Les boissons sucrées sont l’une des principales causes de la vague d’obésité qui touche actuellement l’Afrique, selon un nouveau rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
La Commission sur les Moyens de Mettre Fin à l’Obésité de l’Enfant estime à 10,3 millions le nombre d’enfants en surpoids en Afrique — contre 5,4 millions en 1990.
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Si les boissons sucrées sont au banc des accusés, le rapport note également que la rapide transformation économique et sociale de l’Afrique a contribué à accélérer cette tendance.
Alors que les populations auparavant rurales du continent se concentrent aujourd’hui autour des pôles urbains, les enfants font moins d’exercice, préfèrent les transports publics à la marche, jouent à l’intérieur plutôt que dehors, et ont de plus en plus accès aux aliments non-sains.
« Il y a eu de gros changements, les gens déménagent de la compagne vers la ville, » explique le docteur Juana Willumsen de l’OMS, à RFI. « Cela entraîne un changement au niveau du régime alimentaire traditionnel. Les gens sont également devenus plus sédentaires. Ils commencent à utiliser les transports publics et la voiture plutôt que de marcher. »
Dans de nombreux pays, les populations manquent également d’accès aux aliments à forte teneur en nutriments et n’ont pas accès aux informations nécessaires pour manger sainement. Selon le rapport, ces deux phénomènes entraînent souvent la malnutrition et, paradoxalement, l’obésité.
« Les enfants sont exposés à des aliments ultra-transformés, à forte teneur énergétique et à faible teneur en nutriments, qui sont bon marché et facilement disponibles, » notent les auteurs du rapport.
La publicité de la junk food ciblant les enfants est aussi de plus en plus présente, note le rapport.
« Malgré les efforts consentis par l’industrie, l’exposition à la publicité d’aliments non-sains reste un problème majeur,. il faut que cela change afin de protéger tous les enfants de la même manière, » peut-on lire dans le rapport.
L’obésité de masse a à la fois des conséquences sur l’économie d’un pays, que sur ses ressortissants, d’après Dr. Sania Nishtar, qui était codirectrice de la commission à l’origine du rapport. Nishtar explique dans un communiqué que les conséquences physiques, psychologiques et sanitaires de l’obésité infantile cachent un autre effet pernicieux. L’obésité a un effet négatif sur le niveau scolaire des enfants, ce qui peut résulter en un manque à gagner financier pour eux, leur famille, et la société à laquelle ils appartiennent, à mesure qu’ils grandissent.
L’OMS estime que près d’un quart des 41 millions d’enfants obèses de moins de 5 ans vit en Afrique, alors qu’une moitié d’entre eux vivent en Asie. Le nombre d’enfants obèses devrait atteindre les 70 millions dans les dix prochaines années, même si le rapport présente quelques recommandations pour endiguer la progression du phénomène — notamment une taxe sur les boissons sucrées, l’interdiction de la publicité ciblant les enfants, la promotion de l’allaitement, et la facilitation de l’accès aux aliments équilibrés.
Karen Hofman, chercheuse à la Wits University en Afrique du Sud, explique au Times sud-africain que la taxe sur les boissons sucrées est « exactement ce qu’il faut faire » pour enrayer l’addiction des Sud-Africains aux sodas. Au fil de ses recherches, Hofman s’est aperçue que 50 des écoles de Soweto avaient des publicités pour les sodas dans leurs locaux — bien qu’elles se soient engagées à ne pas présenter de publicités pour de la junk food aux élèves.
L’industrie des boissons sucrées du pays a en revanche condamné l’idée — estimant que la mesure était « discriminante ».
Une taxe sur les sodas avait été proposée aux Etats-Unis par le maire de New York de l’époque, Mike Bloomberg. L’idée avait été largement critiquée et repoussée par l’industrie qui avait exercé de fortes pressions pour empêcher sa mise en place. L’OMS estime que la mise en place d’une taxe permettrait de prévenir l’obésité dans les familles modestes.
« Ces politiques fiscales pourraient encourager ce groupe de consommateurs à faire des choix plus sains (en rendant disponible des alternatives) et pourraient délivrer un message indirect de santé publique à la population entière, » note le rapport.
Le rapport encourage les ONG, les organisations à but non-lucratif, et les universités à continuer d’étudier et de communiquer sur les problèmes liés à l’obésité, mais se conclut en notant que les gouvernements portent la « responsabilité première » pour mettre fin à cette crise. Ils doivent faire usage de leur autorité régulatrice pour y remédier rapidement.
« Il faut plus de volonté politique pour affronter ce défi mondial que sont l’obésité et le surpoids infantiles, » a déclaré dans un communiqué Sir Peter Gluckman, le médecin néo-zélandais qui dirige la commission.
Gluckman indique que l’OMS devrait travailler avec les gouvernements pour implémenter des mesures afin de changer « les causes environnementales de l’obésité et d’aider les enfants à avoir un départ sain dans la vie. »
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