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Les talibans ont interdit le mariage forcé en Afghanistan

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Les talibans ont interdit le mariage forcé en Afghanistan, décrétant, pour la toute première fois, que « les femmes et les hommes doivent être égaux », que les femmes ne doivent pas être considérées comme une « propriété » et que « personne ne peut contraindre une femme à se marier par la coercition ou la pression ». Les veuves seront également autorisées à se remarier 17 semaines après le décès de leur mari, et pourront choisir librement leur nouvel époux, plutôt que d’être forcées d’épouser un parent de leur ancien mari, a affirmé le groupe.

L’insaisissable leader suprême des talibans, le mollah Hibatullah Akhundzada, a demandé vendredi 3 décembre au gouvernement, dans un décret, de « prendre des mesures sérieuses pour faire respecter les droits des femmes » en Afghanistan. Il a en outre appelé le ministère de la Culture et de l’Information à publier des articles sur les droits des femmes « pour empêcher la régression en cours ».

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Les défenseurs des droits des femmes afghanes ont salué cette initiative comme une avancée majeure pour le pays, à condition que les engagements pris par Akhundzada soient effectivement mis en œuvre par les dirigeants.

« C’est énorme. C’est la première fois qu’ils proposent un décret comme celui-ci », a déclaré Mahbouba Seraj, directrice du Centre de développement des compétences des femmes afghanes, lors d’un panel de la conférence Reuters Next vendredi 3 décembre. « Maintenant, ce que nous devons faire en tant que femmes de ce pays, c’est veiller à ce que cette mesure prenne effet. »

Ce décret est un geste de tact de la part d’un gouvernement qui fait face à une pression mondiale croissante pour reconnaître de manière significative les droits humains et les droits des femmes. Depuis qu’ils ont pris le contrôle de l’Afghanistan à la mi-août, les talibans ont vu leurs fonds gelés à hauteur de plusieurs milliards de dollars par la communauté internationale, qui a jusqu’à présent refuse de reconnaître officiellement le groupe comme le dirigeant légitime du pays.

Beaucoup restent cependant sceptiques quant cette nouvelle mesure, d’autant plus que le nouveau gouvernement taliban ne semble pas moins fondamentaliste ou plus progressiste que le groupe qui a dirigé le pays de 1996 à 2001, période durant laquelle les femmes avaient interdiction de quitter la maison sans être accompagnées d’un homme de leur famille et de sortir sans avoir le visage et la tête entièrement couverts, et où les filles n’avaient pas accès à l’éducation.

Ironie du sort, un rapport publié par Amnesty International le 6 décembre, trois jours après l’annonce des talibans, indique que les services et les réseaux de soutien aux victimes de violences sexistes en Afghanistan ont été démantelés. « Les femmes et les filles victimes de violences sexistes ont été abandonnées par l’Afghanistan, explique Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. « Pour protéger les femmes et les filles contre de nouvelles violences, les talibans doivent autoriser et soutenir la réouverture des refuges et autres services de protection essentiels, mais aussi rétablir le ministère de la Condition féminine. »

Un psychologue qui a travaillé avec des victimes de violences sexistes à Kaboul a déclaré à Amnesty International que « les talibans n’ont aucune procédure pour traiter ces cas », tandis qu’un procureur chargé des affaires de violences sexistes a expliqué que « par le passé, les femmes pouvaient se rendre au ministère de la Condition féminine. Elles pouvaient y aller seules et signaler leur cas. Mais aujourd’hui, les femmes n’ont plus le droit d’aller nulle part sans un mahram [tuteur masculin], ce qui rend les choses vraiment compliquées. »

Selon les experts, c’est cette absence de mécanismes et de filets de sécurité qui rend discutables les revendications d’égalité des talibans. Par ailleurs, certains estiment que le nouveau décret ne va pas assez loin dans la lutte contre l’inégalité entre les hommes et les femmes en matière de droits humains fondamentaux et de qualité de vie.

« Oui, nous pouvons nous estimer heureux que les talibans ne considèrent pas les femmes comme une ‘propriété’ et disent qu’elles doivent consentir au mariage, mais ils ont omis de mentionner l’accès des femmes à l’éducation ou au travail en dehors de la maison », a écrit Kenneth Roth, directeur général de Human Rights Watch, dans un tweet.

Le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur des talibans, Abdul Baqi Haqqani, a semblé confirmer la position conservatrice du groupe à l’égard de l’éducation des femmes en septembre, lorsqu’il a annoncé qu’il serait interdit aux femmes afghanes d’étudier à l’université avec les hommes et qu’elles seraient également tenues de porter le « hijab islamique » pendant les cours. Certains craignent que les écoles de filles ne restent fermées indéfiniment après la prise de pouvoir par les talibans.

Des vidéos postées sur Twitter la semaine dernière ont montré une campagne populaire en faveur de la réouverture des écoles de filles en Afghanistan, alors que des dizaines d’hommes, jeunes et vieux, parcouraient les rues d’une ville non spécifiée sur des motos, en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Nous aimons l’éducation ».

Mahbouba Seraj, de son côté, aimerait que les talibans aillent plus loin sur le sujet des droits et libertés des femmes, notamment en ce qui concerne leur accès aux écoles et aux lieux de travail.

« Ce que j’attends vraiment de la part du groupe, c’est un décret concernant l’éducation et le droit au travail pour les femmes d’Afghanistan, a-t-elle déclaré. Ce serait absolument phénoménal. »

Rahela Jafari, qui a pris la tête des manifestations contre les talibans au début de l’année et qui a maintenant fui le pays, nous a déclaré le mois dernier que « les talibans voient les femmes comme des oiseaux auxquels il faut couper les ailes ».

Lorsqu’on lui a demandé si elle avait la moindre raison d’être optimiste quant à l’avenir des femmes en Afghanistan, Jafari a répondu : « Nous sommes confrontés à un gouvernement qui ne reconnaît pas les femmes comme faisant partie de la société. Nous ne sommes pas optimistes, mais nous allons poursuivre notre campagne. »

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