaient deux polos Lacoste au “ popped collar” un par-dessus l’autre et écoutaient Lil Wayne, et ils aimaient obligatoirement le hockey. Points bonis s’ils étaient dans le programme Sport-études, ou comme on les appelait, les “sporto”. Les filles cool au début portaient Baby Phat pis à la fin c’était Guess pis Joshua Perets. Elles avaient aussi des mèches et s’habillaient sexy. Les filles cool avaient des piercing au nombril, mais pour les gars c’était le fameux piercing de sourcil. »

Lydia : « Les filles populaires portaient des pantalons vraiment taille basse avec une grosse ceinture purement décorative. Un petit toupet puffé sur le top, typique début 2000. »

Brenda : « Elles ressemblaient à des poupées Bratz, avaient un piercing dans le nombril, une belle mise en plis, des beaux ongles et un collier avec leur nom. »

Venice : « C’était pas clairement défini. Certaines personnes qui se la jouaient rebelle n’étaient en général pas universellement appréciées. Mon souvenir, c’est que tout le monde appréciait les membres impliqués du conseil étudiant, du journal, etc. Des gens qui pour la plupart sont encore impliqués dans des beaux projets. Moi, je m’habillais comme la chanteuse d’Evanescence, alors je ne me permettrai pas de juger ce qui était à la mode à l’époque. »

Lilith : « C’était ceux qui s’assumaient. Ils s’habillaient au surplus de l’armée, semblaient bien dans leur peau, fumaient et avaient l’air si cool. Mais dans une poly de Montréal, il y a tant de gens que chaque clique avait ses populaires. »

Vanessa : « Les animateurs de radio étudiante. Ils faisaient jouer du Jean Leloup à la radio ou du REM. Mais ils écoutaient du Bloodhound Gang et les Backstreet Boys en cachette. »

Ginger : « Le monde qui correspondait physiquement à ce que les revues nous montraient et ceux qui faisaient des partys dans leur (idéalement grosse) maison. J’allais dans une école à vocation artistique dans Outremont. Pas mal tout le monde se parlait, mais les plus populaires étaient des clichés de films pour ados. »

Gabrielle : « À Brossard, c’étaient les filles très sexy plutôt superficielles et les gars sportifs avec des chars. Genre copycat des ados populaires des films américains. Lors des réunions de secondaire, 10 et 20 ans plus tard, ces personnes-là ont des jobs plutôt ennuyantes, ont eu des enfants jeunes, n’ont pas pu voyager ailleurs que dans des tout-inclus, n’ont pas fait beaucoup d’études et ont reproduit la même vie que leurs parents qu’ils méprisaient à l’époque. La plupart habitent encore Brossard ou, les plus wild, à Laval. Ils sont gentils, par contre. »

Sydney : « Les gars les plus populaires de mon école secondaire avaient les cheveux longs, faisaient du skate, portaient des pantalons carreautés et écoutaient du punk early 2000! Cette époque du début du secondaire a eu un impact pas pire je pense parce que je tripe toujours sur les gars à couette! »

Véronique : « Les maudites preppies qui portaient du fucking Jacob et qui me bitchaient parce que j’étais du style peace and love. »

Rosalie : « Les filles avaient l’air de sortir du magazine Cool et d’avoir 20 ans au lieu de 16. Elles avaient toutes des souliers plateformes, des mèches blondes à la “moufette”, une démarcation de fond de teint trop foncé et un bronzage en canne impeccable. Elles écoutaient les compilations de Daniel Desnoyers, du Sean Combs, du Usher et sortaient à la Grande Gueule sans se faire carter. Leurs noms allaient d’Angélique à Christina. Elles participaient chaque année au fameux concours de lipsync annuel de la polyvalente. Elles fréquentaient des gars vieux qui venaient fumer des smokes avec elles.

Moi, j’écoutais du BSB, du Supertramp, du Smashing Pumpkins, du Nas. J’étais timide, mais j’avais une amie avec qui je parlais des heures au téléphone. Je les regardais exister de loin en souhaitant plus ou moins devenir leur amie. J’écoutais leurs conversations en arrivant à ma case le matin. Je les voyais me juger. Elles me regardaient d’en haut, avec mon kit Adidas-palazo-douchette-qui-boit-des-1.18L-de-Tornade-dans-un-parc-avant-d’aller-à-la-p’tite-danse. Elles ont déjà dit de moi que j’avais l’air lesbienne.

Les gars, eux, étaient tous des répliques des dudes dans Clueless. Tous. Et chaque année, ils faisaient un lipsync des BSB ou des NKOTB. Ça les rendait si beaux. »

Sophie : « Des filles avec de grands yeux bleus et des cheveux comme de la soie. »

Jennifer : « Je suis allée dans un pensionnat hyper classe, donc les filles populaires étaient filles de comédiens et se faisaient les cheveux chez Orbite. »

Béatrice
: « Les populaires portaient de vrais Doc Martens, avec le plus d’œillets possible. »

Misao : « J’allais dans une école privée de filles et je n’ai pas senti qu’il y avait une gang plus populaire. J’imagine que lorsqu’il n’y a pas de gars pour diviser les filles selon la plus jolie/désirable, les cliques n’ont rien à gagner. »

Videos by VICE