Voilà, ça devait arriver : à force de saloper la planète entière sur l’autel de l’ère industrielle et du progrès technique, l’être humain a fini par faire quelque chose de bien : rendre la Terre plus résistante face aux agressions de l’univers. Dingue, non ? Bon, okay, homo sapiens n’a pas vraiment fait exprès, et ça fait à peu près un siècle que ça dure, mais le résultat est là : nous avons contribué à créer une sorte de champ de force autour de la Terre, et nous en sommes les seuls responsables. Voilà, en substance, les résultats de l’annonce effectuée par la NASA le 17 mai dernier – et relayée par The Atlantic le lendemain.
Depuis 2012, l’agence spatiale américaine utilise deux sondes robotisées pour étudier la ceinture de radiations de Van Allen, deux cercles oblongs constitués de particules chargées, qui entourent la Terre et son maintenus en place par son champ magnétique. L’intérieur de la ceinture est constitué essentiellement de protons, et l’extérieur (à 20 000 kilomètres de la surface terrestre) d’électrons uniquement. Selon l’étude publiée dans la revue Space Science Reviews, les deux sondes envoyées par la Nasa, qui étudiaient tranquillement la structure des ceintures de Van Allen, ont observé l’existence d’une nouvelle “zone” à haute énergie, dont le bord extérieur épouse parfaitement celui de la ceinture de protons déjà connue.
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Rapidement, les chercheurs ont fait le lien entre l’activité humaine et ce phénomène inédit : parmi tous les moyens de communication moderne dont nous disposons, il existe un type de radiocommunication appelé VLF, pour « fréquence très basse » ( « very low frequency »). Ces ondes, dont la bande de fréquence s’étend de 3 kHz à 30 kHz et la longueur d’onde de 100 à 10 kilomètres, sont particulièrement utilisées par la marine dans le cadre de la communication entre une base au sol et des sous-marins, car leurs caractéristiques leur permettent de pénétrer profondément sous l’eau sans se dissiper. Si certaines des ondes émises par les bases radio au sol atteignent effectivement leur cible sous-marine, d’autres, en revanche, s’échappent vers l’atmosphère… et plus loin encore. Lorsqu’elles traversent la zone de la ceinture de Van Allen, leur interaction avec les particules à très haute énergie produit un effet observable par les sondes de la NASA.
Selon les auteurs du papier, cette barrière n’est pas qu’une occasion de nous gausser de la capacité de notre espèce à peser à des échelles infiniment plus grandes qu’elle, elle est aussi réellement utile pour la Terre. Le fait que la limite de la barrière VLF soit parfaitement alignée avec celle de Van Allen signifie que nos transmissions radio sont capables de repousser les particules de rayonnement, et les chercheurs pensent que depuis les années 60, l’activité humaine a donc éloigné de manière significative la limite intérieure de la barrière Van Allen de l’atmosphère terrestre. Résultat : une protection accrue contre les menaces climatiques de l’Univers, à commencer par les tempêtes solaires électromagnétiques, qui se font une joie de dérégler nos systèmes de navigation, ou des terrifiantes éjections de masse coronale, dont le plasma balancé à pleine vitesse sur notre atmosphère peut potentiellement cramer tous nos systèmes électriques en un instant. Pour une fois, le progrès technologique aura donc bien servi à protéger la planète et l’espèce humaine. Tâchons de nous en rappeler en 2050, lorsque nous chercherons désespérément des sources d’eau potable dans les ruines radioactives et calcinées des centres-villes du XXIe siècle en essayant de survivre aux gangs de pilleurs cannibales qui posséderont les derniers véhicules motorisés.