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L’histoire sanglante du dessert préféré des Qataris

Dessert nel Qatar

Plongez votre cuillère dans un Om Ali – un dessert crémeux, semblable à du pudding, servi dans du lait chaud et parsemé de raisins secs et de pistaches – dans n’importe quel restaurant ou café de Doha, au Qatar, et vous ne pourrez plus vous en passer. C’est l’un des meilleurs desserts qui soient, et la recette ne pourrait être plus simple, plus parfaite. Il suffit de mélanger la pâte feuilletée, le lait, le sucre, la crème, une poignée de noix et de raisins secs et/ou d’autres fruits secs et de faire dorer le tout au four.

Le Qatar, l’un des plus petits pays du Golfe, partage sa tradition des desserts avec les autres pays arabes de la région. Et même si le Qatar est pleinement engagé dans le design futuriste et l’architecture basée sur l’énergie verte, vous pouvez trouver ce dessert de la Basse-Égypte dans n’importe lequel de ses cafés et hôtels chics. Et selon Abdullah Mohammed, guide de la compagnie de tourisme de luxe Q-explorer, « vous pouvez même en manger au petit-déjeuner ».

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Mais, comme beaucoup de plats célèbres, l’origine de la recette est controversée et trois histoires se font concurrence. Toutes font référence au nom de Om Ali, qui signifie la « mère d’Ali ».

La première histoire suit l’humble voyage d’une vieille dame (qui, comme par hasard, a un fils nommé Ali) dans un village pauvre du delta du Nil au XIIIe siècle. Elle rencontre alors un sultan qui, de passage dans le village lors d’une chasse, lui demande à manger. Désespérée de préparer quelque chose digne d’un sultan, la vieille dame mélange tout ce qu’elle a sous la main. Le sultan trouve le dessert si délicieux qu’à son retour en ville, il le rend célèbre et le nomme d’après la mère d’Ali.

La deuxième histoire est plus dans le style de Cersei Lannister, avec des rebondissements dignes d’un épisode de Game of Thrones qui impliquent des situations de vie ou de mort.

Shajarat Al-Durr (décrite comme « la femme la plus intelligente de son temps » par un chroniqueur syrien) était une esclave avant d’épouser un sultan à qui elle donne un fils. À la mort de ce dernier, elle règne à sa place, mais en raison d’une situation politique très compliquée, elle se trouve dans l’obligation de se remarier et perd son statut, car les pouvoirs en places ne veulent pas d’une femme dirigeante. Seulement elle a déjà acquis le goût des affaires d’État et exerce en réalité le pouvoir à la place de son mari. Elle commence par exiger que ce dernier divorce de sa première épouse, ce qu’il fait. Quand il lui annonce son intention d’en prendre une nouvelle, elle le tue. La première épouse, dont le fils s’appelait Ali, riposte et soudoie des domestiques pour qu’ils frappent Shajarat Al-Durr à mort avec leurs savates dans un hammam. (On ne sait pas si les savates faisaient partie des instructions ou s’il s’agissait d’une méthode spontanée de meurtre.)

Une autre version raconte qu’Ali a jeté Shajarat Al-Durr du haut de la citadelle pour venger sa mère. Quoi qu’il en soit, à l’annonce de cette nouvelle jubilatoire, la première épouse aurait demandé à ses cuisiniers de créer un plat pour célébrer la mort de sa rivale et l’aurait même servi avec une pièce d’or au fond du bol.

Enfin, loin des intrigues politiques et du meurtre, il y a la troisième histoire, celle d’une femme irlandaise. Car oui, un plat couramment servi au Moyen-Orient pourrait être d’origine irlandaise. L’infirmière O’Malley aurait séduit le souverain Ismaïl Pacha, qui fut le khédive (une sorte de vice-roi) d’Égypte et du Soudan de 1863 à 1879, qui aurait fait créer un dessert spécialement pour elle appelé O’Malley, mais dont le nom, selon certains, pourrait avoir déformé en Om Ali par les arabophones.

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Photo de l’auteur.

Aujourd’hui, il est possible de remplacer la pâte feuilletée par du pain plat égyptien appelé roaa et d’utiliser de la crème fouettée plutôt que du lait de gamoussa (buffle), mais la recette est restée fondamentalement la même depuis l’antiquité : un mélange crémeux et moelleux qui provoque un court-circuit dans les centres de plaisir du cerveau (mais pas assez, espérons-le, pour inspirer le meurtre). Remercions donc, dans l’ensemble, les riches et puissants pour avoir commandé des desserts savoureux qui ont survécu jusqu’à ce jour.

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