La semaine dernière, j’évoquais les nombreux désagréments que mon existence libertine m’avait fait endurer. J’ai vite remarqué que cette entrée avait plu aux pudibonds, bien heureux de constater que leur choix de vie chiant était le bon. Ce qui est aussi vrai que faux.
Car le libertinage, comme beaucoup de choses dans la vie, a un revers à sa médaille la plus terne. Et après avoir vécu dix années – sur les dix-sept passées avec ma meuf – sous le régime du pinage libre, je peux tout aussi bien me rappeler des moments merveilleux que ce choix existentiel m’a permis de vivre. Comme la dernière fois, j’ai profité de ce qu’il me reste de cerveau – j’ai bientôt 40 ans, pour votre gouverne – afin de revenir sur ma longue vie de débauche et compiler ci-dessous les moments les plus intéressants. Et ce, n’en déplaise aux aigris pleins de leurs belles certitudes de type : « ce que ta vie doit être triste ! » Car je vous assure qu’elle ne l’est pas. Connards.
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FAIRE JASER LES CONNARDS
En embrassant le libertinage, je m’attendais à vivre de beaux moments ponctuels. Le premier et le plus marquant fut, à ma grande surprise, de provoquer involontairement les trous du cul de toutes sortes. J’ai vite remarqué que les connaissances les plus « à gauche » étaient d’ailleurs les premiers à grogner lorsqu’ils me voyaient rouler des pelles à deux meufs en même temps.
Récemment, une conne a pris la tête à ma femme parce que celle-ci était allée baiser un mec dans la salle de bains pendant une fête. Visiblement révoltée, la meuf en question avait noyé la mienne sous un torrent de mépris alors même que ça ne la touchait d’aucune façon. Deux mois plus tard, à une autre fête – chez moi cette fois. J’étais en train de comater peinard sur mon lit avec une copine en tout bien tout honneur lorsque cette même meuf débarque – il était 7 heures du matin – en nous refaisant son discours sur l’infamie de notre vie sans qu’on comprenne pourquoi. Puis elle s’est barrée, en houspillant. Plus tard, on m’a expliqué qu’elle était sujette à la vexation quand elle n’était pas au centre de l’attention sexuelle. Ce genre de connes, quoi. Les petites victoires sur ces petites gens qui ne se révèlent qu’à ce genre d’occasions, ça n’a pas de prix.
DES VACANCES A PRIORI SORDIDES PEUVENT DEVENIR INTÉRESSANTES
Au cas où vous iriez passer des vacances du côté de Montpellier et que vous arriviez dans une baraque dont le frigo est pété, la piscine verte et la fosse septique bouchée (ce qui m’est arrivé il y a quelques années de ça), sachez que vous serez bien heureux d’avoir opté pour le libertinage. Le tenancier des lieux, sympa outre mesure, préférait lire Soljenitsyne plutôt que de s’occuper des problèmes de sa baraque. Chez lui, où nous créchions, tout partait en couilles. Heureusement, à la suite d’une partouze improvisée, je me suis retrouvé, tard dans la nuit, à faire des câlins à une inconnue en matant La Maman et la putain en VHS pour la première fois. En même temps. Ce truc a sauvé à la fois ma vie et mes vacances.
DÉCOUVRIR LA MDMA DANS DES CONDITIONS OPTIMALES
J’ai été initié à la MDMA à poil sur mon tapis, ligoté et bâillonné parce que je ne pouvais pas m’arrêter de dire à quel point j’étais en train de vivre le plus beau moment de ma vie. Dans le même temps, ma meuf se faisait caresser par une autre et l’un de mes meilleurs amis m’expliquait ce que mon corps était en train de traverser. La MDMA est une défonce dont la loi m’interdit de vous dire à quel point elle est magnifique. Cependant, ingérée à poil avec des gens dont vous êtes proches plus votre meuf est l’une des plus belles expériences que la nature synthétique puisse offrir à l’homme.
MATER SA MEUF SE FAIRE BAISER
La première fois que j’ai vu ma meuf se faire baiser par un autre, mon cerveau a explosé. Si vous avez une propension à être excité quand vous entendez vos voisins copuler, je ne saurais trop vous conseiller de tenter l’expérience. Selon certains, il s’agirait d’une perversion de vieux ou d’une manie de couple qui s’ennuie. C’est en partie vrai. D’autres vous diront que libertinage et candaulisme sont des pratiques différentes. OK, quoi qu’on en dise, on ne me retirera pas de la tête que l’un va rarement sans l’autre – à moins d’être chiant. Donc oubliez ces gens. De mon point de vue, jamais je n’aurais connu cette certitude d’absolu sans avoir pris cette décision, et aujourd’hui, je dirais que c’est de très loin le truc le plus excitant qu’il m’ait été offert de voir et vivre en matière de sexualité.
Niquer une meuf un soir puis revenir pour retrouver sa meuf le lendemain avec un autre, le laisser filer et se retrouver à deux le matin, puis à trois à avec notre fils pour faire ses devoirs avec lui, ça m’évoque une certaine beauté.
TOUCHER AU COSMOS
Pour comprendre l’anecdote que je m’apprête à vous raconter, je suis obligé de remonter dans le temps. J’ai 14 ans. Je suis fou amoureux d’une meuf de deux ans mon aînée. Je m’inscris au club de théâtre pour pouvoir me retrouver à ses côtés une fois par semaine. Elle me sourit, même, elle me parle. Cette meuf est un tel miracle que je me mets à écrire sur elle dans mon journal intime en précisant que « même le jogging lui va bien ». J’invente rien. Quelques mois plus tard, je comprends que cette meuf n’en a rien à foutre de moi ; elle joue le même jeu avec tous les mecs, sauf qu’elle en embrasse certains. Mais pas moi. Mon cœur est piétiné et découpé en mille morceaux. J’entre dans une phase de misogynie extrême qui encore aujourd’hui, a laissé des traces. Cut.
Dix ans plus tard. Je suis déjà avec ma meuf actuelle. Je ne pense plus à cette autre meuf qui m’a rendu méfiant auprès des autres meufs, lorsque je découvre avec stupeur qu’elle s’avère être la meilleure copine de ma meuf. Cut.
Quelques années plus tard, une matinée après une fête chez moi, ma meuf se fout à poil comme ça arrive parfois en lançant à l’assemblée – composée de cinq personnes relativement proches – un « qui m’aime me suive » sans équivoque. La meuf d’antan fait partie de ces cinq personnes. Elle est la première à se lever et à se désaper. Vingt ans plus tard, je me retrouve à lécher ses seins en lui mettant un doigt dans la chatte alors que la meuf que j’aime aujourd’hui reçoit les mêmes faveurs de la part d’un autre. La description est un peu crue, mais je pourrais utiliser 250 pages pour raconter la dimension cosmique de cette expérience de manière autrement plus inspirée. Là, je vous dirais juste que j’ai pensé à Philip K. Dick et que ça éclatait toute notion de métaphysique poussée à l’extrême.
RÉALISER QUE JE PRÉFÉRERAI TOUJOURS MA MEUF
Loin de moi l’envie d’être prosélyte à propos de ce choix. J’ai vu des couples se défaire et en chier alors qu’ils s’inspiraient de la semi-réussite de mon couple. Je me pose souvent la question, mais après cette pseudo-dépression provoquée par le fait d’être un jour tombé amoureux d’une autre et y avoir survécu, je crois pouvoir affirmer que j’aime ma meuf.
Je remarque en tout cas qu’elle m’excite toujours autant et que notre vie à deux a plus l’air de bénéficier de cette décision que d’en souffrir. Ce n’est peut-être pas la plus belle anecdote à ressortir de toute cette affaire, mais c’est de loin le truc le plus gratifiant. Niquer une meuf un soir puis revenir pour retrouver sa meuf le lendemain avec un autre, le laisser filer et se retrouver à deux le matin, puis à trois à avec notre fils pour faire ses devoirs avec lui, ça m’évoque un film de Claude Sautet qui finirait bien. Ça m’évoque la douceur et une certaine beauté que ne saurait ternir aucun des connards suscités. Et encore moins les désagréments parfois rencontrés lors de ces aventures où seuls le ciel étoilé au-dessus de moi et la morale en moi auraient leur mot à dire.