Les serviettes hygiéniques et tampons seront gratuits pour les Écossaises à faible revenu

Plus tôt ce mois-ci, l’Écosse est devenue l’un des premiers pays dans le monde à aider les femmes à faible revenu à se procurer des produits d’hygiène féminine. Le gouvernement a lancé un programme pilote de six mois dans la ville portuaire d’Aberdeen.

Selon The Independent, au moins 1000 adolescentes et femmes profiteront de ce programme dirigé par Community Food Initiatives North East (CFINE), un organisme d’entraide d’Aberdeen. Les serviettes et tampons seront offerts dans trois écoles secondaires, un établissement collégial et plusieurs bureaux d’organismes locaux.

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Un représentant de CFINE a dit au Independent qu’au cours de sa vie, une femme dépense en produits d’hygiène féminine plus de 8000 $. C’est « un montant considérable pour celles qui ont un faible revenu. Beaucoup n’en ont pas les moyens et peuvent utiliser des moyens inappropriés ou s’absenter de l’école. »

Ewan Gunn, membre d’un organisme de lutte contre la pauvreté, Trussell Trust, a dit à BBC Radio Scotland que des femmes doivent se servir de bas, de papier hygiénique et même de journaux quand leur cycle menstruel commence. « C’est réellement aussi grave que ça, a-t-il ajouté. Des écoles et des collèges fournissent des condoms pour quelque chose dont on peut s’abstenir, mais on ne peut pas s’abstenir d’avoir des règles. Nous devons trouver une solution à cet enjeu maintenant. »

Un porte-parole du gouvernement a déclaré que le projet-pilote guidera l’Écosse dans l’élaboration de son approche à l’échelle nationale.

Jennifer Weiss-Wolf, auteure du livre à venir Periods Gone Public: Taking a Stand for Menstrual Equity, a travaillé sur une politique équitable à propos des règles aux États-Unis pendant plusieurs années. Elle dit que l’incapacité de se payer des produits d’hygiène féminine est un enjeu sérieux qui n’est pas assez discuté à cause de préjugés et du sexisme. « Je suis heureuse de voir qu’un pays s’y attaque et que le gouvernement en fait une priorité nationale. L’une des raisons pour lesquelles je me concentre autant sur les changements législatifs, plutôt que d’autres sortes d’activisme, c’est que je crois vraiment que les lois qu’on adopte sont une affirmation importante de nos valeurs. L’initiative publique que met en œuvre l’Écosse nous envoie à tous un message très important. »

L’accès aux produits d’hygiène féminine n’est pas qu’une question de dignité humaine, selon elle, c’est aussi un moyen pour les adolescentes et les femmes de pouvoir contribuer activement à la société. Au Kenya, par exemple, les règles sont la première raison mentionnée pour laquelle une élève s’absente de l’école. Dans un article récent, l’ Independent a révélé que des adolescentes britanniques s’absentaient aussi de l’école parce qu’elles n’avaient pas les moyens de s’offrir des serviettes ou des tampons.

« J’espère que [cette politique pour rendre les produits d’hygiène féminine gratuits] sera imitée de toutes les façons possibles partout dans le monde, ajoute-t-elle. Au Kenya, ce ne sera pas la même chose qu’aux États-Unis, qu’en Inde ou qu’en Europe, mais l’esprit et les valeurs que représente cette initiative publique devraient intéresser tout le monde. Nous sommes tous confrontés au même degré de stigmatisation concernant les règles. »

Les produits d’hygiène féminine sont aussi nécessaires dans les toilettes publiques que le papier hygiénique, à son avis. « Vous savez pourquoi le papier de toilette est fourni dans les toilettes publiques? Ce n’est pas à cause des sensibilités de tout un chacun. C’est parce que c’est réglementé. C’est pour ça que les mesures législatives comptent. C’est en fait que l’Occupational Safety and Health Administration (OSHA) exige qu’il y ait certains produits dans les toilettes publiques… mais, pour une raison ou une autre, on n’a jamais mis les produits d’hygiène féminine dans la liste. » Pourquoi?

« Dans les toilettes publiques, tout le monde utilise le papier hygiénique payé avec des fonds publics », répond-elle. Toutefois, on ne donne pas autant d’importance quand il s’agit de rendre plus abordables les tampons et les serviettes hygiéniques. Jennifer Weiss-Wolf est en désaccord avec cette façon de voir : « Si quelqu’un me disait que ce serait un traitement de faveur accordé aux femmes, je lui demanderais de me rembourser tout le papier hygiénique que je lui ai fourni. »