En mai dernier, l’Académie américaine des sciences (PNAS) publiait une étude estimant à deux mètres l’élévation du niveau des océans d’ici 2 100. Un scénario plutôt pessimiste élaboré par 22 experts des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique qui prend en compte un réchauffement de 5°C du climat.
Les scientifiques auraient pu choisir d’illustrer leur conclusion avec un extrait du Jour d’après de Roland Emmerich – film dans lequel une vague géante englouti New York – ou, pour les plus raisonnables, la série de photos d’Alex MacLean publiées dans l’ouvrage Impact : visions aériennes d’une zone assiégée avant la montée des eaux.
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MacLean est un peu le Yann Arthus-Bertrand américain – si tant est que Yann Arthus-Bertrand ne soit pas lui-même le Alex MacLean français. Photographe et pilote, il survole depuis des années les États-Unis pour documenter les transformations du paysage liées à l’activité humaine ou à un processus naturel.
À bord de son petit Cessna 172, MacLean porte un intérêt tout particulier aux sujets environnementaux (déjà abordés par exemple dans Over, visions aériennes de l’American Way of Life : une absurdité écologique sorti en 2008). « C’est la première source de danger, confiait-il à CBS. Partout où vous regardez, il y a des zones, côtières ou agricoles, qui sont impactées par le climat de manière très différente : forte température, ouragans, feux de forêts. »
Dans Impact, ce sont des photos prises le long de la côte Atlantique, du Maine à la Floride, qui témoignent des conséquences du changement climatique et de l’élévation du niveau de la mer sur le quotidien de millions de personnes. On y voit aussi les tentatives parfois vaines d’endiguer ce phénomène : construction de digues pour diminuer l’impact des vagues, de murs de sable, maisons surélevées, implantation de mangrove pour absorber une partie de l’eau, etc…
Des interventions qui peuvent se révéler encore plus destructrices que les maux contre lesquels elles sont censées lutter. MacLean montre que certains brise-lames en pierre, placés au large des côtes, provoquent un phénomène de diffraction des vagues, entraînant in fine la perte des plages ou la fragilisation des structures existantes.
Si MacLean montre l’Amérique, les moyens utilisés pour tenter de ralentir la montée des eaux ne diffèrent pas de ceux utiliser dans d’autres régions du globe où la menace est semblable. De Dar es Salaam en Tanzanie, à Jakarta en Indonésie, des digues ont aussi été construites pour protéger les villes.
Et la France ne fait pas exception. Si la menace est moins spectaculaire – les ouragans aggravent la plupart des symptômes observés aux États-Unis – le littoral est aussi touché par l’élévation du niveau de l’océan. France TV soulignait la progression du front de mer en Gironde, expliquant que, lors d’inondations, le sel déposé rendait les champs impropres à la culture et pouvait même contaminer les sources d’eau potable. Dans les Bouches-du-Rhône, le niveau moyen de la mer a lui augmenté de 16 centimètres depuis la fin du XIXe siècle.
L’élévation du niveau marin est une des conséquences du réchauffement climatique. Il est provoqué par trois facteurs : le volume de l’eau qui augmente en même temps que sa température, la fonte des glaciers qui n’est plus équilibrée par la chute de neige et la diminution de la surface de la calotte polaire.
Avant de totalement paniquer, une des solutions pourrait donc de s’attaquer à la source du problème : l’augmentation de 5°C. Sinon, il ne restera plus qu’à imiter les Pays-Bas et apprendre à vivre plusieurs mètres en-dessous du niveau de la mer.
Impact : visions aériennes d’une zone assiégée avant la montée des eaux, Alex MacLean, aux éditions Dominique Carré, La Découverte, 336 pages, 55 euros, en librairie le 10 octobres.
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